Washington a qualifié d'"ironie tragique" et Israël a jugé "scandaleuse"
la décision prise vendredi par la Cour pénale internationale (CPI)
d'ouvrir un examen préliminaire, étape préalable à une enquête, sur des
crimes de guerre présumés en Palestine.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé qu'il
"rejetait" la décision de la CPI, la qualifiant de "scandaleuse". Selon
lui, comme la Palestine n'est pas un Etat, la CPI n'a aucune juridiction
sur elle, d'après les règles mêmes de cette cour.
De son côté, le porte-parole du département d'Etat Jeff Rathke a
qualifié d'"ironie tragique (le fait) qu'Israël, qui a fait face à des
milliers de roquettes terroristes tirées contre ses habitants et leurs
quartiers, soit maintenant l'objet d'un examen de la part de la CPI".
L'examen préliminaire lancé par la CPI est la dernière conséquence de
l'offensive diplomatique déclenchée à l'ONU par les Palestiniens, qui
avaient adhéré à la Cour le 2 janvier. En réaction, Israël avait alors
suspendu le versement d'une centaine de millions d'euros de taxes
collectées pour le compte de l'Autorité palestinienne.
Un examen préliminaire sert à déterminer s'il existe une "base
raisonnable" pour ouvrir une enquête, a précisé le bureau du procureur
dans un communiqué: "Le procureur analysera en particulier les questions
liées à la compétence, à la recevabilité et aux intérêts de la
justice."
L'adhésion de la Palestine à la CPI autorise les Palestiniens à y
demander des comptes aux dirigeants israéliens pour des opérations
militaires futures à Gaza ou pour l'occupation par Israël de la
Cisjordanie, notamment. Le procureur pourra ouvrir des enquêtes dès le
1er avril.
En même temps que sa demande d'adhésion, l'Autorité palestinienne avait
envoyé à la Cour un document autorisant le procureur à enquêter sur des
crimes présumés commis dans "les territoires palestiniens occupés depuis
le 13 juin 2014".
C'est à cette date qu'Israël avait déclenché une vaste campagne
d'arrestations en Cisjordanie occupée suivie de la guerre à Gaza.
Cette campagne d'arrestations avait débuté au lendemain de l'enlèvement
en Cisjordanie de trois jeunes Israéliens, qui ont ensuite été
assassinés. Pendant les trois mois qui ont suivi, plus de 2.000
Palestiniens ont été arrêtés dans ce territoire et à Jérusalem.
Le cycle des violences s'est ensuite emballé, notamment dans la Ville
sainte, secouée par des affrontements et plusieurs attentats.
Moins d'un mois plus tard, Israël lançait sa troisième offensive contre
la bande de Gaza en six ans, provoquant la mort de près de 2.200
Palestiniens, en grande majorité des civils. Plus de 70 personnes sont
mortes côté israélien, presque exclusivement des soldats.
Israël, qui ne figure pas parmi les 123 Etats à avoir adhéré au Statut
de Rome à ce jour, ne devrait pas coopérer avec la Cour, a affirmé le
ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.
Les Palestiniens, pour leur part, ont exprimé leur satisfaction. "Tout
se passe comme prévu, a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie
palestinienne, Riyad al-Malki. Aucun Etat, personne ne peut arrêter ce
que nous avons lancé, et au bout du compte c'est une véritable enquête
qui aura lieu après l'enquête préliminaire."
L'ONG Amnesty International a, quant à elle, affirmé que cet examen
préliminaire "pourrait éventuellement mener à une enquête de la CPI sur
les crimes commis par toutes les parties en Israël et en Palestine et
briser la culture de l'impunité qui a perpétué un cycle de crimes de
guerre et de crimes contre l'humanité".
La CPI, installée à La Haye, est compétente pour poursuivre des auteurs
présumés de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre
commis depuis le 1er juillet 2002.
Dans le passé, l'Autorité palestinienne avait déjà tenté de reconnaître
la compétence de la Cour, mais un examen préliminaire avait conclu que
la CPI ne pouvait ouvrir une enquête car la Palestine ne disposait à
l'époque que du statut "d'entité observatrice" à l'ONU.
La Palestine a obtenu depuis, fin 2012, le statut d'Etat observateur, ce
qui lui permet d'adhérer à de nombreuses conventions internationales,
dont la CPI.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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