Ses conseillers en communication y sont-ils pour quelque chose ? Depuis
une quinzaine de jours, Benyamin Netanyahou montre au monde et à ses
électeurs qu'il est un dirigeant avec lequel il faut compter, que cela
plaise ou non. Il y a d'abord eu la marche du 11 janvier à Paris et son
jeu de coudes pour se retrouver au premier rang des présidents et chefs
de gouvernement venus dire non au terrorisme et soutenir la France dans
ces heures sombres.
Depuis mercredi, c'est au président des États-Unis que le Premier
ministre israélien sortant démontre que lui aussi peut dire "I can !".
Benyamin Netanyahou sera à la tribune du Congrès pour y prononcer un
discours. Un honneur qui ne lui est pas inconnu puisqu'il l'a
expérimenté par deux fois, en 1996 et en 2011. L'invitation est venue de
John Boehner, le président républicain de la Chambre des représentants,
qui, dans un communiqué, n'a rien caché des tenants et aboutissants de
ce geste envers "un grand ami de (leur) pays". "Face aux défis actuels,
je demande au Premier ministre Netanyahou de s'exprimer devant le
Congrès sur les graves menaces que l'islam radical et l'Iran
représentent pour notre sécurité et notre mode de vie." Le discours
initialement prévu le 11 février, soit à 5 semaines des élections
législatives, aura finalement lieu 3 semaines plus tard, à 15 jours du
scrutin.
Ce discours de Netanyahou sera-t-il une réplique "républicaine" au
"discours sur l'état de l'Union" de Barack Obama ? Le président
américain a, en effet, réaffirmé mardi son opposition à une loi qui
imposerait de nouvelles sanctions contre l'Iran, allant même jusqu'à
déclarer qu'il y apposerait son veto. S'agit-il d'un deal inédit entre
les dirigeants républicains et monsieur Netanyahou pour battre ou
humilier leurs rivaux politiques respectifs, Obama pour les
républicains, la gauche travailliste pour Bibi ?
En Israël, la surprise passée, certains experts analysent les avantages
et les inconvénients de cette initiative. Sur le plan intérieur, un très
bon coup en pleine campagne électorale, mais, en matière de politique
étrangère, un véritable pied de nez à Barack Obama. La réaction
officielle de la Maison-Blanche, qui n'avait pas été informée de la
venue de monsieur Netanyahou, a été plutôt sèche : elle déplore un écart
au protocole. Nahum Barnea, éditorialiste au Yediot Aharonot -
centre droit -, évoque en outre ces voix qui, au sein de
l'administration américaine, "ont demandé à ce que l'on transmette à
Netanyahou que ce comportement avait un prix et aux Israéliens que leur
Premier ministre était en train de perdre un véritable ami pour des
raisons de profit politique à courte portée".
D'autres analystes s'intéressent de très près à une information publiée
par l'agence de presse Bloomberg : le Mossad aurait lancé aux
responsables américains une mise en garde concernant la proposition de
loi de deux sénateurs républicains visant à renforcer les sanctions
contre Téhéran. "Cela pourrait conduire les négociations nucléaires avec
l'Iran à l'effondrement", aurait averti la célèbre agence du
renseignement israélien. Une dépêche qui confirmerait donc les propos de
John Kerry, 24 heures plus tôt. Le secrétaire d'État américain avait
alors affirmé que, selon un responsable du renseignement israélien, la
proposition de loi républicaine équivaudrait à "jeter une grenade dans
le processus de négociations". Le Mossad s'opposerait ainsi frontalement
au gouvernement israélien. Une hypothèse démentie par le patron du
service.
Reste l'évidence : en Israël et alors que le dépôt officiel des listes
n'aura lieu que dans une semaine, la campagne électorale bat déjà son
plein. Et Benyamin Netanyahou semble bel et bien décidé à former le
prochain gouvernement. Même si les derniers sondages montrent un
décrochage du Likoud par rapport à la liste parti travailliste -
Hatnuah, appelée aussi "le Camp sioniste".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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