Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a sèchement rejeté
lundi la décision palestinienne de déposer à l'ONU un projet controversé
de résolution, quelques heures avant sa rencontre avec le secrétaire
d'État américain John Kerry à Rome. Avant de s'envoler pour la capitale
italienne, M. Netanyahou a rejeté tout ultimatum visant à obtenir, via
une résolution des Nations unies, la fin de l'occupation israélienne
dans un délai de deux ans, comme le prévoit le texte que la Jordanie
devrait présenter mercredi à New York au nom des Palestiniens. "Nous
n'accepterons pas les tentatives visant à nous imposer des mesures
unilatérales dans un délai déterminé, alors que l'islamisme radical se
propage dans le monde entier", a-t-il dit dans des propos diffusés par
la radio militaire.
M. Netanyahou doit rencontrer en début d'après-midi M. Kerry à la
résidence de l'ambassadeur américain à Rome. Le secrétaire d'État
américain multiplie actuellement les entretiens en Europe pour tenter de
relancer le processus de paix israélo-palestinien. Il a ainsi abordé le
sujet dimanche soir avec son homologue russe. Sergueï Lavrov a souligné
la nécessité d'éviter que "la situation ne se détériore encore
davantage", assurant chercher ce qui pouvait "être fait ensemble pour
l'éviter". L'annonce des Palestiniens est tombée dans la soirée via une
déclaration de Wassel Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation
de libération de la Palestine (OLP): "La direction palestinienne a
décidé d'aller devant le Conseil de sécurité mercredi pour qu'il vote le
projet (demandant) la fin de l'occupation" israélienne. Cette
initiative risque de se heurter au veto américain. Washington s'oppose à
toute mesure unilatérale de la part des Palestiniens visant à obtenir
de l'ONU la reconnaissance d'un État, jugeant qu'il doit être
l'aboutissement de négociations de paix. "Ce n'est pas la façon dont, je
pense, il nous faut appréhender une négociation très compliquée, en
imposant une échéance de deux ans", a commenté à ce propos un
responsable du Département d'État.
M. Netanyahou avait déjà rejeté catégoriquement dimanche l'idée d'un
retrait de Cisjordanie et de Jérusalem-Est d'ici à deux ans. "Nous
sommes confrontés à la possibilité d'une attaque diplomatique, autrement
dit d'une tentative de nous imposer par des décisions de l'ONU un
retrait aux lignes (frontières) de 1967 dans un délai de deux ans",
a-t-il affirmé. Un tel retour "amènerait les islamistes extrémistes dans
les banlieues de Tel-Aviv et au coeur de Jérusalem", a-t-il estimé.
"Nous le permettrons pas. Nous le rejetterons fermement et de façon
responsable." Avant sa rencontre avec M. Kerry, le Premier ministre
israélien doit également rencontrer le chef du gouvernement italien,
Matteo Renzi.
M. Kerry doit ensuite se rendre à Paris quelques heures lundi en fin
d'après-midi pour y retrouver les ministres français, allemand et
britannique des Affaires étrangères, ainsi que la nouvelle chef de la
diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini. La France a lancé
depuis plusieurs semaines des consultations avec Londres et Berlin, puis
avec Washington et Amman, pour mettre au point un texte de consensus
qui obtiendrait le soutien des 15 membres du Conseil de sécurité. Ce
texte appellerait à la reprise rapide des négociations
israélo-palestiniennes, gelées depuis le printemps, sur la base d'une
série de grands principes comme la coexistence pacifique d'Israël et
d'un État palestinien.
Selon le responsable américain, il n'y a pas encore de consensus
européen sur ce projet de résolution. "Il y a un projet, que les
Français ont fait circuler un peu partout, mais cela ne signifie en rien
qu'il représente la position européenne", a-t-il déclaré. Il a
néanmoins concédé que les Européens jugeaient urgent d'agir. "L'urgence
vient surtout de ce qui se passe sur le terrain, le fait que la tension
est forte (...), le fait que personne ne veut assister à une escalade
qui peut déboucher sur une explosion", a commenté un autre responsable
du département d'État. John Kerry s'envolera ensuite pour Londres pour y
rencontrer mardi le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat et le
secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El Arabi.
(15-12-2014
- Assawra avec les agences de presse)
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