La Syrie et les Nations unies ont signé jeudi un protocole sur les conditions de déploiement des "Bérets bleus" en Syrie, sans parvenir à s’entendre sur la taille de leur mission ni sur l’utilisation de moyens aériens.
Seule une avant-garde de six observateurs non armés est présente pour le moment en Syrie. Aux termes de la résolution votée samedi dernier par le Conseil de sécurité, la mission de surveillance du cessez-le-feu entré en vigueur il y a une semaine devrait comprendre un total de 250 observateurs.
Mais le Conseil de sécurité, divisé entre Occidentaux qui souhaitent le départ de Bashar al Assad et Moscou et Pékin qui soutiennent le président syrien, doit valider l’envoi de ces "bérets bleus" supplémentaires en fonction de son évaluation de la situation sur le terrain, où les violences se poursuivent.Selon les services de Kofi Annan, envoyé spécial conjoint de l’Onu et de la Ligue arabe, le protocole signé entre le gouvernement syrien et les Nations unies devrait permettre le déploiement d’un plus grand nombre d’observateurs.
"Cet accord expose dans les grandes lignes les fonctions des observateurs alors qu’ils accomplissent leur mandat en Syrie, ainsi que les tâches et responsabilités du gouvernement syrien", a déclaré Ahmed Fawzi, porte-parole de Kofi Annan, dans un communiqué."Cet accord préliminaire a pour objectif de faciliter la tâche des observateurs dans le cadre de la souveraineté syrienne", indique pour sa part le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué. Les diplomates s’interrogent cependant sur la taille de la mission, pour qu’elle soit efficace.
Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, espère faire passer le nombre d’observateurs à 300 et Alain Juppé, qui s’est exprimé à Paris peu avant une réunion de 14 ministres des Affaires étrangères des pays du groupe des "Amis de la Syrie", a estimé qu’il en faudrait 300 à 400."La France ne fait pas confiance à Assad et à son gouvernement pour tenir leurs engagements", a dit le chef de la diplomatie française. "C’est le régime qui porte la responsabilité de la situation actuelle. Assad ne joue pas le jeu et nous mène en bateau".Nicolas Sarkozy a insisté à nouveau pour sa part sur la nécessité d’établir des "couloirs humanitaires" pour protéger les opposants au régime de Bashar al Assad.Réunis jeudi à New York pour faire le point sur la situation avec Jean-Marie Guéhenno, adjoint de l’envoyé spécial Kofi Annan, a plaidé pour le déploiement rapide d’observateurs supplémentaires en Syrie en dépit des risques persistants sur le terrain, selon des diplomates.
Il a déclaré aux quinze membres du Conseil que le déploiement de "bérets bleus" non armés supplémentaires "aurait le potentiel de changer la dynamique politique sur le terrain", a indiqué un diplomate resté anonyme.
Edmond Mulet, secrétaire adjoint du Département des opérations de maintien de la paix aux Nations unies a déclaré par ailleurs que les Nations unies devaient encore trouver un accord avec Damas sur l’emploi de moyens aériens pour faciliter la mission élargie des observateurs.
Selon ses propos, rapportés par un diplomate resté anonyme, l’utilisation de ces ressources aériennes ne figure pas dans l’accord préliminaire conclu jeudi par l’Onu avec la Syrie.Des diplomates européens et américains du Conseil de sécurité ont fait savoir que le non-respect par Bashar al Assad du cessez-le-feu en vigueur depuis une semaine pourrait compliquer leur soutien à l’envoi d’une mission élargie d’observateurs.
La Russie et la Chine ne devraient quant à elles approuver l’envoi d’une mission plus importante que si le régime d’Assad y est favorable, donnant de facto un pouvoir de veto à la Syrie.Des diplomates affirment cependant qu’il sera difficile de rejeter la demande de Kofi Annan et Ban Ki-moon. "Les membres du Conseil sont largement d’accord sur le fait que nous devrions autoriser une mission complète mais de vraies inquiétudes (subsistent) sur les conditions de son déploiement pour qu’elle ne subisse pas le même sort que les autres", a déclaré un diplomate à REUTERS.
Les "Bérets bleus" présents en Syrie se sont rendus jeudi dans la campagne près de Deraa, berceau du mouvement de contestation né en mars 2011. Une vidéo amateur postée sur internet montre le chef de la mission, le colonel Ahmed Himmiche, se déplaçant au milieu d’une foule de manifestants.Sur cette vidéo, l’un d’entre eux le prend à partie et crie : "Les gens veulent que Bashar (al Assad) soit exécuté."L’Observatoire syrien des droits de l’homme rapporte par ailleurs des tirs de forces de sécurité syriennes à Herak, ville du sud du pays, peu après le passage de la mission de l’ONU.Une autre vidéo postée sur internet montre la poursuite des bombardements jeudi dans la ville de Homs.
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