"Les Français vont-ils faire renaître les camps de concentration
d'Hitler pour exterminer les musulmans ?" C'est la question que pose
l'hebdomadaire marocain El Watan Al Ane, dans son édition du 29
janvier, en présentant en une le président français avec les attributs
du leader du IIIe Reich. Une façon pour le journal de protester et de
tirer la sonnette d'alarme quant à la politique intérieure française.
Le directeur de la publication du journal, Abderrahim Ariri, assume
totalement le choix de sa couverture ainsi que l'analogie avec le régime
nazi. Interrogé par le site du magazine Tel Quel, il "assume"
sans problème cette couverture et cette comparaison : "François Hollande
mérite pire", estime-t-il. Et d'ajouter : "Le gouvernement français
n'assure pas la sécurité des citoyens musulmans en France, comme c'est
le cas pour la communauté juive. Plusieurs lieux de culte musulmans sont
attaqués quotidiennement sans que cela alerte les autorités
françaises."
Rebondissant sur la flambée des violences à l'encontre des musulmans depuis l'attentat contre Charlie Hebdo,
Abderrahim Ariri estime que "la gauche comme la droite française sont
parties dans une compétition à qui va causer le plus de tort à la
communauté musulmane après ces attentats". Selon lui, la France prépare
"le pays à priver les musulmans de leurs droits, logements et emplois,
si ça continue comme ça".
Cette une intervient alors que les relations entre la France et le Maroc
ont rarement été aussi froides. D'ordinaire alliés, les deux pays ont
cessé tout contact diplomatique depuis près d'un an. En effet, le Maroc a
suspendu fin février 2014 sa coopération judiciaire avec la France et
la coopération sécuritaire a également été affectée, alors que les deux
pays sont engagés dans une lutte de longue haleine contre le djihadisme.
Les deux partenaires, à la relation d'ordinaire bien cadrée, ont le
plus grand mal à tourner la page d'une crise inédite, née de dépôts de
plainte en France contre de hauts dignitaires marocains.
En février 2014, des policiers s'étaient rendus à la résidence de
l'ambassadeur marocain pour notifier une convocation à l'encontre du
patron des services de renseignements Abdelatif Hammouchi, contre qui
des opposants marocains avaient déposé à Paris des plaintes pour
torture. "Nous n'avons jamais demandé une immunité judiciaire, quelle
qu'elle soit, pour aucun de nos responsables", a réitéré le ministre
marocain de la Justice Mustapha Ramid, en visite à Paris vendredi,
démentant une nouvelle fois que Rabat soit à la recherche d'une
exception au principe de compétence universelle autorisant la justice
française à poursuivre des responsables étrangers sur son territoire.
"Ce que nous demandons depuis le début (de la crise), c'est la révision
des conventions d'entraide judiciaire", a-t-il ajouté, sans entrer dans
le détail.
La suspension de la coopération judiciaire a de nombreuses
répercussions. Paris est le premier partenaire économique du royaume, où
vivent entre 60 000 et 80 000 Français tandis que plus de 1,3 million
de Marocains résident en France.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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