Un jeune Syrien de la ville d'Alep a remporté Arab Idol, le trophée
musical le plus envié du Moyen-Orient, en déclarant son amour pour son
pays mais en refusant de prendre position sur le conflit qui a fait plus
de 200.000 morts.
Des tirs de joie et les youyous des femmes ont salué à Damas et dans
certains quartiers d'Alep la victoire de Hazem Chérif, obtenue tard
samedi à l'issue d'une finale suivie par 100 millions de télespectateurs
à travers le monde arabe.
A l'annonce de son triomphe, le jeune homme de 21 ans a baisé le plateau
télévisé, embrassé ses parents avant d'interpréter une chanson
patriotique arabe: "j'écris ton nom, mon pays, sur le soleil qui ne
disparaîtra jamais".
Durant les quatre mois de la compétition, ce chanteur au visage enfantin
avec une petite barbe bien taillée, a surtout chanté des airs de
"qoudoud", la poésie musicale propre à sa ville, comme "Alep est une
fontaine de douleurs qui coule dans mon pays".
Exilé avec sa famille à Batroun, dans le nord du Liban, il a pris soin
d'éviter d'afficher ses préférences politiques lors de la finale
organisée à Beyrouth par la chaîne saoudienne MBC.
Contrairement au Palestinien vainqueur en 2013, il n'a pas brandi le
drapeau syrien pour ne pas avoir à choisir entre l'officiel revendiqué
par le régime et celui des rebelles. Mais le public a scandé "Syrie,
Syrie" après les résultats..
"J'ai chanté pour la Syrie et pour tous les Syriens. J'ai 21 ans et je
ne veux que ma carrière artistique soit liée à la politique", s'est
justifié Hazem Cherif.
Ce qui n'a pas empêché les internautes de s'interroger sur son camp. "La
première réaction des Syriens après sa victoire a été: c'est un chabih
(milicien pro-régime) ou c'est un rebelle", affirme Alaa al-Atrache sur
Twitter. Mais, pour Sherin Bakro, "Hazem a rendu les gens heureux et ce
soir les tirs sont des balles de joie et non de mort".
Mais, en Syrie, sa victoire a été célébrée dans le camp du régime et ignorée chez les rebelles.
L'agence officielle SANA a sobrement annoncé la victoire d'"Hazem, le
fils d'Alep" qui "a gagné grâce à sa voix très spéciale capable
d'interpréter différents types de chanson".
Dans un reportage diffusé dimanche par la télévision officielle, une
quinquagénaire exprimait l'espoir que "le vote unanime des Syriens en
faveur de Hazem Cherfif se retrouvera aussi dans la lutte contre le
terrorisme". Dans la phraséologie officielle, le mot "terrorisme"
désigne tous les insurgés hostile au régime.
A Damas, la victoire a provoqué une explosion de joie, comme dans le
café "al-Machraka" où les consommateurs brandissaient des drapeaux
syriens. "Cela donne de l'optimisme aux habitants d'Alep et à tous les
Syriens. Nous espérons que cette petite victoire en annoncera des
grandes", a assuré Yara, un client.
"Cet
événement prouve que nous sommes toujours en vie, toujours là bien que
le monde nous ait oubliés", a affirmé Ahmed Abou Zeid, un habitant des
quartiers d'Alep contrôlés par le régime. "Quant à ceux qui nous ont
reprochés d'avoir oublié les martyrs, je leur dis: 'donnez nous deux
heures de bonheur et après nous sommes prêts à mourir le sourire aux
lèvres", a ajouté ce jeune de 24 ans.
Dans la partie rebelle d'Alep-est, l'ambiance était radicalement
différente. "Personne n'a suivi le programme. L'électricité était coupée
et la majorité des gens n'avaient même pas entendu parler de cette
compétition", assure Zein, un habitant.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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