Des chefs d'État et dignitaires devaient arriver samedi à Ryad pour
présenter leurs condoléances au nouveau roi d'Arabie saoudite, Salmane,
au lendemain de la mort et des funérailles de son demi-frère Abdallah
après une décennie sur le trône. Le président français François
Hollande, le Premier ministre britannique David Cameron, le prince
Charles d'Angleterre et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad
Javad Zarif sont notamment attendus dans la capitale saoudienne. Le
vice-président américain Joe Biden prévoit également de se rendre en
Arabie saoudite. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier
ministre pakistanais Nawaz Sharif et des chefs d'État du Golfe ont pour
leur part assisté vendredi aux funérailles d'Abdallah.
"L'Arabie saoudite est un partenaire, à la fois sur le plan économique
et politique", avait souligné le président Hollande, en déplacement
vendredi au forum de Davos, en Suisse. "J'avais avec le roi Abdallah des
relations de confiance, y compris pour lutter contre le terrorisme",
avait-il ajouté.
Allié des Occidentaux dans la lutte contre les djihadistes mais critiqué
pour sa politique en matière des droits de l'Homme, Abdallah, âgé
d'environ 90 ans, est décédé vendredi à l'hôpital où il avait été admis
le 31 décembre pour une pneumonie. Il a été enterré humblement à Riyad
après la prière à la mosquée Imam Turki.
Quelques heures après l'intronisation de Salmane, des centaines de
Saoudiens sont venus promettre "obéissance et fidélité" à leur nouveau
souverain et au prince héritier Moqren dans un palais royal de Riyad,
comme le veut la tradition.
Seul à prendre la parole, le plus haut dignitaire religieux du pays, le
grand mufti Abdelaziz al-Cheikh, a demandé à Dieu de soutenir le roi et
lui accorder la patience. Cette vertu était également requise pour les
nombreux Saoudiens massés à l'extérieur du bâtiment en attendant de
pouvoir entrer embrasser la main du roi, selon un photographe de l'AFP.
Dans son premier discours, Salmane, 79 ans et souffrant de problème de
santé, a déclaré qu'il n'y aurait pas de changement de politique dans ce
royaume ultra-conservateur sunnite du Golfe, premier exportateur de
pétrole au monde, poids lourd du Proche-Orient et berceau de l'islam.
"Nous resterons, avec la force de Dieu, sur le chemin droit que cet État
a suivi depuis sa création par le roi Abdel Aziz ben Saoud et ses fils
après lui", a dit le souverain.
Les premières décisions de Salmane ont été de nommer Mohammed
ben Nayef comme futur prince héritier, c'est à dire deuxième dans
l'ordre de succession après Moqren, et de désigner son fils Mohammed à
sa place comme ministre de la Défense. Après les propos du nouveau
souverain sur la continuité dans la politique du principal producteur de
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), les cours du
brut ont chuté jusqu'à un niveau inédit depuis presque six ans vendredi à
New York. L'Arabie défend fermement le maintien à son niveau actuel de
la production de l'Opep, au risque de voir s'accélérer cette chute des
prix du brut (-50 % depuis juin).
A travers le monde, de nombreux dirigeants ont rendu hommage à feu
Abdallah, certains saluant un "défenseur de la paix", d'autres un
partisan du dialogue entre les musulmans et l'Occident. Celui qui a
officiellement régné pendant une décennie mais qui a tenu les rênes
pendant vingt ans après l'attaque cérébrale de son demi-frère Fahd en
1995 a exercé une très forte influence sur la politique régionale.
Abdallah a soutenu l'actuel président égyptien Abdel Fattah al-Sissi
dans sa lutte contre les Frères musulmans et a joué un rôle clé dans
l'opposition au régime syrien, autorisant l'entraînement par Washington
de rebelles sur son territoire.
Mais il a aussi déçu les attentes des réformateurs, notamment sur la
liberté d'expression ou la place des femmes dans la société, qui ne
peuvent toujours pas conduire. Amnesty International a dénoncé un régime
"insensible aux droits de l'Homme" et accusé l'Occident de couvrir
cette politique en raison du poids pétrolier du royaume et de son
soutien dans la lutte contre les djihadistes.
Interrogé vendredi sur le sort du blogueur Raef Badaoui, condamné à 1
000 coups de fouet pour "insulte à l'islam" dans ce pays, François
Hollande a souligné que "la France est attachée aux droits de l'Homme"
et qu'il rappelait "ces règles (...) partout" où il se déplaçait.
Le président américain Barack Obama a été l'un des premiers à saluer la
mémoire d'un "ami précieux" et d'un dirigeant "sincère". Son homologue
russe Vladimir Poutine a loué un "homme politique sage".
Dans ce pays, qui a vu naître l'islam en 622 et abrite les deux
principaux lieux saints musulmans à La Mecque et Médine, les citoyens
ont exprimé leur tristesse mais sans se montrer inquiets.
(24-01-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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