lundi 30 avril 2012

Soudan/ Soudan du Sud : de plus en plus de réfugiés affamés fuient le Kordofan-Sud

Un soldat sud-soudanais regarde en direction de Talodi, dans le Kordofan-Sud, le 25 avril 2012 (AFP/Archives, Adriane Ohanesian)

Le nombre des réfugiés affamés fuyant les combats au Kordofan-Sud, dans le sud du Soudan, a brusquement augmenté ces dernières semaines, a rapporté lundi le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA).

En moyenne en avril, 234 personnes ont franchi chaque jour la frontière du Soudan du Sud, pour la plupart en direction du camp de réfugiés de Yida, contre 84 par jour en février et mars, selon le bulletin hebdomadaire de l'Ocha.

Au Kordofan-Sud et au Nil Bleu, un autre Etat soudanais frontalier, des combats opposent depuis l'été dernier l'armée soudanaise à des groupes rebelles qui s'étaient battus au côté des Sudistes pendant la guerre civile (1983-2005) ayant abouti à la partition du pays en juillet 2011.

En avril, ces combats ont aussi impliqué l'armée sud-soudanaise, qui a occupé pendant 10 jours la zone pétrolière de Heglig au Kordofan-Sud.

Selon l'OCHA, les nouveaux arrivants expliquent être partis en raison "de pénuries alimentaires, d'inquiétudes sur la possibilité de rejoindre Yida à l'approche de la saison des pluies (imminente, ndlr) et des combats intenses dans leur région d'origine".Certains "ont dit aux organisations humanitaires qu'ils avaient subsisté de plantes sauvages parce qu'ils n'avaient pas pu semer à cause des combats et parce que l'approvisionnement en denrées alimentaires était limité", ajoute le bulletin.

L'OCHA rappelle aussi le danger des mines et des munitions non-explosées dans cette région, évoquant sans préciser de date le cas de trois enfants tués à Kadougli, la capitale du Kordofan-Sud, par l'une de ces munitions qu'ils venaient de trouver.Si les combats entre forces de Khartoum et Juba ont cessé depuis que l'armée soudanaise contrôle à nouveau Heglig, les bombardements de l'armée et affrontements entre soldats et combattants du SPLM-N, la branche Nord de l'ancienne rébellion sudiste, se poursuivent.Une femme et ses deux enfants ont été tués vendredi dans le bombardement d'un village près d'Umm Durain, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Kadougli, a dénoncé lundi Arnu Ngutulu Lodi, porte-parole du SPLM-N, rappelant que ce type de bombardements aveugles empêchaient de cultiver les champs.
L'armée soudanaise a démenti le bombardement, évoquant en revanche une opération militaire ayant permis de déloger les rebelles qui avaient pris position autour de Talodi, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est d'Umm Durain.

Arnu Ngutulu Lodi a pour sa part affirmé que les rebelles avaient repoussé vendredi près de Talodi une attaque de l'armée soudanaise, et que plusieurs soldats de Khartoum avaient été tués.L'ONU et plusieurs pays mettent en garde depuis des mois contre une crise humanitaire d'envergure dans cette zone dont les autorités de Khartoum, évoquant des raisons de sécurité et affirmant fournir elles-mêmes l'aide, limitent fortement l'accès aux agences humanitaires et aux journalistes.Selon l'ONU, 114.000 Soudanais ayant fui les combats au Kordofan-Sud et au Nil Bleu sont actuellement réfugiés au Soudan du Sud.

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