lundi 30 avril 2012

Syrie : attentats à Idleb, le chef des observateurs de l’ONU entame sa mission

Des attentats meurtriers ont visé lundi les forces de sécurité à Idleb (nord-ouest), au lendemain de l’arrivée du général norvégien Robert Mood, chef de la mission d’observation de l’ONU en Syrie, où les violences ont fait au moins 70 morts ce week-end.

"Plus de 20 personnes, en majorité des membres des forces de sécurité, ont péri dans de fortes explosions qui ont secoué la ville d’Idleb et visaient des centres de sécurité de la ville", a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

La télévision d’Etat a pour sa part annoncé un bilan de huit morts et des dizaines de blessés parmi les civils et les forces de l’ordre dans "deux explosions terroristes".

La chaîne a diffusé des images de restes humains et des tâches de sang, autour d’un tracteur, ainsi que des immeuble résidentiels endommagés et des habitants hurlant : "C’est ça la liberté qu’ils demandent ? Où est la liberté ?", s’en prenant à l’Arabie saoudite et au Qatar, qui ont appelé à armer les rebelles en Syrie.

Certains scandaient "Dieu, la Syrie, Bashar et c’est tout !", en soutien au président Bashar al-Assad, qui ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation dans le pays et affirme lutter contre des "bandes terroristes armées".

"On ne veut pas des observateurs", a lancé une femme à la télévision, alors que l’ONU a pour l’instant dépêché 30 observateurs pour surveiller un cessez-le-feu officiellement en vigueur depuis le 12 avril mais continuellement ignoré malgré les engagements du régime et des rebelles.

Deux observateurs sont d’ailleurs stationnés à Idleb, ville particulièrement touchée par la révolte et la répression, tout comme à Deraa (sud) ainsi qu’à Hama et Homs (centre).

En dépit de leur présence, les violences de samedi et dimanche ont fait 70 morts, dont 47 civils tués par les troupes gouvernementales, selon l’OSDH.

Dans la nuit de dimanche à lundi, la télévision d’Etat a accusé des "bandes terroristes armées" d’avoir attaqué à la roquette le siège de la Banque centrale syrienne à Damas et une patrouille de police dans le quartier de Roukneddine, faisant état de quatre policiers blessés.

Selon la chaîne, ces attaques visaient à "entraver le plan" de l’émissaire international Kofi Annan, qui cherche à mettre fin aux violences dans un pays en proie depuis mars 2011 à un mouvement de contestation sans précédent réprimé dans le sang.

Les Comités locaux de coordination (LCC, opposition) ont accusé le régime d’être derrière "des explosions qui ont coûté la vie à des dizaines de Syriens" ces derniers mois, attribuant également aux autorités les "explosions suspectes" devant la Banque centrale, à Roukneddine et devant les bureaux de la télévision officielle.

L’OSDH a en outre fait état d’une explosion près de Damas, probablement causée par une voiture piégée, évoquant des victimes sans toutefois donner de bilan.

A son arrivée dimanche à Damas, le général Mood a lancé un appel au calme : "Les observateurs ne peuvent pas résoudre seuls tous les problèmes (...), toutes les parties doivent arrêter les violences et donner une chance" au plan Annan.

"Nous allons travailler à l’application complète du plan Annan en six points, accepté par le gouvernement syrien. Pour y parvenir, nous avons maintenant 30 observateurs sur le terrain, nous allons doubler ce chiffre pendant les prochains jours", a-t-il ajouté.

Le nombre des observateurs devrait passer à 100 d’ici un mois, avant d’atteindre 300 membres, conformément à une résolution votée à l’unanimité il y a une semaine par le Conseil de sécurité de l’ONU.
Cette mission, d’une durée initiale de trois mois, s’annonce périlleuse pour les observateurs qui doivent être déployés sans armes à travers le pays.

Après avoir accusé samedi les Nations unies d’"encourager les terroristes", la presse officielle syrienne a affirmé dimanche que le réseau extrémiste Al-Qaïda était derrière les attentats qui ont fait des dizaines de morts ces derniers mois, en particulier à Damas et à Alep (nord).

Vendredi, un attentat de ce type avait fait 11 morts à Damas, selon les médias officiels. Il a été revendiqué par un groupe se faisant appeler le Front al-Nosra, sur un site islamiste généralement utilisé par Al-Qaïda, selon le centre américain de surveillance des mouvements jihadistes SITE.

La Syrie est en proie depuis mars 2011 à une révolte populaire de plus en plus militarisée face à la répression. En 13 mois, les violences ont fait plus de 11.100 morts dans le pays, en majorité des civils, selon l’OSDH.

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