De violents affrontements ont éclaté lundi à Sanaa où la puissante
milice chiite d'Ansaruallah s'est rapprochée du palais présidentiel pour
renforcer son emprise sur la capitale yéménite.
Après de longues heures de tensions et de combats, un cessez-le-feu a
été décrété en fin de journée. L'arrêt des hostilités a ensuite été
confirmé par des témoins.
Le cessez-le-feu a été annoncé peu après un appel de la Ligue arabe à
"toutes les forces politiques" à mettre fin à "l'escalade malheureuse
des violences au Yémen".
Les ambassades américaine et britannique à Sanaa avaient également exigé que les armes se taisent.
Les combats ont fait au moins deux morts et 14 blessés dans la ville où a
résonné le bruit des tirs et des explosions, selon un bilan de source
médicale.
Le président Abd Rabbo Mansour Hadi n'a pas été directement menacé
puisqu'il n'était pas présent au palais présidentiel, situé dans le sud
de la capitale, autour duquel se sont concentrés les affrontements.
Le président, qui utilise rarement ce palais, a multiplié les
consultations dans sa résidence, où il a négocié le cessez-le-feu avec
un représentant d'Ansaruallah, selon des sources politiques.
Des miliciens chiites ont affirmé s'être emparés d'une colline
stratégique située près du palais. "Nous contrôlons le Jebel Nahdine qui
surplombe le palais présidentiel, et nous permettons aux gardes de la
présidence de quitter leur position avec une arme personnelle", a
affirmé Ali al-Bukhaiti, un responsable de la milice d'Ansaruallah.
Par ailleurs, des miliciens ont commencé à pilonner aux armes moyennes
et lourdes un camp de la garde présidentielle situé au sud du palais,
ont rapporté des témoins. Des renforts de miliciens ont aussi été vus
faisant route vers le palais avec deux chars de combat.
Le convoi du Premier ministre Khaled Bahah a essuyé des tirs de
miliciens chiites après avoir participé à une réunion avec le président
Hadi. M. Bahah en est sorti indemne, a indiqué la ministre de
l'Information Nadia al-Sakkaf.
Les capacités du pouvoir semblent de plus en plus restreintes car la
ministre de l'Information a annoncé que la télévision nationale et
l'agence officielle Saba échappaient désormais au contrôle de l'autorité
de l'Etat. Les miliciens chiites, appelés aussi houthis, "refusent de
publier une quelconque déclaration du gouvernement", selon Mme
al-Sakkaf.
La
milice d'Ansaruallah semble ainsi chercher à renforcer son emprise à
Sanaa où elle était entrée le 21 septembre et contrôlait jusqu'ici les
principaux secteurs et bâtiments publics de la capitale.
Le regain de violences est intervenu deux jours après l'enlèvement par
les miliciens chiites d'Ahmed Awad ben Moubarak, le chef de cabinet du
président et l'un des architectes du projet de nouvelle Constitution.
M. ben Moubarak, qui a supervisé la rédaction de ce projet de Loi
fondamentale, avait dirigé le processus de Dialogue National lancé après
le départ de l'ancien président Ali Abdallah Saleh en février 2012
après un an de soulèvement.
Les miliciens chiites, qui n'ont cessé de monter en puissance depuis
leur entrée dans la capitale, s'opposent à ce texte qui prévoit un Yémen
fédéral, composé de six régions.
Le découpage du pays les priverait en effet d'un accès à la mer, l'une
de leurs principales quêtes depuis qu'ils ont quitté leur fief
montagneux de Saada, dans le nord, pour conquérir de larges proportions
du territoire yéménite.
Les habitants de quartiers proches du palais présidentiel ont fui en masse après le début des affrontements.
Sanaa ressemblait à une ville morte lundi. L'impressionnant déploiement
de miliciens sur les principaux axes a dissuadé les employés et les
élèves de se rendre au travail et dans les écoles, a rapporté un
correspondant de l'AFP.
La tension était palpable dans la capitale depuis samedi, date de
l'enlèvement revendiqué par les miliciens chiites de M. ben Moubarak.
Région
d'origine du chef de cabinet, la province sudiste de Chabwa a arrêté
lundi sa production de pétrole, selon un responsable gouvernemental. Son
gouverneur Ahmed Ali Belhaj a expliqué que cette décision visait à
exprimer la solidarité avec M. ben Moubarak, originaire de Chabwa.
Dans la province voisine de Hadramout, les employés du champ pétrolier
de Massila ont arrêté la production également par solidarité avec M. ben
Moubarak, selon un responsable du secteur pétrolier.
Ces développements compliquent la tache du président Hadi qui a déjà du
mal à asseoir son autorité depuis que les miliciens chiites
d'Ansaruallah sont entrés dans Sanaa.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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