mardi 24 avril 2012

Syrie : le déploiement des observateurs décidé

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a décidé que le déploiement des 300 observateurs de l’ONU chargés de surveiller le cessez-le-feu en Syrie commencera la semaine prochaine, même si ce cessez-le-feu reste précaire, a annoncé lundi l’ONU. "La décision a été prise (et) le déploiement de la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (MISNUS) se fera par étapes" à partir de la semaine prochaine, a indiqué le porte-parole adjoint de l’ONU Eduardo del Buey. Cette mission composée de militaires non armés a été autorisée par la résolution 2043 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée samedi. Mais il revenait au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon d’évaluer si la situation sur le terrain, notamment la "consolidation" du cessez-le-feu, permettait ce déploiement.

Le cessez-le feu entré en vigueur le 12 avril est régulièrement violé depuis lors. Au cours d’un débat au Conseil de sécurité lundi sur le Proche-Orient, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des affaires politiques Lynn Pascoe a estimé que la situation en Syrie était "à un tournant" et a reconnu que le respect du cessez-le-feu "restait incomplet". L’ONU espère que "le déploiement des observateurs aidera à faire cesser les massacres et à renforcer le calme", a-t-il ajouté. L’ONU avait d’abord autorisé le 14 avril l’envoi en Syrie d’une équipe préliminaire de trente observateurs, qui ont commencé à faire leur travail. Le déploiement de cette équipe restreinte "devrait être terminé à la fin avril et le déploiement rapide du reste des observateurs militaires est une priorité", a souligné Eduardo del Buey.

Interrogé, le porte-parole du médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan, Ahmad Fawzi, a reconnu que "les conditions sont risquées" en Syrie. "Mais nous croyons que la présence d’observateurs de l’ONU changera la dynamique politique sur le terrain", a-t-il ajouté. Lynn Pascoe a appelé Damas à retirer ses forces des villes syriennes et à ne plus utiliser d’armes lourdes. L’objectif de la MISNUS "n’est pas de geler la situation mais de créer les conditions" pour lancer le dialogue politique entre pouvoir et opposition prévu par le plan de paix de Kofi Annan, a-t-il expliqué. Il a estimé que les mesures prises par le gouvernement syrien "étaient clairement insuffisantes" en ce qui concerne deux aspects du plan Annan : la libération des "personnes détenues arbitrairement" et le respect du "droit de manifester pacifiquement".
Kofi Annan doit rendre compte des progrès de sa médiation au Conseil mardi après-midi, pour la troisième fois depuis le début de sa mission. Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU Hervé Ladsous exposera aussi au Conseil les modalités pratiques du déploiement des observateurs et de leur équipement, qui devrait prendre plusieurs semaines. Le mandat de la MISNUS a été approuvé par l’ONU "pour une période initiale de 90 jours" mais plusieurs pays occidentaux ont des doutes sur la viabilité de cette mission et brandissent la menace de sanctions contre Damas si elle échoue. Les États-Unis ont déjà menacé de ne pas renouveler le mandat de la Misnus après 90 jours.

Au cours du débat au Conseil, l’ambassadrice américaine Susan Rice a jugé la mission des observateurs "exceptionnellement risquée et dangereuse". Elle a appelé Damas à "saisir cette chance d’une solution politique à la crise avant qu’il ne soit trop tard". Son homologue français Gérard Araud a affirmé que "l’armée syrienne n’a effectué que des retraits en trompe-l’oeil". "Aucune entrave à l’action des observateurs, aucune menace à leur sécurité ne sera tolérée par le Conseil qui devra examiner le cas échéant des mesures coercitives si elles s’imposent", a-t-il averti.

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