mardi 23 décembre 2014

Tunisie : Essebsi officiellement vainqueur de la présidentielle

C'est désormais officiel : le nouveau président de la Tunisie s'appelle Béji Caïd Essebsi. L'ex-Premier ministre tunisien a obtenu plus de 1,7 million de voix au second tour, contre plus de 1,3 million pour son rival, qui a réuni 44,32% des suffrages. Le taux de participation s'est établi à 60,1% des inscrits. Le camp de Caïd Essebsi avait revendiqué la victoire quelques minutes après la fermeture des bureaux de vote dimanche, sans avancer d'estimations.
Sa formation doit former le prochain gouvernement et s'atteler rapidement à constituer une coalition stable, faute de majorité absolue au Parlement. Elle devra composer avec les islamistes d'Ennahda, qui restent la deuxième force politique du pays et n'avaient pas présenté de candidat à la présidentielle. Caïd Essebsi va devenir le premier chef d'Etat tunisien élu librement depuis l'indépendance en 1956. Le premier président tunisien Habib Bourguiba et son successeur, Zine El Abidine Ben Ali, renversé par une révolution en 2011, avaient constamment eu recours à la fraude ou au plébiscite. Marzouki avait, lui, été élu par l'Assemblée constituante à la faveur d'un accord politique avec les islamistes d'Ennahda.
Avocat de formation, Caïd Essebsi est revenu sur le devant de la scène à la faveur de la révolution qui a renversé le président Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011. Nommé Premier ministre provisoire en février 2011, il a à son crédit d'avoir mené le pays vers les premières élections libres de son histoire en octobre 2011, remportées par Ennahda. Mais ce ministre de l'Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères sous le premier président tunisien Habib Bourguiba, puis président du Parlement en 1990-1991 sous Ben Ali, est accusé par M. Marzouki d'être un produit du système déchu cherchant à reproduire l'ancien régime. En 2012, une plainte le citant a aussi été déposée par des représentants d'un mouvement d'opposition à Bourguiba, les Youssefistes, torturés à l'époque où M. Caïd Essebsi était ministre de l'Intérieur. Lui balaye ces critiques et jure de travailler dans le strict cadre de la Constitution adoptée en janvier et qui limite les prérogatives présidentielles afin d'éviter un retour à la dictature. "La Constitution nous gouverne tous. L'homme devant vous n'est pas prêt à sortir des prérogatives que la Constitution lui accorde", a-t-il assuré.
Ce père de quatre enfants, né dans une famille tunisoise en 1926, se réclame de la pensée de Bourguiba qu'il qualifie de "visionnaire" et "fondateur de l'Etat moderne", et ce bien qu'il ait instauré un régime autoritaire ne tolérant aucune critique. Face aux attaques sur son âge, peu représentatif d'une révolution portée par la jeunesse, il répète sans cesse que "la jeunesse n'est pas un état civil mais un état d'esprit", tout en se disant encore et toujours "en bonne santé". Il a refusé cependant un débat avec son adversaire ainsi que sa demande de fournir un certificat médical.

(22-12-2014)

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