mardi 17 avril 2012

Bahreïn : l’opposition manifeste à l’approche du Grand Prix de Formule 1

Des centaines de personnes ont manifesté mardi soir près de l’aéroport international de Bahreïn et un opposant emprisonné a décidé de durcir sa grève de la faim à l’approche du Grand Prix de Formule 1 que l’opposition veut utiliser pour faire entendre sa voix.
L’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a estimé que les réformes politiques dans ce petit royaume du Golfe étaient inadéquates et accusé le gouvernement de continuer à violer les droits de l’Homme.
"Alors que les regards du monde se tournent vers Bahreïn qui prépare son Grand prix, personne ne doit avoir d’illusion sur la fin de la crise concernant les droits humains", a estimé Amnesty International, à trois jours des essais sur le circuit Sakhir, au sud de la capitale Manama.
Selon des témoins, des centaines de personnes ont manifesté mardi soir sans incident dans le village chiite d’Al-Dir, non loin de l’aéroport où commencent à arriver les participants au GP.
L’opposition a lancé dimanche un mouvement de mobilisation baptisé "semaine de confrontation et de défi" devant culminer le 22 avril, jour du Grand Prix.
Lors d’une conférence de presse, cheikh Ali Salman, le chef d’Al-Wefaq, la principale formation d’opposition, a affirmé que ces manifestations "ont pour but de mettre fin à la dictature et de réaliser une véritable démocratie".
Les mouvements d’opposition, animés par les chiites majoritaires dans le royaume, exigent des réformes de la part de la dynastie sunnite, et notamment le départ du Premier ministre, un oncle du roi.
Cheikh Salman a assuré une nouvelle fois que l’opposition "n’est pas liée à l’étranger", dans une réponse aux accusations du pouvoir selon lequel elle ferait le jeu de l’Iran.
Dans le même temps, le militant Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la perpétuité et dont la grève de la faim galvanise les manifestants, a décidé de refuser à partir de mercredi la perfusion intraveineuse, selon son épouse.
"Il va refuser dès mercredi à l’aube la perfusion intraveineuse et tout autre liquide, à l’exception de l’eau", a déclaré à l’AFP Khadija al-Moussawi.
Khawaja, également citoyen danois, observe depuis le 8 février une grève de la faim pour réclamer sa libération.
La chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, a réclamé mardi sa libération, et plusieurs chancelleries se sont inquiétées récemment pour sa santé.
Mais le gouvernement bahreïni a appelé les gouvernements étrangers à ne pas s’ingérer dans cette affaire qui intervient avant la tenue contestée du Grand prix de F1.
La Fédération internationale automobile (FIA) avait mis fin vendredi à des semaines de spéculations en annonçant que la course, annulée l’année dernière en raison du mouvement de contestation qui secouait alors le petit royaume du Golfe, aurait lieu à la date prévue.
Le prince héritier de Bahreïn a appelé lundi les opposants à ne pas instrumentaliser le Grand prix.
"Ce prix est plus qu’un évènement sportif et il ne faut pas qu’il soit utilisé à des fins politiques", a déclaré le prince Salman ben Hamad Al-Khalifa.
La répression au printemps 2011 avait fait 35 morts, dont cinq sous la torture, avait indiqué en novembre une commission d’enquête indépendante alors qu’Amnesty International parle de 60 morts depuis le début de la contestation.
Human Rights Watch a dénoncé la décision de la FIA de maintenir la course et l’organisation Reporters Sans Frontières (RSF) a lancé une campagne sur le thème "L’important c’est de ne pas participer" pour réclamer le boycott du GP.
Lundi, l’International Crisis Group (ICG) a estimé que le Grand prix risquait d’alimenter la violence à Bahreïn.

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