Les Palestiniens soumettront mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU un
projet de résolution pour accélérer leur accession à un Etat
indépendant, malgré la menace d'un veto américain, ont indiqué deux
hauts responsables palestiniens à l'AFP.
"Nous envoyons demain notre projet au Conseil de sécurité de l'ONU", a
dit à l'AFP Nimr Hammad, conseiller du président palestinien Mahmud
Abbas.
Un autre haut responsable palestinien a confirmé cette décision après
une rencontre à Londres entre le négociateur en chef Saëb Erakat et le
secrétaire d'Etat américain John Kerry qui ne s'est visiblement pas bien
passée.
Lors d'entretiens "très longs et très difficiles", les Palestiniens ont
prévenu le chef de la diplomatie des Etats-Unis, principal allié
d'Israël, qu'ils ne renonceraient pas à leur projet de résolution, a
rapporté sous couvert d'anonymat ce haut responsable proche des
discussions.
"Kerry a dit à la délégation palestinienne: nous emploierons notre veto", a-t-il déclaré.
Si les Etats-Unis font usage de leur veto, les Palestiniens demanderont
aussitôt leur adhésion à une série d'organisations et de conventions
internationales, parmi lesquelles la Cour pénale internationale, a
répondu M. Erakat à M. Kerry, selon ce responsable.
Les Etats-Unis sont fermement opposés à ce que les Palestiniens
rejoignent la Cour pénale internationale. Une telle adhésion leur
permettrait de poursuivre Israël pour crimes de guerre.
De manière plus générale, Washington s'oppose aux initiatives
unilatérales qu'on essaierait d'imposer à leur allié israélien sans
passer par des discussions bilatérales.
Mais "nous en avons assez" des discussions bilatérales, a déclaré
Mohammad Chtayyeh, membre du cercle rapproché du président Abbas.
On ignore cependant quel texte les Palestiniens entendent soumettre au Conseil de sécurité.
Les Palestiniens ont entamé leur démarche avec un texte en forme
d'ultimatum réclamant la fin de l'occupation israélienne sous deux ans.
Consciente qu'une telle démarche allait au-devant d'un veto américain,
la France a travaillé à un texte se voulant plus rassembleur.
"Nous avons fusionné" le texte initial et le texte français, a déclaré
M. Chtayyeh. "Il n'y a qu'un seul texte. Nous avons accepté avec joie
les modifications" apportées au cours de discussions avec les Français,
a-t-il ajouté devant des journalistes près de Ramallah, en Cisjordanie.
M. Chtayyeh a indiqué que la France, qui préconisait un délai de deux
ans pour la fin de nouvelles négociations (et non pas de l'occupation
israélienne) avait procédé à des arrangements à la proposition
palestinienne initiale, sans préciser lesquels.
Mais Washington n'est au fond pas intéressé par cette discussion, a-t-il
ajouté. "Les Etats-Unis ne nous demandent pas d'apporter des
modifications au texte. Les Etats-Unis disent: peut-être serait-il plus
sage de votre part d'attendre après les élections israéliennes", a-t-il
dit, faisant référence aux législatives anticipées du 17 mars qui
décideront si le Premier ministre Benjamin Netanyahu est ou non
reconduit.
Les Israéliens ont de leur côté prévenu qu'ils s'opposeraient de toute
force au projet palestinien d'en passer par la communauté internationale
et les Nations unies pour obtenir un Etat indépendant.
Cette initiative est motivée par l'exaspération palestinienne devant
l'échec d'années de discussions, la situation sur le terrain et ce
qu'ils considèrent comme le refus israélien de coexister avec un Etat
palestinien.
(16-12-2014)
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