jeudi 25 décembre 2014

Mauritanie : Un homme condamné à mort pour apostasie

La première condamnation à mort pour apostasie de l'histoire de la Mauritanie depuis son indépendance en 1960 a été prononcée dans la soirée du mercredi 24 décembre, à Nouadhibou. Un jeune homme a été inculpé après un écrit considéré comme blasphématoire.

L'accusé, Mohamed Cheikh Ould Mohamed, détenu depuis le 2 janvier, avait plaidé non coupable mardi à l'ouverture de son procès. Lorsque la Cour a révélé la sentence, le prévenu, proche de la trentaine, s'est évanoui. Il a été ranimé puis reconduit en prison.
L'énoncé du verdict a été suivi de bruyantes scènes de joie dans la salle d'audience du tribunal et à travers la ville de Nouadhibou avec des rassemblements ponctués de concerts de klaxons d'habitants à moto ou en voiture. Aucune indication n'était disponible dans l'immédiat sur un éventuel recours.

« DÉFENDRE UNE COUCHE DE LA POPULATION »
A l'audience inaugurale, un juge avait rappelé à l'accusé qu'il a été inculpé d'apostasie « pour avoir parlé avec légèreté du prophète Muhammad (sws) » dans un article publié brièvement sur des sites Internet mauritaniens. Il contestait des décisions prises par Muhammad (sws) et ses compagnons durant les guerres saintes.
Le jeune homme accusait la société de son pays de perpétuer un « ordre social inique hérité » de cette époque. Devant la cour, Mohamed Cheikh Ould Mohamed avait expliqué que « son intention n'était pas de porter atteinte au Prophète (sws), (...) mais de défendre une couche de la population mal considérée et maltraitée ».
L'accusé a affirmé devant la cour : « Si on peut comprendre [à travers mon texte] ce pour quoi je suis inculpé, je le nie complètement et m'en repens ouvertement. » Mercredi soir, ses deux avocats, commis d'office, ont insisté sur son repentir et estimé que cela devrait être pris en compte en sa faveur.

LA CHARIA EN VIGUEUR DANS LE PAYS

La Mauritanie est une République islamique où la charia (loi islamique) est en vigueur, mais dont les sentences extrêmes comme la mort et la flagellation ne sont plus appliquées depuis environ trois décennies.
Toutefois, ces dernières années, plusieurs personnes jugées notamment pour assassinat ou faits de terrorisme, ont été condamnées à la peine capitale. Cette décision a été exécutée pour la dernière fois en 1987, selon Amnesty International.

(25-12-2014 - Le Monde)



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