Le secrétaire d'État américain John Kerry doit rencontrer lundi à Rome
le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, alors que les
Palestiniens ont annoncé qu'ils soumettraient mercredi à l'ONU un projet
de résolution réclamant la fin de l'occupation israélienne d'ici à deux
ans. John Kerry multiplie actuellement les entretiens en Europe pour
tenter de relancer le processus de paix israélo-palestinien. Il a
notamment abordé le sujet dimanche avec son homologue russe, Sergueï
Lavrov. Ce dernier a évoqué le Proche-Orient et la nécessité d'éviter
que "la situation ne se détériore encore davantage", assurant chercher
"ce qui peut être fait ensemble pour l'éviter".
Selon un responsable du département d'État, les deux hommes "se sont mis
d'accord pour continuer à travailler étroitement sur le sujet (du
Proche-Orient) et ont souligné la nécessité que toutes les parties
prennent des mesures visant à réduire la tension". L'annonce des
Palestiniens est tombée dans la soirée via une déclaration de Wassel
Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation de libération de la
Palestine (OLP) : "La direction palestinienne a décidé d'aller devant le
Conseil de sécurité mercredi pour qu'il vote le projet (demandant) la
fin de l'occupation" israélienne.
Cette initiative risque de se heurter au veto américain. Washington
s'oppose à toute mesure unilatérale de la part des Palestiniens visant à
obtenir des Nations unies la reconnaissance d'un État, jugeant qu'il
doit être l'aboutissement de négociations de paix. Interrogé sur le
projet de résolution que la Jordanie avait fait circuler le mois dernier
au nom des Palestiniens et qui réclamait d'ici à novembre 2016 un
retrait israélien de "la totalité des territoires occupés depuis 1967",
un responsable du département d'État a déclaré : "Ce n'est pas la façon
dont, je pense, il nous faut appréhender une négociation très
compliquée, en imposant une échéance de deux ans."
Benyamin Netanyahou, de son côté, a rejeté lundi tout ultimatum des
Palestiniens, deux jours avant la date annoncée par ceux-ci pour
soumettre à l'ONU un projet de résolution. "Nous n'accepterons pas les
tentatives visant à nous imposer des mesures unilatérales dans un délai
déterminé, alors que l'islamisme radical se propage dans le monde
entier", a-t-il dit dans des propos diffusés par la radio militaire au
moment où il s'envolait pour Rome afin d'y rencontrer le secrétaire
d'État américain John Kerry.
Le Premier ministre israélien avait déjà rejeté catégoriquement dimanche
l'idée d'un retrait de Cisjordanie et de Jérusalem-Est d'ici à deux
ans. "Nous sommes confrontés à la possibilité d'une attaque
diplomatique, autrement dit d'une tentative de nous imposer par des
décisions de l'ONU un retrait aux lignes (frontières) de 1967 dans un
délai de deux ans", a-t-il affirmé. Un tel retour "amènerait les
islamistes extrémistes dans les banlieues de Tel-Aviv et au coeur de
Jérusalem", a-t-il estimé. "Nous ne le permettrons pas. Nous le
rejetterons fermement et de façon responsable." Le ministère israélien
des Affaires étrangères n'a pas souhaité faire de commentaire en amont
de la rencontre entre John Kerry et Benyamin Netanyahou.
Le diplomate américain doit aussi se rendre quelques heures lundi à
Paris pour y retrouver les ministres français, allemand et britannique
des Affaires étrangères, ainsi que la nouvelle chef de la diplomatie de
l'Union européenne, Federica Mogherini. Il sera alors question "de la
situation au Proche-Orient et de l'initiative que nous soutenons au
Conseil de sécurité pour encourager un redémarrage rapide du processus
de paix", a précisé le ministère français des Affaires étrangères.
La France a lancé depuis plusieurs semaines des consultations avec
Londres et Berlin, puis avec Washington et Amman, pour mettre au point
un texte de consensus qui obtiendrait le soutien des 15 membres du
Conseil de sécurité. Ce texte appellerait à la reprise rapide des
négociations israélo-palestiniennes, gelées depuis le printemps, sur la
base d'une série de grands principes comme la coexistence pacifique
d'Israël et d'un État palestinien.
Selon le responsable américain, il n'y a pas encore de consensus
européen sur ce projet de résolution. "Il y a un projet, que les
Français ont fait circuler un peu partout, mais cela ne signifie en rien
qu'il représente la position européenne", a-t-il déclaré. Il a
néanmoins concédé que les Européens jugeaient urgent d'agir. "L'urgence
vient surtout de ce qui se passe sur le terrain, le fait que la tension
est forte (...), le fait que personne ne veut assister à une escalade
qui peut déboucher sur une explosion", a commenté un autre responsable
du département d'État. John Kerry s'envolera ensuite pour Londres pour y
rencontrer mardi le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat et le
secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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