mardi 13 janvier 2015

Irak : Les frappes françaises poursuivies

L'Assemblée nationale a voté mardi à la quasi-unanimité la poursuite des frappes françaises en Irak contre l'organisation État islamique, quelques jours après les attaques djihadistes au coeur de Paris. 488 députés se sont prononcés pour et un contre (l'UMP Jean-Pierre Gorges) et 13 se sont abstenus : les députés du Front de gauche et certains de leurs alliés d'outremer, ainsi qu'un UMP (Pierre Morel-A-l'Huissier). Manuel Valls avait invité l'Assemblée à prolonger l'intervention française, car "notre mission n'est pas achevée" et "c'est bien une guerre contre le terrorisme que nous avons devant nous".
Le Sénat a également voté en faveur de la prolongation de l'intervention (327 sénateurs sur 346 se sont prononcés pour, les autres, dont ceux du groupe Communiste, républicain et citoyen, s'étant abstenus ou n'ayant pas pris part au vote).
Le consensus politique sur la lutte contre l'EI a été encore renforcé alors qu'un des auteurs du carnage à la rédaction de Charlie Hebdo, Chérif Kouachi, avait participé à une filière de recrutement pour l'Irak et que le preneur d'otages du magasin casher, Amedy Coulibaly, se réclamait de l'EI et demandait l'arrêt des frappes françaises en Irak. "S'ajoute désormais un théâtre intérieur" aux "trois théâtres" extérieurs d'intervention de la France, en Irak, au Sahel et en Centrafrique, a relevé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian.
"Combattre le terrorisme sur notre sol demande de le combattre là où il progresse", a aussi lancé le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux, à l'unisson de l'ensemble des groupes politiques. "La France n'a ni l'option de la neutralité ni celle d'un retrait honteux dans l'espoir illusoire de nous protéger", a abondé Pierre Lellouche pour l'UMP. Comme d'autres porte-parole, Philippe Folliot au nom de l'UDI a demandé au Premier ministre "de remettre en débat une nouvelle loi de programmation militaire qui dote nos forces armées et de sécurité des moyens qui leur permettent d'assurer, dans de bonnes conditions, leurs engagements et à la France de tenir son rang".
Le coprésident du groupe EELV, François de Rugy, a soutenu la poursuite de l'intervention en Irak, mais sans "abaisser le niveau d'exigence" des écologistes, renouvelant notamment leur "appel à la tenue d'une conférence internationale" et pointant le "jeu trouble de certaines puissances régionales", Qatar et Turquie, selon lui. Pour le Front de gauche, Jean-Jacques Candelier a justifié l'abstention de son groupe "dans la mesure où cette intervention ne se fait pas sous l'égide du Conseil de sécurité de l'ONU, mais de l'Otan, et où nous doutons de l'efficacité de nouvelles frappes".
Jean-Pierre Gorges, député-maire UMP de Chartres, a expliqué à l'AFP qu'il s'était prononcé contre la poursuite de l'intervention, car il ne croit pas que la France puisse être "le petit flic du monde". "Alors qu'on manque de moyens pour assurer la sécurité en France, on envoie l'armée dans un conflit qui nous dépasse", a-t-il regretté. Le feu vert parlementaire est obligatoire pour toute intervention militaire française au-delà de quatre mois. Or, les frappes aériennes françaises ont débuté le 19 septembre. Lors d'un débat sans vote le 24 septembre dernier, l'intervention française avait déjà été largement soutenue. Le Sénat votera à son tour en fin de journée pour autoriser la prolongation de l'intervention des forces armées en Irak. La France est déterminée à stopper, au côté de ses alliés, l'expansion de l'EI en Irak, mais Paris exclut en revanche pour l'heure toute intervention en Syrie, jugeant qu'elle ne pourrait qu'être favorable au régime de Bashar el-Assad.

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