Israël se dirige vers des élections anticipées début 2015, qui
pourraient amener au pouvoir un gouvernement encore plus à droite et
débarrassé du centre, vent debout contre le Premier ministre Benjamin
Netanyahu.
Mercredi, la Knesset, le Parlement israélien, commencera à examiner un
projet de loi de dissolution. La procédure pourrait s'achever le jour
même ou lundi, selon la radio publique.
L'opposition de gauche avait proposé cette dissolution dans l'espoir de
faire tomber le gouvernement trois ans avant la fin de la législature.
Elle devrait être rejointe par la majorité elle-même, assure à l'AFP une
responsable du Likoud (droite), le parti de Netanyahu.
Et si son parti semble décidé à aller vers de nouvelles élections en
mars ou avril 2015, c'est que les sondages semblent assurer à celui qui a
déjà été trois fois Premier ministre de se succéder à lui-même. Il
pourrait même, selon les experts, se ménager une coalition
gouvernementale moins turbulente que l'actuelle, en s'élargissant à sa
droite, du côté des ultra-nationalistes et des formations religieuses.
"Les partis de droite ont la majorité selon les sondages, ce qui
signifie qu'il y a de grandes chances que M. Netanyahu conserve son
poste", estime le politologue Abraham Diskin.
Une coalition gouvernementale plus à droite pourrait rendre encore plus
vains les efforts pour une reprise des négociations sur le processus de
paix israélo-palestinien. Ce dernier est au point mort depuis 2000,
malgré des tentatives américaines de relance dont la dernière a échoué
au printemps.
Si Netanyahu cherche à avoir les coudées franches, c'est parce que
son gouvernement se déchire depuis plusieurs semaines, notamment sur son
projet de loi controversé visant à renforcer le caractère "juif" de
l'Etat.
Les frondeurs sont menés par le ministre des Finances Yaïr Lapid, figure
du centre-droit et champion de la classe moyenne, et la ministre de la
Justice Tzipi Livni, qui incarne le centre-gauche. Tous deux pourraient,
selon la radio militaire, être limogés avant le rendez-vous de mercredi
à la Knesset, dont ils sont également membres.
Pour
les médias, c'est "la guerre des chefs" entre MM. Netanyahu et Lapid,
chef de Yesh Atid, formation de centre-droit devenue le premier parti
avec 19 députés depuis que le Likoud (18 députés) s'est séparé d'Israël
Beiteinou (13 députés), la formation ultranationaliste du chef de la
diplomatie Avigdor Lieberman.
Lundi soir, Netanyahu a présenté à M. Lapid cinq exigences pour
sauver le gouvernement, parmi lesquelles le retrait de son projet de
suppression de la TVA sur les achats immobiliers, la fin des critiques
sur la colonisation israélienne à Jérusalem-Est annexée, qui suscitent
des levées de boucliers à l'étranger, et le soutien au projet de loi sur
l'Etat "juif".
M. Lapid a rejeté cet ultimatum et accusé Netanyahu "d'irresponsabilité" en poussant "à des élections superflues".
Sans le soutien du centre, Benjamin Netanyahu ne dispose plus d'une
majorité au Parlement. Mais c'est plutôt vers sa droite qu'il cherche
désormais des appuis.
Le Likoud est pour le moment crédité de 23 sièges. En chute par rapport à
juillet où, en pleine guerre de Gaza, les sondages lui allouaient 31
sièges. Pour former une majorité, Netanyahu a d'ores et déjà contacté
les partis ultra-orthodoxes, relégués dans l'opposition alors qu'il les
considère comme des "alliés naturels du Likoud", selon les médias.
Le Foyer Juif, le parti nationaliste religieux et fervent partisan de la
colonisation du ministre de l'Economie Naftali Bennett (12 députés),
est présenté comme la formation qui devrait connaître la plus forte
progression aux prochaines législatives.
De
même, le très populaire Moshé Kahlon, ancien ministre du Likoud, a créé
un parti centriste qui concurrence Yesh Atid sur le créneau de la
défense de la classe moyenne. Il pourrait remporter neufs sièges, au
détriment du parti de M. Lapid.
L'incertitude politique a fait plonger mardi le shekel à son niveau le plus bas depuis plus de deux ans.
(02-12-2014)
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