Les Palestiniens doivent proposer mercredi au Conseil de sécurité de
l'ONU une résolution réclamant la fin de l'occupation israélienne,
frustrés qu'ils sont par l'impasse au Proche-Orient et par l'attentisme
des Etats-Unis qui les menacent d'un veto.
Le texte "sera présenté aujourd'hui (mercredi) au Conseil de sécurité", a
confirmé mercredi le chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Malki
à l'AFP.Il pourrait être "soumis à un vote 24 heures après", a-t-il ajouté. Il a toutefois évoqué la possibilité d'un retard "au cas où aucun des 15 membres du Conseil de sécurité ne demande qu'il soit soumis à un vote".
Pour l'instant le texte palestinien n'a pas encore été distribué, ont indiqué des ambassadeurs à l'ouverture mercredi matin d'une réunion du Conseil consacrée à la Syrie.
"Nous n'avons pas encore vu de nouveau texte de la part des Palestiniens, et encore moins en bleu" (jargon onusien pour un texte prêt à être voté, ndlr), a déclaré à des journalistes l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant.
Selon l'ambassadrice jordanienne Dina Kawar, le groupe des pays arabes et les Palestiniens devaient tenir une réunion en fin de matinée pour se concerter sur la suite des événements. La Jordanie, a-t-elle souligné, "travaille à mettre au point un texte consensuel mais nous n'en sommes pas encore là".
Les représentants de France, Etats-Unis, Royaume-Uni et Jordanie ont aussi prévu de se rencontrer en fin d'après-midi, selon des diplomates.
Même après le dépôt d'un texte il faudra encore quelques jours pour qu'il soit traduit et que les ambassadeurs du Conseil consultent leurs capitales pour savoir s'ils choisissent le veto (apanage des cinq membres permanents), le oui, ou l'abstention.
M. al-Malki a précisé que le texte était largement inspiré par les propositions françaises. C'est "le projet français qui a été amendé avec les observations (...) palestiniennes", a-t-il indiqué.
Le ministre n'a pas indiqué si le projet inclura une clause sur une date butoir pour la fin de l'occupation israélienne, que les Palestiniens réclament d'ici deux ans.
Washington martèle qu'un accord de paix ne peut résulter que de négociations directes, et non d'une initiative unilatérale à l'ONU et a menacé de bloquer la résolution.
Mais les Palestiniens semblent d'autant plus impatients d'en découdre que la tournée diplomatique du secrétaire d'Etat américain John Kerry n'a débouché sur aucune ouverture.
En pleine campagne pour les élections israéliennes du 17 mars, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté tout ultimatum et a accusé les Européens d'avoir pris fait et cause pour les Palestiniens.
Les Européens, France en tête, travaillent depuis des semaines à un texte de compromis, susceptible de calmer les Palestiniens mais acceptable aussi pour Washington et son allié israélien. Autant dire la quadrature du cercle, ce qui explique que ces négociations piétinent.
Pris en tenailles entre l'intransigeance israélienne d'un côté et de l'autre l'activisme européen et la frustration palestinienne, les Etats-Unis temporisent. John Kerry a jugé mardi à Londres qu'il était "impératif de faire retomber la température".
Même si ces tractations échouent, "la question palestinienne ne va pas disparaître d'elle-même", souligne l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour. Il prévoit que les Palestiniens passeront alors à "une nouvelle phase" de leur offensive diplomatique.
S'exprimant pour la première fois lundi devant l'assemblée des Etats membres de la Cour pénale internationale (CPI), M. Mansour a confirmé la volonté des Palestiniens de rejoindre "au moment opportun" la CPI, afin d'y mettre Israël en accusation pour crimes de guerre à Gaza.
Les Palestiniens ont aussi en réserve d'autres initiatives. Par exemple, demander au Conseil de soutenir la candidature de la Palestine, actuellement Etat observateur non membre, comme Etat membre à part entière des Nations unies.
Cette démarche, qui se heurterait sans nul doute à un veto américain, vise à profiter du soutien croissant des parlements en Europe à la reconnaissance d'un Etat palestinien.
Le Parlement européen a apporté mercredi un soutien " de principe" à
cette reconnaissance, sans toutefois demander aux pays de l'Union
européenne de le faire.
L'autre projet est de faire adopter par l'Assemblée générale une
résolution non contraignante dénonçant la colonisation israélienne en
Cisjordanie. Cette mesure symbolique pourrait recueillir un large
soutien et il n'y a pas de veto à l'Assemblée.
(17-12-2014 - Assawra)
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