En partant d'Irak en 2011 dans le cadre du retrait américain de ce pays,
le sergent Michael Lair était loin de s'imaginer qu'il y remettrait un
jour les pieds.
En effet, après près de neuf ans de guerre, les violences qui avaient
coûté la vie à des dizaines de milliers d'Irakiens et des milliers de
soldats américains étaient alors au plus bas.
Mais à peine trois ans plus tard, Michael Lair est de retour. Cette
fois, sa mission est de conseiller et préparer l'armée irakienne à
lutter contre le groupe extrémiste sunnite Etat islamique qui s'est
emparé en quelques semaines de pans entiers du pays face à des forces de
sécurité totalement dépassées.
L'aviation américaine mène par ailleurs des frappes depuis août sur les régions tenues par les jihadistes.
"Je ne pensais pas qu'on reviendrait", confie le soldat depuis l'énorme
base de Taji, au nord de Bagdad, un fusil d'assaut lui barrant la
poitrine.
En 2011, "on faisait le tour de toutes les bases opérationnelles
avancées du pays pour récupérer le matériel et l'emporter au Koweït par
la route", se rappelle-t-il. "C'était un grand moment. On repartait avec
nos affaires, un plutôt bon signe".
Mais quand on l'a envoyé au Koweït en juin dernier, au moment où l'EI
approchait de Bagdad, le sergent Leir se doutait bien qu'un retour en
Irak était dans l'air. "Je me suis dit '+sois prêt à partir, parce que
je suis sûr qu'on ne va pas juste s'asseoir et regarder+".
"C'est la 4e fois que je pars. Je m'y suis fait, je ne connais rien d'autre. C'est devenu une habitude", poursuit-il.
Michael Lair fait partie des quelque 180 militaires américains installés
sur la base de Taji --où son armée était déjà présente pendant
l'occupation--, un chiffre qui pourrait augmenter, explique le capitaine
Tyler Hitter.
La base est l'un des cinq sites sur lesquels les Etats-Unis et leurs
alliés dans la lutte contre les jihadistes espèrent entraîner 5.000
militaires irakiens toutes les six à huit semaines, selon le général
Dana Pittard.
L'entraînement portera sur "les bases nécessaires à acquérir pour la contre-attaque", explique-t-il.
Les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars pour l'entraînement
et l'équipement des forces irakiennes après 2003, mais cette aide s'est
réduite avec le retrait américain.
Les soldats américains estiment que l'armée irakienne n'a pas poursuivi
l'entraînement nécessaire pour maintenir à niveau ses capacités et cela,
combiné avec un pouvoir miné par les divisions, a largement contribué à
la débâcle face à l'EI.
Taji est utilisée par l'armée irakienne depuis 2011, mais les signes de
la présence américaine passée sont toujours bien présents.
Une partie des murs en béton est encore recouverte de graffitis ou de
surnoms de certaines unités. Une boîte vide de Copenhagen, le tabac à
chiquer préféré des soldats, traîne encore dans un coin.
Le sergent-chef Marlon Daily en est à sa quatrième mission en Irak depuis 2003.
La dernière fois qu'il a quitté le pays, début 2011, il ne pensait
"honnêtement" pas revenir, reconnaît-il. "Mais être déployé, comme tous
les soldats, c'est ce que je veux. Être là, faire la différence".
L'offensive de l'EI, et tout particulièrement la prise par les
jihadistes de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, où il a été en poste,
l'a choqué.
Le sergent-major Robert Keith en est à sa 5e mission en Irak. Lui non plus ne pensait pas revenir.
"Tout s'arrêtait, on se retirait tous vers le Koweït", se souvient-il.
Au fil de ses précédents séjours, dont certains passés à entraîner des
soldats irakiens, le sergent-major a constaté "beaucoup de progrès, et
beaucoup de changements". Voir que tout cela a été balayé par l'EI est
"frustrant", confie-t-il.
"Quand vous avez accompli tant de choses et que vous revenez (...) c'est
comme repartir de zéro". Mais ça ne l'empêche pas d'être content d'être
de retour.
"J'aime venir en Irak, les gens sont géniaux ici, l'hospitalité...", lance-t-il. "Quand je dis ça, on me dit que je suis fou".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire