lundi 15 décembre 2014

Israël/Palestine : Benyamin Netanyahou rejette le projet de résolution palestinien

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a sèchement rejeté lundi la décision palestinienne de déposer à l'ONU un projet controversé de résolution, quelques heures avant sa rencontre avec le secrétaire d'État américain John Kerry à Rome. Avant de s'envoler pour la capitale italienne, M. Netanyahou a rejeté tout ultimatum visant à obtenir, via une résolution des Nations unies, la fin de l'occupation israélienne dans un délai de deux ans, comme le prévoit le texte que la Jordanie devrait présenter mercredi à New York au nom des Palestiniens. "Nous n'accepterons pas les tentatives visant à nous imposer des mesures unilatérales dans un délai déterminé, alors que l'islamisme radical se propage dans le monde entier", a-t-il dit dans des propos diffusés par la radio militaire.
M. Netanyahou doit rencontrer en début d'après-midi M. Kerry à la résidence de l'ambassadeur américain à Rome. Le secrétaire d'État américain multiplie actuellement les entretiens en Europe pour tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Il a ainsi abordé le sujet dimanche soir avec son homologue russe. Sergueï Lavrov a souligné la nécessité d'éviter que "la situation ne se détériore encore davantage", assurant chercher ce qui pouvait "être fait ensemble pour l'éviter". L'annonce des Palestiniens est tombée dans la soirée via une déclaration de Wassel Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP): "La direction palestinienne a décidé d'aller devant le Conseil de sécurité mercredi pour qu'il vote le projet (demandant) la fin de l'occupation" israélienne. Cette initiative risque de se heurter au veto américain. Washington s'oppose à toute mesure unilatérale de la part des Palestiniens visant à obtenir de l'ONU la reconnaissance d'un État, jugeant qu'il doit être l'aboutissement de négociations de paix. "Ce n'est pas la façon dont, je pense, il nous faut appréhender une négociation très compliquée, en imposant une échéance de deux ans", a commenté à ce propos un responsable du Département d'État.
M. Netanyahou avait déjà rejeté catégoriquement dimanche l'idée d'un retrait de Cisjordanie et de Jérusalem-Est d'ici à deux ans. "Nous sommes confrontés à la possibilité d'une attaque diplomatique, autrement dit d'une tentative de nous imposer par des décisions de l'ONU un retrait aux lignes (frontières) de 1967 dans un délai de deux ans", a-t-il affirmé. Un tel retour "amènerait les islamistes extrémistes dans les banlieues de Tel-Aviv et au coeur de Jérusalem", a-t-il estimé. "Nous le permettrons pas. Nous le rejetterons fermement et de façon responsable." Avant sa rencontre avec M. Kerry, le Premier ministre israélien doit également rencontrer le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.
M. Kerry doit ensuite se rendre à Paris quelques heures lundi en fin d'après-midi pour y retrouver les ministres français, allemand et britannique des Affaires étrangères, ainsi que la nouvelle chef de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini. La France a lancé depuis plusieurs semaines des consultations avec Londres et Berlin, puis avec Washington et Amman, pour mettre au point un texte de consensus qui obtiendrait le soutien des 15 membres du Conseil de sécurité. Ce texte appellerait à la reprise rapide des négociations israélo-palestiniennes, gelées depuis le printemps, sur la base d'une série de grands principes comme la coexistence pacifique d'Israël et d'un État palestinien.
Selon le responsable américain, il n'y a pas encore de consensus européen sur ce projet de résolution. "Il y a un projet, que les Français ont fait circuler un peu partout, mais cela ne signifie en rien qu'il représente la position européenne", a-t-il déclaré. Il a néanmoins concédé que les Européens jugeaient urgent d'agir. "L'urgence vient surtout de ce qui se passe sur le terrain, le fait que la tension est forte (...), le fait que personne ne veut assister à une escalade qui peut déboucher sur une explosion", a commenté un autre responsable du département d'État. John Kerry s'envolera ensuite pour Londres pour y rencontrer mardi le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat et le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil El Arabi.

(15-12-2014 - Assawra avec les agences de presse)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire