C'est désormais officiel : le nouveau président de la Tunisie s'appelle
Béji Caïd Essebsi. L'ex-Premier ministre tunisien a obtenu plus de 1,7
million de voix au second tour, contre plus de 1,3 million pour son
rival, qui a réuni 44,32% des suffrages. Le taux de participation s'est
établi à 60,1% des inscrits. Le camp de Caïd Essebsi avait revendiqué la
victoire quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote
dimanche, sans avancer d'estimations.
Sa formation doit former le prochain gouvernement et s'atteler
rapidement à constituer une coalition stable, faute de majorité absolue
au Parlement. Elle devra composer avec les islamistes d'Ennahda, qui
restent la deuxième force politique du pays et n'avaient pas présenté de
candidat à la présidentielle. Caïd Essebsi va devenir le premier chef
d'Etat tunisien élu librement depuis l'indépendance en 1956. Le premier
président tunisien Habib Bourguiba et son successeur, Zine El Abidine
Ben Ali, renversé par une révolution en 2011, avaient constamment eu
recours à la fraude ou au plébiscite. Marzouki avait, lui, été élu par
l'Assemblée constituante à la faveur d'un accord politique avec les
islamistes d'Ennahda.
Avocat de formation, Caïd Essebsi est revenu sur le devant de la scène à
la faveur de la révolution qui a renversé le président Zine El Abidine
Ben Ali en janvier 2011. Nommé Premier ministre provisoire en février
2011, il a à son crédit d'avoir mené le pays vers les premières
élections libres de son histoire en octobre 2011, remportées par
Ennahda. Mais ce ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires
étrangères sous le premier président tunisien Habib Bourguiba, puis
président du Parlement en 1990-1991 sous Ben Ali, est accusé par M.
Marzouki d'être un produit du système déchu cherchant à reproduire
l'ancien régime. En 2012, une plainte le citant a aussi été déposée par
des représentants d'un mouvement d'opposition à Bourguiba, les
Youssefistes, torturés à l'époque où M. Caïd Essebsi était ministre de
l'Intérieur. Lui balaye ces critiques et jure de travailler dans le
strict cadre de la Constitution adoptée en janvier et qui limite les
prérogatives présidentielles afin d'éviter un retour à la dictature. "La
Constitution nous gouverne tous. L'homme devant vous n'est pas prêt à
sortir des prérogatives que la Constitution lui accorde", a-t-il assuré.
Ce père de quatre enfants, né dans une famille tunisoise en 1926, se
réclame de la pensée de Bourguiba qu'il qualifie de "visionnaire" et
"fondateur de l'Etat moderne", et ce bien qu'il ait instauré un régime
autoritaire ne tolérant aucune critique. Face aux attaques sur son âge,
peu représentatif d'une révolution portée par la jeunesse, il répète
sans cesse que "la jeunesse n'est pas un état civil mais un état
d'esprit", tout en se disant encore et toujours "en bonne santé". Il a
refusé cependant un débat avec son adversaire ainsi que sa demande de
fournir un certificat médical.
(22-12-2014)
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