Les militaires au pouvoir en Egypte ont rencontré les chefs de plusieurs partis politiques, en pleine tourmente électorale après l’exclusion de trois des principaux candidats à la présidentielle du 23 mai.
Le maréchal Hussein Tantawi, président du Conseil suprême des forces armées, a présidé une réunion avec les chefs de 17 formations, dont le Parti de la Liberté et de la Justice (Frères musulmans) et al-Nour (salafiste), ainsi qu’avec des députés, selon l’agence officielle Mena.
Il a évoqué avec eux "les développements sur la scène intérieure", a ajouté l’agence sans plus de précisions.
Cette réunion intervient au lendemain de l’annonce par la commission électorale qu’elle écartait dix des 23 candidats à la présidentielle, dont Omar Suleiman, ancien vice-président et ex-chef des services secrets, Khairat al-Chater, membre des Frères musulmans, et le salafiste Hazem Abu Ismaïl.
Même si cette décision était attendue par certains, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe en Egypte à cinq semaines du premier tour du scrutin présidentiel, le premier depuis la chute de Hosni Moubarak sous la pression populaire en février 2011.
Les dix hommes écartés ont 48 heures pour contester la décision. La liste finale des candidats doit être annoncée le 26 avril, moins d’un mois avant le premier tour prévu les 23 et 24 mai.
Les Frères musulmans, première force politique du pays, et Suleiman ont annoncé qu’ils allaient faire appel.
Plusieurs poids-lourds restent cependant en lice : l’ex-membre des Frères musulmans Abdelmoneim Abul Futuh, l’ex-patron de la Ligue arabe Amr Moussa et le dernier chef de gouvernement de Moubarak, Ahmad Chafiq.
Suleiman, largement vu comme le candidat de l’armée même si cette dernière l’a nié, a été disqualifié parce qu’il n’avait pas réuni le nombre de signatures d’électeurs requis dans l’un des 15 gouvernorats, selon la commission.
Cet ancien chef des services secrets avait été nommé vice-président quelques jours après le début du soulèvement en Egypte, avant de devoir quitter son poste à la suite du départ de M. Moubarak.
M. Chater, incarcéré jusqu’en mars 2011, a été écarté en raison d’une loi stipulant que toute personne ayant été emprisonnée ne retrouve ses droits civiques que six ans après la fin de sa peine.
M. Abou Ismaïl ne peut pour sa part être candidat car sa mère a obtenu la nationalité américaine. Or la loi électorale stipule que tout candidat à la magistrature suprême doit être uniquement égyptien, de même que ses parents et son épouse.
L’opposant Ayman Nour a lui aussi été disqualifié, pour les mêmes raisons que M. Chater.
Les Frères musulmans s’étaient préparés à une éventuelle invalidation de la candidature de Chater en présentant à la dernière minute un autre candidat, Mohammed Morsi, président du Parti de la liberté et de la justice, issu de la confrérie islamiste.
Dans un communiqué sur Facebook, Chater a affirmé que la confrérie allait "continuer de travailler par tous les moyens légaux" pour contester la décision. Les responsables de sa campagne estiment que son exclusion, due à une condamnation "injuste" infligée sous Moubarak, était "politique et illégale".
Le Parlement a de plus récemment approuvé un amendement visant à interdire aux piliers de l’ère Moubarak de se présenter à des élections pour des postes à haute responsabilité. Le texte doit encore être approuvé par l’armée.
Vendredi, des milliers d’Egyptiens, en grande majorité des islamistes, ont manifesté au Caire pour exiger la mise à l’écart des responsables de l’ère Moubarak candidats à l’élection présidentielle, dans une nouvelle épreuve de force avec le pouvoir militaire.
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