lundi 23 avril 2012

Syrie : Kofi Annan appelle au respect de la trêve en Syrie

Les soldats syriens ont tué au moins six personnes dimanche, selon des activistes, alors que Kofi Annan a salué la résolution adoptée la veille par le Conseil de sécurité de l’ONU, autorisant l’envoi de 300 observateurs pour veiller au respect du fragile cessez-le-feu. L’envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe s’est félicité dimanche de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution qui autorise un premier déploiement de 300 "bérets bleus" non armés pendant trois mois en Syrie.
Le vote à l’unanimité, samedi, de la résolution 2043, fruit d’un compromis rédigé par la Russie et l’Union européenne, est "un moment crucial pour la stabilisation du pays", a estimé Kofi Annan dans un communiqué diffusé dimanche à Genève. L’ancien secrétaire général de l’ONU appelle les forces de Bashar el-Assad et l’opposition à "déposer les armes" et à "collaborer avec les observateurs pour consolider la fragile cessation des hostilités", plus ou moins respectée depuis son entrée en vigueur il y a dix jours. "Le gouvernement, en particulier, doit renoncer à utiliser les armes lourdes, comme il s’y est engagé, retirer ces armes et toutes ses unités armées des centres urbains et mettre en oeuvre tous les engagements qu’il a pris dans le cadre du plan de paix en six points", insiste-t-il.
Une semaine après son arrivée en Syrie, la mission avancée des "bérets bleus" n’a pour l’instant pas mis fin à la répression à l’oeuvre depuis 13 mois dans le pays. Les huit envoyés de l’ONU se sont rendus samedi dans la ville martyre de Homs, où les bombardements s’étaient momentanément interrompus, selon des activistes. Deux observateurs ont passé la nuit sur place, a affirmé un porte-parole de l’ONU. Ils étaient attendus dimanche à Hama, bastion de l’opposition dans le centre-ouest du pays.
Sur le terrain, les activistes de l’opposition ont rapporté que les forces de sécurité syriennes, appuyées par des chars, avaient fait au moins 6 morts dimanche dans la ville de Douma, à l’est de Damas, et qu’elles avaient également ouvert le feu dans la province d’Idlib, située dans le nord du pays. Une vidéo postée sur Internet montre des nuages de fumée s’élevant de bâtiments de Douma, selon des activistes, tandis que des tirs nourris se font entendre à l’arrière-plan.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne, au moins quatre soldats ont été tués dans les faubourgs de Douma lors de l’explosion d’une bombe au passage d’un véhicule blindé. L’agence de presse officielle Sana n’a pas fait état de combats à Douma, mais a annoncé la mort d’au moins un officier de l’armée dans l’explosion d’une bombe sur un convoi militaire dans la province d’Alep. Une autre bombe a également visé un convoi de fret ferroviaire transportant de la farine dans la province d’Idlib, selon l’agence officielle.
À Hama, le cessez-le-feu semble avoir fait son oeuvre, a rapporté un activiste local, qui s’est présenté sous le nom de Mousab. "Nous ne voyons plus de chars, ils les cachent juste derrière les bâtiments gouvernementaux, a-t-il dit. "Mais les soldats sont toujours dans les environs. La trêve a un effet, mais pas au point de nous permettre de manifester librement."

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Huit militants, dont la blogueuse Ghazzawi, devant une cour militaire
Huit jeunes militants arrêtés en février à Damas, dont la blogueuse Razan Ghazzawi, l’un des symboles de la contestation, ont été inculpés et traduits samedi devant la justice militaire, a affirmé dimanche l’avocat des droits de l’homme Anwar Bounni. "Les huit militants seront poursuivis par la justice militaire pour publication et distribution de tracts interdits conformément à la clause 148 de la loi pénale militaire." Ils encourent jusqu’à cinq ans de prison, a-t-il indiqué.
Les huit jeunes font partie d’une quinzaine de militants, dont le journaliste Mazen Darwich, arrêté le 16 février à Damas par des membres de services de sécurité qui avaient fait irruption dans le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, dirigé par Mazen Darwich.
"Il s’agit d’accusations montées contre des militants pacifiques. Le pouvoir tente par tous les moyens de museler le mouvement de contestation pacifique en réprimant la liberté d’expression", a dénoncé Anwar Bounni, directeur du Centre syrien pour les recherches et études judiciaires. Il a demandé "la libération immédiate des milliers de militants pacifiques détenus, la cessation de la campagne de répression, d’assassinats et d’arrestations et le retrait des villes de tous les engins militaires".

(22 avril 2012)

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