mercredi 24 décembre 2014

Israël/Palestine : Triste Noël pour les chrétiens de Gaza ravagée par la guerre

Une famille chrétienne palestinienne assiste à un office avant Noël à l'église orthodoxe de Gaza le 22 décembre 2014. (Correspondant local d'Assawra)

Guirlande en main, Sara décore le sapin avec ses parents. Mais mercredi soir, elle fêtera Noël sans eux. La petite Gazaouie n'a pas obtenu le laissez-passer israélien pour se rendre à Bethléem, lieu de naissance de Jésus selon la tradition.
Seuls un peu plus de 500 chrétiens de Gaza, dont les parents de Sara, ont été autorisés par l'Etat hébreu à quitter l'enclave palestinienne pour aller assister à la messe de minuit dans l'église de la Nativité, en Cisjordanie occupée.
"C'est un Noël joyeux mais aussi un peu triste parce que je n'ai pas eu le laissez-passer pour accompagner mes parents", confie la jeune fille de 11 ans, en écho à sa mère Abir Moussaad, qui évoque "une joie en demi-teinte".
Avec son mari, elle pourra célébrer la naissance du Christ dans sa ville natale. Ses enfants, eux, iront "voir le Père Noël jeudi à l'église à Gaza". "Pour qu'ils nous donnent nos cadeaux", dit Sara.
A Gaza, les adultes ont tout fait pour que la fête des enfants ne soit pas gâchée mais ils n'en oublient pas pour autant la récente guerre, ses morts et ses dégâts, comme le rappelle Oum Georges, 60 ans, l'une des chanceuses ayant obtenu le droit de rejoindre Bethléem.
"Dans cette atmosphère particulière, nous allons célébrer Noël pour essayer d'oublier les souffrances de la guerre", explique cette Gazaouie qui a perdu sa soeur dans un raid de l'armée israélienne durant l'été.
Dans les rues qui portent encore les stigmates d'une guerre qui a tué plus de 2000 Gazaouis, dont une majorité de civils, des magasins se sont parés de décorations de Noël.
La grande majorité des 3500 chrétiens de Gaza devra s'en contenter, faute d'avoir obtenu le petit bout de papier qui leur aurait permis de parcourir les quelques dizaines de kilomètres les séparant de Bethléem.
Abdallah Jahchan est l'un d'eux. Avec sa fiancée Janet, il avait déposé une demande pour Bethléem. Mais les Israéliens l'ont rejetée.
Alors il passera le réveillon à Gaza, sans en faire trop. "On veut une célébration joyeuse mais le sang des martyrs qui a coulé pendant la guerre est encore frais (...) On va célébrer la messe et faire une petite fête, simple", annonce-t-il.
Tony al-Masri, 60 ans, a lui aussi installé un sapin, mais le coeur n'y est pas vraiment: "à l'intérieur, je suis triste pour mon peuple qui souffre de la guerre". "La guerre nous a tous affectés, chrétiens comme musulmans, alors je prie pour la paix et l'unité", ajoute-t-il.
George, qui préfère ne pas donner son nom de famille, prie, lui, pour la fin des "intégristes" et des attaques contre les chrétiens.
"Car même si les radicaux ne sont pas nombreux, comme ceux de l'organisation Etat islamique, (...) ils n'hésitent pas à nous viser, comme ils l'ont déjà fait", assure cet homme de 38 ans.
En février, des hommes non identifiés avaient ainsi déposé une charge explosive près de l'église de la Sainte Famille dans la ville de Gaza.

(23-12-2014)

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