Des tirs ont résonné dimanche dans la capitale yéménite, quadrillée par
des miliciens chiites, exacerbant la crise dans ce pays allié de
Washington où le président et le gouvernement ont jeté l'éponge.
Ajoutant à la confusion, le Parlement, qui devait se réunir en urgence
pour discuter de la démission d'Abd Rabbo Mansour Hadi et du cabinet, a
de nouveau reporté sa session d'urgence à une date non précisée.
La démission de l'exécutif risque d'affecter les efforts du grand allié
américain dans la lutte contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique
(Aqpa), branche basée au Yémen et considérée comme la plus dangereuse du
réseau extrémiste sunnite.
Dans la capitale Sanaa, contrôlée par les miliciens chiites
d'Ansaruallah, dits Houthis, la tension était palpable dimanche matin et
une tentative de manifestation de leurs opposants devant l'Université a
failli tourner au drame quand des miliciens ont commencé à tirer en
l'air à balles réelles pour disperser le rassemblement.
Selon des témoins, les Houthis ont arrêté des participants et s'en sont
pris à des journalistes, les empêchant de filmer la fuite de dizaines de
manifestants. Pour empêcher toute nouvelle tentative de rassemblement,
les miliciens ont renforcé leur présence armée dans le secteur de
l'Université.
Cette
escalade intervient au lendemain d'une grande manifestation contre la
présence des Houthis dans la capitale -où ils sont entrés le 21
septembre- et trois jours après la démission du président Hadi et du
gouvernement.
M. Hadi, 69 ans, au pouvoir depuis 2012, a jeté l'éponge jeudi soir
après avoir constaté que le Yémen était "dans une impasse totale" suite à
la prise du palais présidentiel par les Houthis qui ont renforcé leur
emprise sur Sanaa.
Ils encerclent ainsi plusieurs bâtiments officiels et logements de
responsables, et imposent des restrictions de mouvement aux membres de
l'exécutif démissionnaire. "Nous sommes en résidence surveillée", a
déclaré à l'AFP le ministre d'Etat démissionnaire Hassan Mohamed Zeïd.
Les miliciens chiites bloquent aussi un convoi de tribus sunnites
armées, arrivé samedi à Sanaa avec l'intention d'évacuer les ministres
et hauts responsables assiégés.
Les députés devaient se retrouver dimanche pour discuter du départ du
président, mais cette réunion a été reportée, à "une date ultérieure"
non précisée pour permettre de "s'assurer que tous les membres soient
informés pour y participer", selon l'agence officielle Saba.La
réunion avait dans un premier temps été annoncée pour vendredi, quelques
heures après la démission M. Hadi, que le Parlement avait refusée,
selon l'entourage du chef de l'Etat.
Le président du Parlement, Yahia Al-Raï, qui représente désormais la
seule autorité légitime du pays, a regagné dimanche Sanaa après avoir
présenté samedi à Ryad les condoléances de son pays après la mort du roi
Abdallah d'Arabie saoudite.
Dans la capitale, les habitants redoutent une paralysie de
l'administration, et personne ne sait si les salaires des employés de
l'Etat seront versés à la fin du mois ou si les services publics
continueront de fonctionner.
Outre le chaos politique et les violences, le pays est au bord d'une
catastrophe humanitaire. Oxfam a ainsi averti que 16 millions de
Yéménites, soit plus de la moitié de la population, ont besoin d'aide.
"Une crise humanitaire aux proportions extrêmes menace le pays si
l'instabilité continue", a souligné l'organisation d'aide dans un
communiqué.
Dans le sud du pays, généralement favorable à M. Hadi, la fronde contre
Sanaa ne se passe pas sans frictions entre les forces de l'ordre et des
éléments séparatistes.
Un accrochage a opposé les deux parties dimanche matin lorsque des
séparatistes ont installé un point de contrôle à Crater, dans le centre
de la ville. Un soldat a été tué et trois autres ont été blessés, selon
une source de sécurité.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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