dimanche 25 janvier 2015

Arabie Saoudite : Chefs d'État et dignitaires attendus à Riyad pour le décès du roi Abdallah

Des chefs d'État et dignitaires devaient arriver samedi à Ryad pour présenter leurs condoléances au nouveau roi d'Arabie saoudite, Salmane, au lendemain de la mort et des funérailles de son demi-frère Abdallah après une décennie sur le trône. Le président français François Hollande, le Premier ministre britannique David Cameron, le prince Charles d'Angleterre et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif sont notamment attendus dans la capitale saoudienne. Le vice-président américain Joe Biden prévoit également de se rendre en Arabie saoudite. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif et des chefs d'État du Golfe ont pour leur part assisté vendredi aux funérailles d'Abdallah.
"L'Arabie saoudite est un partenaire, à la fois sur le plan économique et politique", avait souligné le président Hollande, en déplacement vendredi au forum de Davos, en Suisse. "J'avais avec le roi Abdallah des relations de confiance, y compris pour lutter contre le terrorisme", avait-il ajouté.
Allié des Occidentaux dans la lutte contre les djihadistes mais critiqué pour sa politique en matière des droits de l'Homme, Abdallah, âgé d'environ 90 ans, est décédé vendredi à l'hôpital où il avait été admis le 31 décembre pour une pneumonie. Il a été enterré humblement à Riyad après la prière à la mosquée Imam Turki.
Quelques heures après l'intronisation de Salmane, des centaines de Saoudiens sont venus promettre "obéissance et fidélité" à leur nouveau souverain et au prince héritier Moqren dans un palais royal de Riyad, comme le veut la tradition.
Seul à prendre la parole, le plus haut dignitaire religieux du pays, le grand mufti Abdelaziz al-Cheikh, a demandé à Dieu de soutenir le roi et lui accorder la patience. Cette vertu était également requise pour les nombreux Saoudiens massés à l'extérieur du bâtiment en attendant de pouvoir entrer embrasser la main du roi, selon un photographe de l'AFP.
Dans son premier discours, Salmane, 79 ans et souffrant de problème de santé, a déclaré qu'il n'y aurait pas de changement de politique dans ce royaume ultra-conservateur sunnite du Golfe, premier exportateur de pétrole au monde, poids lourd du Proche-Orient et berceau de l'islam. "Nous resterons, avec la force de Dieu, sur le chemin droit que cet État a suivi depuis sa création par le roi Abdel Aziz ben Saoud et ses fils après lui", a dit le souverain.
Les premières décisions de Salmane ont été de nommer Mohammed ben Nayef comme futur prince héritier, c'est à dire deuxième dans l'ordre de succession après Moqren, et de désigner son fils Mohammed à sa place comme ministre de la Défense. Après les propos du nouveau souverain sur la continuité dans la politique du principal producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), les cours du brut ont chuté jusqu'à un niveau inédit depuis presque six ans vendredi à New York. L'Arabie défend fermement le maintien à son niveau actuel de la production de l'Opep, au risque de voir s'accélérer cette chute des prix du brut (-50 % depuis juin).
A travers le monde, de nombreux dirigeants ont rendu hommage à feu Abdallah, certains saluant un "défenseur de la paix", d'autres un partisan du dialogue entre les musulmans et l'Occident. Celui qui a officiellement régné pendant une décennie mais qui a tenu les rênes pendant vingt ans après l'attaque cérébrale de son demi-frère Fahd en 1995 a exercé une très forte influence sur la politique régionale. Abdallah a soutenu l'actuel président égyptien Abdel Fattah al-Sissi dans sa lutte contre les Frères musulmans et a joué un rôle clé dans l'opposition au régime syrien, autorisant l'entraînement par Washington de rebelles sur son territoire.
Mais il a aussi déçu les attentes des réformateurs, notamment sur la liberté d'expression ou la place des femmes dans la société, qui ne peuvent toujours pas conduire. Amnesty International a dénoncé un régime "insensible aux droits de l'Homme" et accusé l'Occident de couvrir cette politique en raison du poids pétrolier du royaume et de son soutien dans la lutte contre les djihadistes.
Interrogé vendredi sur le sort du blogueur Raef Badaoui, condamné à 1 000 coups de fouet pour "insulte à l'islam" dans ce pays, François Hollande a souligné que "la France est attachée aux droits de l'Homme" et qu'il rappelait "ces règles (...) partout" où il se déplaçait.
Le président américain Barack Obama a été l'un des premiers à saluer la mémoire d'un "ami précieux" et d'un dirigeant "sincère". Son homologue russe Vladimir Poutine a loué un "homme politique sage".
Dans ce pays, qui a vu naître l'islam en 622 et abrite les deux principaux lieux saints musulmans à La Mecque et Médine, les citoyens ont exprimé leur tristesse mais sans se montrer inquiets.

(24-01-2015)

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