Des milliers de partisans du Hezbollah ont participé lundi, aux cris de
"Mort à Israël", aux funérailles de l'un des six combattants tués dans
un raid aérien israélien en Syrie.
Ce raid sur la partie syrienne du plateau du Golan, qui a tué dimanche
un haut responsables du Hezbollah, a également coûté la vie à six
militaires iraniens, dont un général des Gardiens de la Révolution,
l'armée d'élite de la République islamique.
Israël a dit avoir visé des "éléments terroristes" accusés de préparer
des attaques contre elle. L'Etat hébreu, qui cherche à empêcher des
transferts d'armes vers le Hezbollah, a déjà plusieurs fois frappé des
cibles en Syrie, plongée dans la guerre depuis 2011.
Il s'agit d'un des coups les plus durs portés au Hezbollah depuis qu'il
combat aux côtés du régime de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie.
Dans un fief du parti au sud de Beyrouth, une marée humaine a pris part
aux funérailles de Jihad Moughnieh, 25 ans, le fils d'un haut
responsable militaire du mouvement assassiné en 2008 à Damas. Le
Hezbollah avait accusé Israël du meurtre, ce qu'a démenti l'Etat hébreu.
Le cercueil du jeune Moughnieh, enveloppé du drapeau jaune du Hezbollah,
a été porté par une foule marchant aux cris de "Mort aux Etats-Unis et à
Israël", "Non à l'humiliation" ou encore "Israël, ennemi des
musulmans".
Des hommes ont tiré en l'air en signe de deuil, tandis que d'autres
étaient en pleurs. Le combattant sera enterré dans le même caveau de son
père.
"La riposte doit être sévère", a affirmé à l'AFP cheikh Rami Assi, un
des participants, tandis qu'Oum Mohammad Hammoud, une femme qui
assistait aussi aux funérailles, tempérait en affirmant que le
"Hezbollah se vengera sans se lancer dans une guerre".
Selon le quotidien libanais proche du mouvement, Al-Akhbar, Israël
voulait "tester si la Résistance était sérieuse dans sa volonté de
riposter", tandis qu'As-Safir titrait que les représailles du Hezbollah
seront "plus qu'une riposte et moins qu'une guerre".
Parmi les morts figure aussi le commandant Mohammad Issa, un des
responsables du dossier Irak-Syrie, selon une source proche du
Hezbollah.
Six militaires iraniens ont également péri dans le raid israélien à
Qouneitra, d'après une source proche du Hezbollah. Le mouvement a
toutefois tenu à préciser à l'AFP "ne pas être à l'origine de cette
information".
L'Iran a seulement confirmé par communiqué la mort d'un général de son armée d'élite, Mohammad Ali Allahdadi.
Ce raid d'Israël contre ses deux bêtes noires, le Hezbollah et son
parrain l'Iran, intervient quelques jours après que le chef du parti,
Hassan Nasrallah, a menacé Israël de riposte en cas de nouvelles
attaques en Syrie.
Si les médias du parti ont évoqué une "aventure menaçant la sécurité du
Moyen Orient", les analystes ne croient toutefois pas à une guerre
généralisée car ils doutent que le mouvement, fer de lance de la
résistance contre Israël, veuille ouvrir un deuxième front.
Le Hezbollah combat en effet depuis deux ans aux côtés du régime en
Syrie, où son expérience de guérilla a permis à l'armée de progresser
face aux rebelles.
"Le
Hezbollah ne peut pas riposter massivement, car s'il le fait, il y aura
une autre guerre. Or le Hezbollah est en Syrie, et n'est pas prêt à
combattre contre Israël", estime Hilal Khashan, professeur de sciences
politiques à l'Université américaine de Beyrouth.
"Nasrallah dira que les Israéliens cherchent la provocation et qu'il ne
faut pas tomber dans leur piège", sans aller plus loin, estime le
chercheur.
Cette analyse est partagée en Israël.
"Le Hezbollah ne veut pas d'une guerre ouverte (...) et ne souhaite pas
l'affrontement pour le moment", affirme Yoram Schweitzer, ex-chef du
service militaire israélien de lutte contre le terrorisme.
Le Liban est toujours techniquement en guerre avec Israël, qui a occupé
le sud du pays pendant 22 ans, jusqu'en 2000. En 2006, une guerre a
opposé l'Etat hébreu au Hezbollah, faisant plus de 1.200 morts au Liban,
en majorité des civils, et 160 victimes israéliennes, surtout des
soldats.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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