La crise politique s'est exacerbée dimanche au Yémen, où une réunion
cruciale du Parlement a été reportée, mais elle n'empêchera pas les
Etats-Unis de continuer à y traquer Al-Qaïda selon le président Barack
Obama.
"Notre priorité est de maintenir la pression contre Al-Qaïda au Yémen et
c'est ce que nous faisons", a déclaré M. Obama en Inde où il est en
visite. Il a toutefois reconnu que la tâche était "ardue", notamment
après les démissions jeudi du président et du gouvernement de ce pays
allié des Etats-Unis.
"J'ai lu des articles suggérant que nos activités antiterroristes
avaient été suspendues: ce n'est pas exact", a ajouté M. Obama. "Nous
continuerons de viser des cibles importantes à l'intérieur du Yémen et
nous maintiendrons la pression nécessaire pour assurer la sécurité des
Américains".
Depuis 2009, les Etats-Unis ont mené plus de 110 frappes aériennes au
Yémen, essentiellement par des drones, selon un décompte publié par la
fondation New America. Ils ont notamment tué en 2011 l'imam
américano-yéménite Anwar Al-Aulaqi, responsable d'Aqpa, mouvement né de
la fusion des branches saoudienne et yéménite d'Al-Qaïda.
Aqpa, considérée comme l'une des branches les plus dangereuses
d'Al-Qaïda, a revendiqué l'attentat perpétré le 7 janvier contre le
journal satirique Charlie Hebdo à Paris.
M. Obama a appelé toutes les parties en présence à respecter le
processus constitutionnel et "avoir recours à des moyens politiques,
plutôt que militaires" pour résoudre leurs différends.
Mais, trois jours après la démission du président Abd Rabbo Mansour Hadi
et du gouvernement, la situation paraissait bloquée. Le Parlement, qui
devait se réunir en urgence pour discuter de la démission du président, a
reporté sa session à une date non précisée.
Les dirigeants éxecutifs du pays ont démissionné sous la pression de la
puissante milice chiite des Houthis qui contrôle la capitale Sanaa.
Dimanche à Sanaa, les Houthis ont dispersé, en tirant en l'air, un début
de manifestation hostile. Ils ont tiré à balles réelles et s'en sont
pris à des journalistes, les empêchant de filmer la fuite de dizaines de
manifestants.
Ils détenaient toujours en fin de journée deux journalistes locaux après
avoir brièvement retenu un photographe de Reuters et battu une
journaliste indépendante yéménite, selon le syndicat national des
journalistes.
Des dizaines de leurs confrères et des militants ont lancé un sit-in
devant le commissariat de Judaira où les Houthis détiennent manifestants
et reporters, ont rapporté des militants.
Cette escalade intervient au lendemain d'une grande manifestation contre
la présence des Houthis dans la capitale, où ils sont entrés le 21
septembre.
M. Hadi, au pouvoir depuis 2012, a jeté l'éponge jeudi après avoir
constaté que le Yémen était "dans une impasse totale" suite à la prise
du palais présidentiel par les Houthis qui ont renforcé leur emprise sur
Sanaa.
Ils encerclent plusieurs bâtiments officiels et logements de
responsables, et bloquent un convoi de tribus sunnites armées arrivé
samedi à Sanaa avec l'intention d'évacuer des ministres et hauts
responsables assiégés.
Le président du Parlement, Yahia Al-Raï, qui représente désormais la
seule autorité légitime du pays, a regagné dimanche Sanaa après avoir
présenté samedi à Ryad les condoléances de son pays après la mort du roi
Abdallah d'Arabie saoudite.
Les habitants redoutent une paralysie de l'administration, et personne
ne sait si les salaires des employés de l'Etat seront versés à la fin du
mois ou si les services publics continueront de fonctionner.
Oxfam a averti que 16 millions de Yéménites, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d'aide.
"Une crise humanitaire aux proportions extrêmes menace le pays si
l'instabilité continue", a souligné l'organisation humanitaire.
Dans le sud du pays, généralement favorable à M. Hadi, la fronde contre
Sanaa ne se passe pas sans frictions entre les forces de l'ordre et des
éléments séparatistes.
Un accrochage a opposé les deux parties dimanche matin lorsque des
séparatistes ont installé un point de contrôle à Crater. Un soldat a été
tué et trois autres ont été blessés, selon une source de sécurité.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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