Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a décidé que le
déploiement des 300 observateurs de l’ONU chargés de surveiller le
cessez-le-feu en Syrie commencera la semaine prochaine, même si ce
cessez-le-feu reste précaire, a annoncé lundi l’ONU. "La décision a été
prise (et) le déploiement de la Mission de supervision des Nations unies
en Syrie (MISNUS) se fera par étapes" à partir de la semaine prochaine,
a indiqué le porte-parole adjoint de l’ONU Eduardo del Buey. Cette
mission composée de militaires non armés a été autorisée par la
résolution 2043 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée samedi. Mais il
revenait au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon d’évaluer si la
situation sur le terrain, notamment la "consolidation" du cessez-le-feu,
permettait ce déploiement.
Le cessez-le feu entré en vigueur le 12 avril est régulièrement violé
depuis lors. Au cours d’un débat au Conseil de sécurité lundi sur le
Proche-Orient, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des
affaires politiques Lynn Pascoe a estimé que la situation en Syrie était
"à un tournant" et a reconnu que le respect du cessez-le-feu "restait
incomplet". L’ONU espère que "le déploiement des observateurs aidera à
faire cesser les massacres et à renforcer le calme", a-t-il ajouté.
L’ONU avait d’abord autorisé le 14 avril l’envoi en Syrie d’une équipe
préliminaire de trente observateurs, qui ont commencé à faire leur
travail. Le déploiement de cette équipe restreinte "devrait être terminé
à la fin avril et le déploiement rapide du reste des observateurs
militaires est une priorité", a souligné Eduardo del Buey.
Interrogé, le porte-parole du médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe
Kofi Annan, Ahmad Fawzi, a reconnu que "les conditions sont risquées"
en Syrie. "Mais nous croyons que la présence d’observateurs de l’ONU
changera la dynamique politique sur le terrain", a-t-il ajouté. Lynn
Pascoe a appelé Damas à retirer ses forces des villes syriennes et à ne
plus utiliser d’armes lourdes. L’objectif de la MISNUS "n’est pas de
geler la situation mais de créer les conditions" pour lancer le dialogue
politique entre pouvoir et opposition prévu par le plan de paix de Kofi
Annan, a-t-il expliqué. Il a estimé que les mesures prises par le
gouvernement syrien "étaient clairement insuffisantes" en ce qui
concerne deux aspects du plan Annan : la libération des "personnes
détenues arbitrairement" et le respect du "droit de manifester
pacifiquement".
Kofi Annan doit rendre compte des progrès de sa médiation au Conseil
mardi après-midi, pour la troisième fois depuis le début de sa mission.
Le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU Hervé Ladsous
exposera aussi au Conseil les modalités pratiques du déploiement des
observateurs et de leur équipement, qui devrait prendre plusieurs
semaines. Le mandat de la MISNUS a été approuvé par l’ONU "pour une
période initiale de 90 jours" mais plusieurs pays occidentaux ont des
doutes sur la viabilité de cette mission et brandissent la menace de
sanctions contre Damas si elle échoue. Les États-Unis ont déjà menacé de
ne pas renouveler le mandat de la Misnus après 90 jours.
Au cours du débat au Conseil, l’ambassadrice américaine Susan Rice a
jugé la mission des observateurs "exceptionnellement risquée et
dangereuse". Elle a appelé Damas à "saisir cette chance d’une solution
politique à la crise avant qu’il ne soit trop tard". Son homologue
français Gérard Araud a affirmé que "l’armée syrienne n’a effectué que
des retraits en trompe-l’oeil". "Aucune entrave à l’action des
observateurs, aucune menace à leur sécurité ne sera tolérée par le
Conseil qui devra examiner le cas échéant des mesures coercitives si
elles s’imposent", a-t-il averti.
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