mardi 24 avril 2012

Bahreïn: la situation reste tendue après le Grand Prix

La Cour de cassation de Bahreïn a reporté l’examen d’opposants condamnés pour certains à perpétuité. Sous la pression policière, de nombreux journalistes n’ont pu effectuer correctement leur travail.
Tandis que le championnat de Formule 1 part pour l’Europe, la crise politique continue d’agiter le petit royaume de Bahreïn. Au lendemain de la victoire de Sebastien Vettel sur le circuit de Sakhir lors d’un Grand Prix de Bahreïn maintenu coûte que coûte, la Cour de cassation du pays a reporté au 30 avril l’examen des cas de 21 opposants condamnés à diverses peines de prison.

Parmi eux, A’bdelhadi Khawaja, un opposant condamné à la prison à vie pour complot contre la monarchie sunnite, est en grève de la faim depuis le 8 février. Il a aussi cessé de boire depuis vendredi. Malgré sa prise en charge par un hôpital militaire, les autorités continuent à soutenir qu’il est en "bonne santé". Sur le circuit, dimanche, trois femmes ont été interpellées alors qu’elles cherchaient à lui manifester leur soutien.
Les autorités ont tout fait pour juguler les protestations des derniers jours. Les forces de l’ordre ont empêché des manifestants de répondre à l’appel des "Jeunes du 14 février" à se retrouver Place de la Perle, épicentre de la contestation l’année dernière. De l’autre côté de la ville, sur la route entre le circuit de Sakhir et la capitale Manama, des jeunes qui enflammaient des pneus en signe de protestation se sont, eux aussi, heurtés à la police.

Plusieurs équipes de médias étrangers ont voulu couvrir les manifestations de l’opposition chiite en marge de la course. Elles ont été privées de visas ou leurs reportages ont été perturbés par des interventions policières. Un journaliste de la chaîne anglaise CHANNEL 4 a ainsi été détenu six heures avant d’être reconduit à la frontière. D’autres reporters ont vu leur accompagnateur, un militant local, arrêté avant d’être torturé par les forces de l’ordre.

Les récriminations du prince héritier Salman, qui tentait de convaincre que "la course réunira un grand nombre de gens très différents, de religions, de sectes et d’ethnies différents", font figure de voeux pieux.
Selon l’analyste Salman Shaikh, directeur de l’institut Brookings de Doha cité par l’AFP, le Grand Prix a, au contraire, accentué les dissensions. Pour lui, "la situation a empiré" et il faut désormais "reprendre les efforts pour une solution politique" à la crise que traverse le Bahreïn.

Avant la course de dimanche, Ross Brawn, patron de l’écurie Mercedes, avait appelé le petit monde de la F1 à "se concerter à propos de ce qui s’est passé et en tirer des conclusions". Le pilote de Force India Nico Hülkenberg estimait pour sa part que "la course ne devrait pas avoir lieu" après qu’un cocktail molotov avait été jeté devant la voiture de deux membres de son écurie. Situation politique stabilisée ou pas, la F1 reviendra-t-elle au Bahreïn en 2013 ? Ces déclarations montrent que la question méritera au moins d’être débattue.

(23 avril 2012)

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