L'Assemblée nationale a voté mardi à la quasi-unanimité la poursuite des
frappes françaises en Irak contre l'organisation État islamique,
quelques jours après les attaques djihadistes au coeur de Paris. 488
députés se sont prononcés pour et un contre (l'UMP Jean-Pierre Gorges)
et 13 se sont abstenus : les députés du Front de gauche et certains de
leurs alliés d'outremer, ainsi qu'un UMP (Pierre Morel-A-l'Huissier).
Manuel Valls avait invité l'Assemblée à prolonger l'intervention
française, car "notre mission n'est pas achevée" et "c'est bien une
guerre contre le terrorisme que nous avons devant nous".
Le Sénat a également voté en faveur de la prolongation de l'intervention
(327 sénateurs sur 346 se sont prononcés pour, les autres, dont ceux du
groupe Communiste, républicain et citoyen, s'étant abstenus ou n'ayant
pas pris part au vote).
Le consensus politique sur la lutte contre l'EI a été encore renforcé alors qu'un des auteurs du carnage à la rédaction de Charlie Hebdo,
Chérif Kouachi, avait participé à une filière de recrutement pour
l'Irak et que le preneur d'otages du magasin casher, Amedy Coulibaly, se
réclamait de l'EI et demandait l'arrêt des frappes françaises en Irak.
"S'ajoute désormais un théâtre intérieur" aux "trois théâtres"
extérieurs d'intervention de la France, en Irak, au Sahel et en
Centrafrique, a relevé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
"Combattre le terrorisme sur notre sol demande de le combattre là où il
progresse", a aussi lancé le chef de file des députés socialistes, Bruno
Le Roux, à l'unisson de l'ensemble des groupes politiques. "La France
n'a ni l'option de la neutralité ni celle d'un retrait honteux dans
l'espoir illusoire de nous protéger", a abondé Pierre Lellouche pour
l'UMP. Comme d'autres porte-parole, Philippe Folliot au nom de l'UDI a
demandé au Premier ministre "de remettre en débat une nouvelle loi de
programmation militaire qui dote nos forces armées et de sécurité des
moyens qui leur permettent d'assurer, dans de bonnes conditions, leurs
engagements et à la France de tenir son rang".
Le coprésident du groupe EELV, François de Rugy, a soutenu la poursuite
de l'intervention en Irak, mais sans "abaisser le niveau d'exigence" des
écologistes, renouvelant notamment leur "appel à la tenue d'une
conférence internationale" et pointant le "jeu trouble de certaines
puissances régionales", Qatar et Turquie, selon lui. Pour le Front de
gauche, Jean-Jacques Candelier a justifié l'abstention de son groupe
"dans la mesure où cette intervention ne se fait pas sous l'égide du
Conseil de sécurité de l'ONU, mais de l'Otan, et où nous doutons de
l'efficacité de nouvelles frappes".
Jean-Pierre Gorges, député-maire UMP de Chartres, a expliqué à l'AFP
qu'il s'était prononcé contre la poursuite de l'intervention, car il ne
croit pas que la France puisse être "le petit flic du monde". "Alors
qu'on manque de moyens pour assurer la sécurité en France, on envoie
l'armée dans un conflit qui nous dépasse", a-t-il regretté. Le feu vert
parlementaire est obligatoire pour toute intervention militaire
française au-delà de quatre mois. Or, les frappes aériennes françaises
ont débuté le 19 septembre. Lors d'un débat sans vote le 24 septembre
dernier, l'intervention française avait déjà été largement soutenue. Le
Sénat votera à son tour en fin de journée pour autoriser la prolongation
de l'intervention des forces armées en Irak. La France est déterminée à
stopper, au côté de ses alliés, l'expansion de l'EI en Irak, mais Paris
exclut en revanche pour l'heure toute intervention en Syrie, jugeant
qu'elle ne pourrait qu'être favorable au régime de Bashar el-Assad.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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