lundi 19 janvier 2015

Bahreïn: le chef de l'opposition chiite sera jugé pour "complot" contre le régime

Le chef de l'opposition chiite bahreïni, cheikh Ali Salmane, sera jugé pour tentative de "changement du régime par la force, les menaces et des moyens illégaux", a annoncé lundi le procureur général du royaume Nayef Youssef Mahmoud.
En détention depuis le 28 décembre, cheikh Ali Salmane, sera maintenu en prison jusqu'à l'ouverture de son procès le 28 janvier, a ajouté le procureur dans un communiqué.
Parmi les autres accusations retenues contre cheikh Salmane figurent "l'incitation de ne pas obéir et l'incitation à la haine contre une partie de la population, ce qui est de nature à troubler l'ordre public", selon le communiqué.
Le procureur général a affirmé que ces charges avaient été retenues contre le chef de l'opposition chiite après une enquête approfondie de ses services.
Il a assuré que cheikh Ali Salmane avait bénéficié, pendant cette procédure, de toutes les garanties légales, comme l'assistance d'une équipe d'avocats et des visites de ses proches.
Al-Wefaq, le principal mouvement de l'opposition dirigé par cheikh Ali Salmane a réagi en soulignant dans un communiqué que son chef avait nié toutes les accusations portées contre lui pendant l'enquête du procureur général.
"Cheikh Ali Salmane a rejeté en bloc ces accusations et il n'y a plus aucune raison légale ou morale pour continuer à le détenir et le juger", a souligné Al-Wefaq.
L'arrestation de cheikh Salmane a provoqué de violentes protestations de la communauté chiite de Bahreïn, majoritaire dans ce petit royaume du Golfe dirigé de longue date par une dynastie sunnite.
Al-Wefaq, le plus important mouvement de l'opposition chiite que dirige cheikh Salmane, milite depuis 2011 pour une véritable monarchie constitutionnelle dans ce pays où les postes clés sont détenus par les membres de la dynastie des Al-Khalifa.
De nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé à la libération de cheikh Salmane.
Dimanche, Human Rights Watch a appelé, dans un communiqué, à son élargissement, indiquant avoir étudié trois de ses discours et n'y avoir trouvé rien qui puisse justifier des poursuites judiciaires.
Amnesty International avait demandé le 7 janvier aux autorités de "libérer immédiatement et sans condition" Ali Salmane, âgé de 49 ans.
L'ONG a affirmé qu'elle le considérerait comme un "prisonnier de conscience" s'il était condamné par la justice
Amnesty a indiqué avoir écrit au bureau du procureur général pour demander des clarifications sur les poursuites engagées contre Ali Salmane et "n'avoir pas reçu de réponse".
L'Iran, accusé à Manama de soutenir les chiites bahreïnis, a exigé sa libération, et les Etats-Unis, proche allié des autorités de Manama, ont exprimé leur "profonde préoccupation".
Proche allié des Etats-Unis et siège de la Ve flotte américaine, Bahreïn, un petit royaume de 1,3 million d'habitants, est secoué depuis février 2011 par un mouvement de contestation animé par les chiites qui réclament une vraie monarchie constitutionnelle.
La dynastie sunnite des Al-Khalifa a jusqu'ici réprimé d'une poigne de fer toutes les manifestations violentes.

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