Un soldat sud-soudanais regarde en direction de Talodi, dans le Kordofan-Sud, le 25 avril 2012 (AFP/Archives, Adriane Ohanesian)
Le nombre des réfugiés affamés fuyant les combats au Kordofan-Sud,
dans le sud du Soudan, a brusquement augmenté ces dernières semaines, a
rapporté lundi le Bureau des Nations unies pour la coordination des
Affaires humanitaires (OCHA).
En moyenne en avril, 234 personnes
ont franchi chaque jour la frontière du Soudan du Sud, pour la plupart
en direction du camp de réfugiés de Yida, contre 84 par jour en février
et mars, selon le bulletin hebdomadaire de l'Ocha.
Au Kordofan-Sud
et au Nil Bleu, un autre Etat soudanais frontalier, des combats
opposent depuis l'été dernier l'armée soudanaise à des groupes rebelles
qui s'étaient battus au côté des Sudistes pendant la guerre civile
(1983-2005) ayant abouti à la partition du pays en juillet 2011.
En
avril, ces combats ont aussi impliqué l'armée sud-soudanaise, qui a
occupé pendant 10 jours la zone pétrolière de Heglig au Kordofan-Sud.
Selon
l'OCHA, les nouveaux arrivants expliquent être partis en raison "de
pénuries alimentaires, d'inquiétudes sur la possibilité de rejoindre
Yida à l'approche de la saison des pluies (imminente, ndlr) et des
combats intenses dans leur région d'origine".Certains "ont dit
aux organisations humanitaires qu'ils avaient subsisté de plantes
sauvages parce qu'ils n'avaient pas pu semer à cause des combats et
parce que l'approvisionnement en denrées alimentaires était limité",
ajoute le bulletin.
L'OCHA rappelle aussi le danger des mines et
des munitions non-explosées dans cette région, évoquant sans préciser de
date le cas de trois enfants tués à Kadougli, la capitale du
Kordofan-Sud, par l'une de ces munitions qu'ils venaient de trouver.Si
les combats entre forces de Khartoum et Juba ont cessé depuis que
l'armée soudanaise contrôle à nouveau Heglig, les bombardements de
l'armée et affrontements entre soldats et combattants du SPLM-N, la
branche Nord de l'ancienne rébellion sudiste, se poursuivent.Une
femme et ses deux enfants ont été tués vendredi dans le bombardement
d'un village près d'Umm Durain, à une quarantaine de kilomètres au
sud-est de Kadougli, a dénoncé lundi Arnu Ngutulu Lodi, porte-parole du
SPLM-N, rappelant que ce type de bombardements aveugles empêchaient de
cultiver les champs.
L'armée soudanaise a démenti le bombardement,
évoquant en revanche une opération militaire ayant permis de déloger
les rebelles qui avaient pris position autour de Talodi, à une
cinquantaine de kilomètres au sud-est d'Umm Durain.
Arnu Ngutulu Lodi a pour
sa part affirmé que les rebelles avaient repoussé vendredi près de
Talodi une attaque de l'armée soudanaise, et que plusieurs soldats de
Khartoum avaient été tués.L'ONU et plusieurs pays mettent en
garde depuis des mois contre une crise humanitaire d'envergure dans
cette zone dont les autorités de Khartoum, évoquant des raisons de
sécurité et affirmant fournir elles-mêmes l'aide, limitent fortement
l'accès aux agences humanitaires et aux journalistes.Selon l'ONU, 114.000 Soudanais ayant fui les combats au Kordofan-Sud et au Nil Bleu sont actuellement réfugiés au Soudan du Sud.
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