Les Palestiniens ont annoncé qu'ils soumettraient mercredi à l'ONU un
projet de résolution réclamant la fin de l'occupation israélienne d'ici
deux ans, au moment où le secrétaire d'Etat américain John Kerry
multiplie les entretiens en Europe pour tenter de relancer le processus
de paix.
"La direction palestinienne a décidé d'aller devant le Conseil de
sécurité (de l'ONU) mercredi pour qu'il vote le projet (demandant) la
fin de l'occupation" israélienne d'ici 2016, a déclaré dimanche à l'AFP
Wassel Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation de libération
de la Palestine (OLP).
Le dernier round de négociations de paix israélo-palestiniennes initiées
en 2013 par M. Kerry a échoué en avril 2014 après neuf mois d'efforts.
Face au blocage, la direction palestinienne a fait le choix d'en passer
par la communauté internationale.
Mais le projet palestinien risque de se heurter au véto des Etats-Unis.
Washington s'oppose à toute mesure unilatérale des Palestiniens visant à
obtenir de l'ONU la reconnaissance d'un Etat, jugeant qu'il doit être
l'aboutissement de négociations de paix.
Interrogé sur le projet de résolution que la Jordanie avait fait
circuler le mois dernier au nom des Palestiniens et qui réclamait d'ici à
novembre 2016 un retrait israélien de "la totalité des territoires
occupés depuis 1967", un responsable du département d'Etat a déclaré:
"ce n'est pas la façon dont, je pense, il nous faut appréhender une
négociation très compliquée en imposant une échéance de deux ans".
M. Kerry a entamé dimanche une tournée de trois jours en Europe. Il doit
s'entretenir lundi avec le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu, qui a rejeté catégoriquement l'idée d'un retrait de
Cisjordanie et de Jérusalem-Est d'ici deux ans.
"Nous sommes confrontés à la possibilité d'une attaque diplomatique,
autrement dit une tentative de nous imposer par des décisions de l'ONU
un retrait aux lignes de 1967 dans un délai de deux ans (...) Nous le
permettrons pas. Nous le rejetterons fermement et de façon responsable",
a-t-il martelé dimanche.
Outre M. Netanyahu, M. Kerry rencontrera lundi à Paris les ministres
français, allemand et britannique des Affaires étrangères, ainsi que la
chef de la diplomatie européenne.
Il sera notamment question "de l'initiative que nous soutenons au
Conseil de sécurité pour encourager un redémarrage rapide du processus
de paix", a expliqué le Quai d'Orsay.
La France a lancé depuis plusieurs semaines des consultations avec
Londres, Berlin, Washington et Amman, pour mettre au point un texte de
consensus qui serait présenté au Conseil de sécurité.
Celui-ci appellerait à la reprise rapide des négociations
israélo-palestiniennes, selon une série de grands principes comme la
coexistence pacifique d'Israël et d'un Etat palestinien. Il fixerait une
échéance, peut-être deux ans, pour la fin de ces négociations. Dans une
deuxième étape, Paris envisage une conférence internationale pour
encadrer et soutenir les négociations, avec la participation des pays
arabes.
Selon le responsable du département d'Etat, il n'y a pas encore de
consensus européen: "il y a un projet, que les Français ont fait
circuler un peu partout, mais cela ne signifie en rien qu'il représente
la position européenne".
Il a néanmoins concédé que les Européens jugeaient urgent d'agir.
"Personne ne veut assister à une escalade qui peut déboucher sur une
explosion" de violences, a commenté un autre responsable du département
d'Etat.
John Kerry s'entretiendra par ailleurs mardi à Londres avec le
négociateur en chef palestinien Saëb Erakat et le secrétaire général de
la Ligue Arabe, Nabil El Arabi.
"Notre objectif est d'écouter les différents acteurs (...) et dans la
mesure du possible, trouver un chemin commun", a déclaré un des
responsables du département d'Etat. "Nous voulons tous désamorcer les
tensions et réduire le potentiel de violence, nous voulons tous garder
en vie l'espoir d'une solution à deux Etats".
S'ils n'obtiennent pas le vote d'une résolution qui leur convienne, les
Palestiniens menacent d'adhérer à la Cour pénale internationale (CPI),
comme leur statut d'Etat observateur non membre à l'ONU, obtenu en
novembre 2012, leur en donne le droit. Ce qui ouvrirait la voie à des
plaintes contre Israël pour crimes de guerre à Gaza.
Le représentant palestinien à l'ONU Ryad Mansour a cependant nuancé ces
menaces jeudi: le vote de la résolution et l'adhésion à la CPI "ne sont
pas nécessairement liés", a-t-il expliqué.
Les Palestiniens veulent profiter de la multiplication des décisions de
Parlements européens (France, Royaume-Uni, Espagne, Irlande, Portugal)
invitant leurs gouvernements à reconnaître un Etat palestinien.
Selon l'Autorité palestinienne, quelque 135 pays dans le monde
reconnaissent l'Etat de Palestine, le dernier en date étant la Suède.
(14-12-2014)
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