jeudi 26 avril 2012

Syrie: Le CNS réclame une réunion d'urgence de l'ONU

Le CNS a réclamé jeudi une réunion d’urgence de l’ONU après le pilonnage de Hama (centre), au lendemain d’un appel lancé par Paris à faire pression pour une résolution autorisant l’usage de la force en cas d’échec du plan de l’émissaire Kofi Annan.

"Nous demandons une réunion d’urgence afin de prendre une résolution d’urgence pour protéger les civils", a affirmé le CNS dans un communiqué, disant faire "porter la responsabilité de ce qui se passe sur le terrain en Syrie à la communauté internationale".

Depuis lundi, une quarantaine de civils ont péri dans des bombardements sur Hama, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), malgré la présence dans la ville de deux observateurs de l’ONU qui n’ont jusqu’à présent pas réussi à faire respecter un cessez-le-feu instauré il y a deux semaines.
La Ligue syrienne des droits de l’Homme (LSDH) a rapporté que neuf militants avaient été abattus après avoir rencontré ces observateurs non-armés de l’ONU qui sillonnent le pays depuis leur arrivée le 15 avril.
Et les violences se sont poursuivies jeudi, faisant six morts, dont quatre civils tués par les forces gouvernementales — deux à Mareh (nord) et deux autres dans la province de Deir Ezzor (est) —, selon l’OSDH.

De plus, un déserteur a péri dans de violents combats avec l’armée à Zamalka, aux portes de Damas, et un soldat a été tué par l’explosion d’une bombe au passage de son véhicule à Deir Ezzor, selon la même source.

Mercredi, l’OSDH avait évoqué un bilan de 27 civils tués par les forces gouvernementales.
De son côté, l’agence officielle Sana a annoncé la mort jeudi de cinq civils, attribuée à des "terroristes".
Le ministre de l’Information, Adnan Mahmud, a d’ailleurs accusé des "groupes terroristes armés", auxquels le régime assimile rebelles et opposants, d’avoir commis "plus de 1.300 violations" de la trêve et appelé Kofi Annan à "de réels efforts" pour lutter contre eux et contre "les pays qui les soutiennent".

La Russie a également accusé l’opposition de recourir à une "tactique du terrorisme".

Le général Mustafa Ahmed Al-Cheikh, chef du Conseil militaire de l’Armée syrienne libre (ASL), a pour sa part estimé que la mission de 300 observateurs prévu par une résolution de l’ONU était vouée à l’échec et a de nouveau réclamé une intervention étrangère, dans un entretien au journal Asharq al-Awsat."La mission des observateurs de l’ONU ne sera jamais un succès car la nature même du régime repose sur un mode de pensée sécuritaire", a-t-il affirmé, voyant deux solutions à la crise : "soit un mécanisme au Conseil de sécurité pour faire tomber le régime d’Assad —et cela n’arrivera pas tant que les Russes opposeront leur veto— soit une intervention militaire".

Face aux violences qui se poursuivent, les Occidentaux ont évoqué un recours à la force en cas d’échec du plan Annan.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, jugeant le plan Annan "fortement compromis", a affirmé qu’il fallait laisser "une chance" à cette mission "sous condition d’un déploiement rapide des 300 observateurs, sous quinzaine et pas dans trois mois".Pour Juppé, le 5 mai, date du prochain rapport de Kofi Annan à l’ONU, représentera "un moment de vérité".

Si la mission de l’ONU ne fonctionne pas, "il faudrait donc, à ce moment-là, passer à une autre étape que nous avons déjà commencé à évoquer avec nos partenaires, sous chapitre 7 de la charte des Nations unies", a-t-il précisé.

Son homologue américaine, Hillary Clinton, avait évoqué il y a une semaine ce chapitre 7 qui prévoit un recours à la force en cas de menaces contre la paix.

Cependant, la Russie et la Chine, indéfectibles alliés de Damas, devraient une fois de plus opposer leur veto, selon les analystes. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a demandé d’urgence à l’ONU un embargo sur l’importation d’armes en Syrie. L’UE et la Turquie interdisent déjà l’exportation d’armes vers ce pays.

Les violences en Syrie ont fait plus de 11.100 morts en plus de 13 mois d’une révolte populaire qui s’est peu à peu militarisée face à la répression, selon l’OSDH.

A Paris, un homme d’affaires syrien vivant en Arabie saoudite, Nofal Dawalibi, a de son côté annoncé jeudi la création d’"un gouvernement de transition" pour "armer les combattants, oeuvrer à une "intervention militaire internationale directe" et assurer "le retour de la sécurité et la stabilité en Syrie".
Il n’a pas précisé comment cette nouvelle structure allait articuler son action avec le Conseil national syrien (CNS).

(26 avril 2012 )

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