Les combats se sont calmés mercredi dans la capitale yéménite Sanaa où
le "coup de force" des miliciens chiites a considérablement affaibli le
président, qui a toutefois reçu le soutien du sud du pays et des
monarchies du Golfe.
L'aggravation de la crise dans ce pays, allié des Etats-Unis dans la
lutte contre Al-Qaïda, inquiète de plus en plus la communauté
internationale.
Après le Conseil de sécurité de l'ONU mardi, les pays arabes du Golfe,
voisins du Yémen, ont accusé mercredi la milice chiite d'Ansaruallah
d'avoir mené un "coup de force contre le pouvoir légitime" en prenant
d'assaut le palais présidentiel mardi.
Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont apporté un soutien
sans faille au président, Abd Rabbo Mansour Hadi, en poste depuis trois
ans.
Le pouvoir de ce dernier a été encore plus fragilisé par la prise
d'assaut de son palais par des miliciens chiites à l'issue de deux jours
de combats dans la capitale, qui ont fait au moins 35 morts et 94
blessés, selon un nouveau bilan. La situation s'est calmée mercredi à
Sanaa où aucun affrontement n'a été signalé.
Cette nouvelle démonstration de force a permis aux miliciens, également
appelés Houthis, de renforcer leur emprise sur la capitale, où ils
étaient entrés le 21 septembre.
Malgré ce nouveau revers, M. Hadi s'est déclaré prêt mercredi à réunir
les forces politiques, y compris Ansaruallah, pour chercher une issue
pacifique à la crise. Cette réunion devrait intervenir après l'arrivée à
Sanaa de l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Jamal Benomar, selon une
source présidentielle.
"Les Houthis veulent diriger, mais pas gouverner. Ils sont prêts pour
cela à laisser Hadi comme président mais ils exigent qu'il soit, tout
comme le gouvernement, totalement à l'écoute de leurs demandes", a
estimé Ibrahim Sharquieh, expert au Brookings Institute à Doha. "C'est
sur cette base qu'ils vont ou non continuer avec Hadi".
La pression est également forte sur le Premier ministre, Khaled Bahah,
autorisé mercredi à quitter la résidence du centre de Sanaa où il était
bloqué depuis deux jours par des miliciens chiites. Il a pu se rendre
vers une "destination sécurisée" après avoir négocié sa sortie, selon un
porte-parole du gouvernement.
Affaiblis à Sanaa, les dirigeants ont reçu le soutien des autorités du
sud du pays, dont M. Hadi est originaire et qui est majoritairement
sunnite.
A Aden, la grande ville du sud, l'aéroport et le port ont été fermés sur
décision du Comité de la province pour protester contre les "atteintes
au symbole de la souveraineté nationale" qu'est le président Hadi.
Cette réaction met de nouveau en lumière les profondes divisions entre
le nord, fief des chiites, et le sud du pays, qui se sont fréquemment
opposés par les armes dans le passé.
Le jeune chef du mouvement chiite, Abdel Malek al-Houthi, est sorti du
silence pour fustiger, dans un discours télévisé mardi soir, les
autorités, dénoncées pour leur "corruption".
Houthi leur a également reproché de ne pas avoir associé suffisamment
son mouvement à la rédaction du projet de Constitution, qui prévoit un
Etat fédéral composé de six régions.
Les chiites estiment que ce projet démantèlerait le Yémen et priverait
le nord d'un accès à la mer, une des priorités d'Ansaruallah.
Houthi a par ailleurs assuré que la milice était prêt à faire face à "toute mesure" du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les Houthis ont pris d'importantes quantités d'armes et d'autres
équipements militaires entreposés dans l'immense complexe du palais
présidentiel.
Des responsables militaires favorables au chef de l'Etat ont accusé des
fidèles de l'ex-président Ali Abdallah Saleh de soutenir activement les
miliciens Houthis.
Chassé du pouvoir à la suite d'un soulèvement populaire en 2011, M.
Saleh garde une forte influence et des réseaux qu'il a soigneusement
tissés dans l'armée et parmi des tribus durant ses 33 ans de présidence.
Son parti a indiqué mercredi que M. Saleh était favorable à des
élections présidentielle et législatives anticipées.
Les Etats-Unis ont appelé mercredi à une résolution pacifique du conflit
au Yémen, qu'ils considèrent comme un pays clé de la lutte, notamment à
l'aide de drones, contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa). Le
président américain, Barack Obama, "est tenu informé par ses
conseillers en sécurité", a indiqué un haut responsable de
l'administration.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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