Le chef de l'opposition chiite à Bahreïn, cheikh Ali Salmane, inculpé
notamment d'incitation à un changement de régime, a été placé en
détention pour sept jours, a annoncé mardi le parquet.
Arrêté dimanche à Manama, cheikh Salmane, 49 ans, est accusé d'appel à
la haine et à la violence pour changer le régime dans ce royaume du
Golfe à majorité chiite dirigé par la dynastie sunnite des Al-Khalifa.
Le chef d'Al-Wefaq ("L'entente"), principal mouvement de l'opposition à
Bahreïn, avait été convoqué au ministère de l'Intérieur dimanche matin.
Lundi soir, il a été formellement inculpé "d'incitation à un changement
de régime par la force, par des menaces et des moyens illégaux, et
d'insulte publique envers le ministère de l'Intérieur".
Selon le procureur général, cheikh Salmane est également accusé d'avoir
incité à "la haine envers un segment de la population", une référence à
la communauté sunnite.
L'opposant, qui a pu voir quatre de ses avocats avant un nouvel
interrogatoire mardi, a été "confronté à des enregistrements (de ses
discours) comportant des appels et des incitations qui justifient le
recours à la violence et impliquent une menace de recourir à la force
militaire contre l'autorité de l'Etat", a affirmé le procureur général
Nayef Youssef Mahmoud dans un communiqué.
Au terme de l'interrogatoire, il a été décidé de maintenir "l'accusé en
détention pendant sept jours à titre préventif pour les besoins de
l'enquête", a-t-il ajouté.
Réagissant très vite, le Wefaq a estimé que cette mesure "grave"
témoignait de "l'ampleur de la crise politique" à Bahreïn. Elle "ferme
toutes les portes à un règlement politique", a ajouté le mouvement.
Mais le Wefaq a été rappelé à l'ordre par le ministère de la Justice qui
l'a accusé dans un communiqué d'"utiliser des forums et des hommes
religieux dans ses activités politiques, en contravention avec les
principes de l'action politique".
Le ministère prévient que "si le Wefaq continue (...) ce sera une grave
déviation", par rapport à la loi sur les associations politiques qui
agissent de fait comme des partis, formellement interdits à Bahreïn.
Pressé de se conformer à cette toi, le Wefaq a tenu vendredi dernier son
congrès général, au cours duquel il a reconduit Ali Salmane dans ses
fonctions.
Depuis dimanche soir, des manifestations sporadiques émaillées
d'incidents ont lieu dans des banlieues à majorité chiite de Manama,
selon des témoins. Des heurts ont notamment éclaté entre policiers et
manifestants près de la résidence de cheikh Salmane, les forces de
sécurité faisant usage de gaz lacrymogènes.
Proche allié des Etats-Unis et siège de la Ve flotte américaine, Bahreïn
(1,3 million d'habitants) est secoué depuis février 2011 par un
mouvement de contestation animé par la majorité chiite qui réclame une
vraie monarchie constitutionnelle.
La dynastie sunnite des Al-Khalifa a jusqu'ici réprimé d'une poigne de
fer toutes les manifestations violentes. Des élections législatives,
organisées en novembre, ont été boycottées par l'opposition.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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