mardi 30 décembre 2014

Israël/Palestine : Vote à l'ONU sur une résolution palestinienne rejetée d'emblée par Washington

Le Conseil de sécurité des Nations unies va voter mardi sur une résolution palestinienne portant sur un accord de paix avec Israël, mais rejetée d'emblée par les Etats-Unis.
"Nous avons décidé que nous allions passer au vote au Conseil de sécurité sur la résolution", a déclaré l'ambassadrice de Jordanie à l'ONU, Dina Kawar.
Le Conseil doit se réunir à 22H00 GMT (17H00 heure locale).
Les Palestiniens avaient apporté lundi des modifications à leur projet de résolution et demandé que le texte soit soumis au Conseil de sécurité dès cette semaine.
Mais les Etats-Unis, proches alliés d'Israël et membres permanents du Conseil, ont redit mardi leur opposition au texte, sans préciser s'ils voteraient contre ou s'abstiendraient.
"Nos inquiétudes sont multiples. Il y a une inquiétude sur le calendrier. Qui pose des délais arbitraires. Cela n'aiderait pas les négociations", a réaffirmé Jeffrey Rathke, un porte-parole du département d'Etat, lors d'un point de presse. Les Etats-Unis ont aussi "des inquiétudes sur les besoins légitimes d'Israël en matière de sécurité", a-t-il ajouté.
"Cela a été fait dans la précipitation et c'est pourquoi nous ne soutiendrons pas ce texte, que ce soit son contenu ou les bases du calendrier", a précisé le responsable américain.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu par téléphone ces dernières 48 heures avec les responsables de 12 pays et le président palestinien Mahmud Abbas, a indiqué M. Rathke.
M. Kerry a parlé ainsi au président du Rwanda Paul Kagame ainsi qu'à ses homologues de Jordanie, d'Arabie saoudite, d'Egypte, de Russie, du Royaume-uni, de l'Union européenne, du Chili, de la Lituanie, du Luxembourg, d'Allemagne et de France.
"De nombreux pays ont dit qu'ils ne pourraient pas soutenir cette résolution. Et même parmi ces pays, il y en a qui soutiennent les Palestiniens depuis longtemps et qui ont indiqué qu'ils ne voteraient pas en faveur" du texte, a fait valoir le responsable américain.
"Beaucoup d'entre eux ont aussi reconnu qu'il s'agissait d'une résolution inopportune et non constructive", a ajouté le représentant de la diplomatie américaine.
M. Rathke avait estimé lundi que "le risque est plus grand que les négociations soient entravées qu'elles ne soient couronnées de succès".
Lors d'une réunion de deux heures lundi, convoquée par la Jordanie, qui siège au Conseil, le groupe arabe à l'ONU avait, lui, apporté son soutien au document modifié.
Les amendements prévoient Jérusalem-Est, occupée et annexée, comme capitale d'un Etat palestinien, le règlement de la question des prisonniers palestiniens, l'arrêt de la colonisation israélienne et rappellent le caractère illégal du mur de séparation.
Le texte prévoit en outre un accord de paix dans un délai de douze mois, et le retrait israélien des Territoires occupés avant fin 2017.
L'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant a indiqué qu'il ne voterait pas en faveur de la résolution, en raison notamment "des termes sur les délais, des nouveaux termes sur les réfugiés".
L'ambassadeur palestinien Riyad Mansour a exhorté le Conseil à adopter le texte pour montrer que "toute la communauté internationale s'intéresse à la question palestinienne" alors que plusieurs pays ont reconnu récemment la Palestine comme un Etat.
Dans une allusion aux Etats-Unis, M. Mansour a affirmé que les pays arabes et européens avaient cherché un compromis pour "ouvrir une porte à la paix au Conseil de sécurité" mais qu'"une partie ne voulait pas suivre le consensus mondial".
Il semble improbable, selon des diplomates, que le texte recueille les 9 voix nécessaires (sur 15 pays au Conseil de sécurité) à son adoption, ce qui éviterait aux Etats-Unis d'exercer leur droit de veto.
Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont un droit de veto: les Etats-Unis, la France, le Royaume-uni, la Russie, et la Chine.
Or un veto américain risquerait de provoquer la colère des pays arabes alliés des Etats-Unis dans la coalition qui combat les jihadistes de l'Etat islamique en Syrie et en Irak.
Un projet de résolution avait été formellement présenté au Conseil de sécurité il y a moins de deux semaines, mais les Etats-Unis avaient indiqué qu'ils ne soutiendraient pas le texte.
Les Palestiniens s'étaient alors dits prêts à l'amender pour échapper à un veto des Etats-Unis.
Finalement les ambassadeurs n'ont pas attendu janvier et l'arrivée de cinq nouveaux membres au Conseil (Angola, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Espagne et Venezuela) considérés comme étant plus favorables à la cause palestinienne.

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