dimanche 25 janvier 2015

Irak : Dans le nord du pays, les déplacés peinent dans la rigueur de l'hiver

Il y a six mois, des milliers de Yazidis souffraient de la faim et de la soif en fuyant sous une chaleur écrasante les jihadistes dans le nord de l'Irak. Désormais, ils doivent faire face à la rigueur de l'hiver.
"La neige tombée il y a quelques jours a un peu fondu, mais il gèle toujours la nuit", confie Sherzad Hussein, déblayant énergiquement des blocs de glace du toit de son abri en préfabriqué.
Après s'être abrités tant bien que mal sur les pentes arides du mont Sinjar quand les jihadistes de l'Etat islamique (EI) ont lancé une nouvelle offensive dans le nord du pays en août, bien des survivants ont comme lui repris la route pour se mettre en sécurité au Kurdistan irakien.
Avoir un vrai toit fait du jeune homme un privilégié parmi les hordes de déplacés.
Le camp de Daoudia, où il vit près de Dohouk dans la région autonome du Kurdistan, est l'un des rares à compter des bâtiments en dur.
La plupart des 500.000 déplacés dans la province de Dohouk vivent dans des tentes, ou bien dans des hôtels, appartements, écoles ou bâtiments en construction, en fonction de leurs moyens.
Depuis le siège en août du mont Sinjar, où des milliers de Yazidis ont enduré une chaleur étouffante pendant des semaines, la température a chuté de 50 degrés.
Mais sur ses pentes désormais enneigées, quelques centaines de familles sont toujours là, dans des camps rudimentaires. Femmes et enfants sont en majorité, les hommes combattent avec les forces de sécurité kurdes contre l'EI, à quelques kilomètres de là.
"La vie est difficile ici. Quand l'hiver a commencé, nous n'avions rien comme vêtements et pas grand chose en nourriture", explique Hassan Hisn Semmo, en s'abritant de la pluie sous une tente dans laquelle des jeunes hommes préparent du thé à l'occasion de funérailles.
"Nous avons besoin de kérosène parce qu'il fait tellement froid. Et nos femmes doivent marcher longtemps pour trouver de l'eau", ajoute le vieil homme, emmitouflé dans un manteau fabriqué à partir de morceaux de couvertures largués par avion sur le Mont Sinjar.
Les yazidis, considérés comme hérétique par l'EI, ont été particulièrement visés par les exactions du groupe extrémiste qui a conquis depuis juin des pans entiers du territoire irakien, notamment les alentours du mont Sinjar, fief de la petite communauté dont elle abrite des temples sacrés.
Alors si la montagne où les Yazidis se sont réfugiés cet été est devenue inhospitalière, elle revêt une importance symbolique.
"J'avais une jolie maison, mais je risquerais pas ma vie pour elle. Pour cette montagne, je suis prêt à mourir", dit M. Semmo.
Effort humanitaire majeur -
Les conditions sont un peu meilleures dans des camps comme celui de Daoudia, mais la lutte pour la survie est loin d'être terminée pour les Yazidis.
"Il y a des coupures de courant, le kérosène pour les chauffages manque et nous n'avons pas toujours assez de vêtements sur le dos", raconte Nayef Khalaf Hussein, 42 ans.
Il montre les morsures du froid sur la peau de son neveu de trois ans, un des neufs enfants dont il doit s'occuper depuis la mort de leur père, victime d'une crise cardiaque durant les violences en août et de leur mère, décédée en janvier d'une leucémie.
Les organisations humanitaires et les autorités locales préparent depuis des mois la venue de l'hiver: des tentes spéciales ont été construites sur des blocs en béton pour une meilleure isolation, et de grandes quantités de chauffages, de bâches en plastique et couvertures distribués.
"A partir d'octobre, les températures ont commencé à baisser et les gens s'inquiétaient sérieusement", explique Eric Besse, qui coordonne les activités d'Action contre la Faim dans la région.
"Le monde humanitaire et le gouvernement (kurde) ont répondu dans les grandes lignes à ces attentes", estime-t-il. "J'ai entendu parler de quelques cas d'enfants décédés (...) mais le froid n'a pas tué un grand nombre de personnes".

(23-01-2015)

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