Le Conseil de sécurité des Nations unies va voter mardi sur une
résolution palestinienne portant sur un accord de paix avec Israël, mais
rejetée d'emblée par les Etats-Unis.
"Nous avons décidé que nous allions passer au vote au Conseil de
sécurité sur la résolution", a déclaré l'ambassadrice de Jordanie à
l'ONU, Dina Kawar.
Le Conseil doit se réunir à 22H00 GMT (17H00 heure locale).
Les Palestiniens avaient apporté lundi des modifications à leur projet
de résolution et demandé que le texte soit soumis au Conseil de sécurité
dès cette semaine.
Mais les Etats-Unis, proches alliés d'Israël et membres permanents du
Conseil, ont redit mardi leur opposition au texte, sans préciser s'ils
voteraient contre ou s'abstiendraient.
"Nos inquiétudes sont multiples. Il y a une inquiétude sur le
calendrier. Qui pose des délais arbitraires. Cela n'aiderait pas les
négociations", a réaffirmé Jeffrey Rathke, un porte-parole du
département d'Etat, lors d'un point de presse. Les Etats-Unis ont aussi
"des inquiétudes sur les besoins légitimes d'Israël en matière de
sécurité", a-t-il ajouté.
"Cela a été fait dans la précipitation et c'est pourquoi nous ne
soutiendrons pas ce texte, que ce soit son contenu ou les bases du
calendrier", a précisé le responsable américain.
Le
secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu par téléphone
ces dernières 48 heures avec les responsables de 12 pays et le président
palestinien Mahmud Abbas, a indiqué M. Rathke.
M. Kerry a parlé ainsi au président du Rwanda Paul Kagame ainsi qu'à ses
homologues de Jordanie, d'Arabie saoudite, d'Egypte, de Russie, du
Royaume-uni, de l'Union européenne, du Chili, de la Lituanie, du
Luxembourg, d'Allemagne et de France.
"De nombreux pays ont dit qu'ils ne pourraient pas soutenir cette
résolution. Et même parmi ces pays, il y en a qui soutiennent les
Palestiniens depuis longtemps et qui ont indiqué qu'ils ne voteraient
pas en faveur" du texte, a fait valoir le responsable américain.
"Beaucoup d'entre eux ont aussi reconnu qu'il s'agissait d'une
résolution inopportune et non constructive", a ajouté le représentant de
la diplomatie américaine.
M. Rathke avait estimé lundi que "le risque est plus grand que les
négociations soient entravées qu'elles ne soient couronnées de succès".
Lors d'une réunion de deux heures lundi, convoquée par la Jordanie, qui
siège au Conseil, le groupe arabe à l'ONU avait, lui, apporté son
soutien au document modifié.
Les amendements prévoient Jérusalem-Est, occupée et annexée, comme
capitale d'un Etat palestinien, le règlement de la question des
prisonniers palestiniens, l'arrêt de la colonisation israélienne et
rappellent le caractère illégal du mur de séparation.
Le texte prévoit en outre un accord de paix dans un délai de douze mois,
et le retrait israélien des Territoires occupés avant fin 2017.
L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a indiqué qu'il ne voterait
pas en faveur de la résolution, en raison notamment "des termes sur les
délais, des nouveaux termes sur les réfugiés".
L'ambassadeur palestinien Riyad Mansour a exhorté le Conseil à adopter
le texte pour montrer que "toute la communauté internationale
s'intéresse à la question palestinienne" alors que plusieurs pays ont
reconnu récemment la Palestine comme un Etat.
Dans
une allusion aux Etats-Unis, M. Mansour a affirmé que les pays arabes
et européens avaient cherché un compromis pour "ouvrir une porte à la
paix au Conseil de sécurité" mais qu'"une partie ne voulait pas suivre
le consensus mondial".
Il semble improbable, selon des diplomates, que le texte recueille les 9
voix nécessaires (sur 15 pays au Conseil de sécurité) à son adoption,
ce qui éviterait aux Etats-Unis d'exercer leur droit de veto.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont un droit de veto:
les Etats-Unis, la France, le Royaume-uni, la Russie, et la Chine.
Or un veto américain risquerait de provoquer la colère des pays arabes
alliés des Etats-Unis dans la coalition qui combat les jihadistes de
l'Etat islamique en Syrie et en Irak.
Un projet de résolution avait été formellement présenté au Conseil de
sécurité il y a moins de deux semaines, mais les Etats-Unis avaient
indiqué qu'ils ne soutiendraient pas le texte.
Les Palestiniens s'étaient alors dits prêts à l'amender pour échapper à un veto des Etats-Unis.
Finalement les ambassadeurs n'ont pas attendu janvier et l'arrivée de
cinq nouveaux membres au Conseil (Angola, Malaisie, Nouvelle-Zélande,
Espagne et Venezuela) considérés comme étant plus favorables à la cause
palestinienne.
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