Les soldats syriens ont tué au moins six personnes dimanche, selon
des activistes, alors que Kofi Annan a salué la résolution adoptée la
veille par le Conseil de sécurité de l’ONU, autorisant l’envoi de 300
observateurs pour veiller au respect du fragile cessez-le-feu. L’envoyé
spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe s’est félicité
dimanche de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la
résolution qui autorise un premier déploiement de 300 "bérets bleus" non
armés pendant trois mois en Syrie.
Le vote à l’unanimité, samedi, de la résolution 2043, fruit d’un
compromis rédigé par la Russie et l’Union européenne, est "un moment
crucial pour la stabilisation du pays", a estimé Kofi Annan dans un
communiqué diffusé dimanche à Genève. L’ancien secrétaire général de
l’ONU appelle les forces de Bashar el-Assad et l’opposition à "déposer
les armes" et à "collaborer avec les observateurs pour consolider la
fragile cessation des hostilités", plus ou moins respectée depuis son
entrée en vigueur il y a dix jours. "Le gouvernement, en particulier,
doit renoncer à utiliser les armes lourdes, comme il s’y est engagé,
retirer ces armes et toutes ses unités armées des centres urbains et
mettre en oeuvre tous les engagements qu’il a pris dans le cadre du plan
de paix en six points", insiste-t-il.
Une semaine après son arrivée en Syrie, la mission avancée des "bérets
bleus" n’a pour l’instant pas mis fin à la répression à l’oeuvre depuis
13 mois dans le pays. Les huit envoyés de l’ONU se sont rendus samedi
dans la ville martyre de Homs, où les bombardements s’étaient
momentanément interrompus, selon des activistes. Deux observateurs ont
passé la nuit sur place, a affirmé un porte-parole de l’ONU. Ils étaient
attendus dimanche à Hama, bastion de l’opposition dans le centre-ouest
du pays.
Sur le terrain, les activistes de l’opposition ont rapporté que les
forces de sécurité syriennes, appuyées par des chars, avaient fait au
moins 6 morts dimanche dans la ville de Douma, à l’est de Damas, et
qu’elles avaient également ouvert le feu dans la province d’Idlib,
située dans le nord du pays. Une vidéo postée sur Internet montre des
nuages de fumée s’élevant de bâtiments de Douma, selon des activistes,
tandis que des tirs nourris se font entendre à l’arrière-plan.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé en
Grande-Bretagne, au moins quatre soldats ont été tués dans les faubourgs
de Douma lors de l’explosion d’une bombe au passage d’un véhicule
blindé. L’agence de presse officielle Sana n’a pas fait état de combats à
Douma, mais a annoncé la mort d’au moins un officier de l’armée dans
l’explosion d’une bombe sur un convoi militaire dans la province d’Alep.
Une autre bombe a également visé un convoi de fret ferroviaire
transportant de la farine dans la province d’Idlib, selon l’agence
officielle.
À Hama, le cessez-le-feu semble avoir fait son oeuvre, a rapporté un
activiste local, qui s’est présenté sous le nom de Mousab. "Nous ne
voyons plus de chars, ils les cachent juste derrière les bâtiments
gouvernementaux, a-t-il dit. "Mais les soldats sont toujours dans les
environs. La trêve a un effet, mais pas au point de nous permettre de
manifester librement."
***
Huit militants, dont la blogueuse Ghazzawi, devant une cour militaire
Huit jeunes militants arrêtés en février à Damas, dont la blogueuse
Razan Ghazzawi, l’un des symboles de la contestation, ont été inculpés
et traduits samedi devant la justice militaire, a affirmé dimanche
l’avocat des droits de l’homme Anwar Bounni. "Les huit militants seront
poursuivis par la justice militaire pour publication et distribution de
tracts interdits conformément à la clause 148 de la loi pénale
militaire." Ils encourent jusqu’à cinq ans de prison, a-t-il indiqué.
Les huit jeunes font partie d’une quinzaine de militants, dont le
journaliste Mazen Darwich, arrêté le 16 février à Damas par des membres
de services de sécurité qui avaient fait irruption dans le Centre syrien
pour les médias et la liberté d’expression, dirigé par Mazen Darwich.
"Il s’agit d’accusations montées contre des militants pacifiques. Le
pouvoir tente par tous les moyens de museler le mouvement de
contestation pacifique en réprimant la liberté d’expression", a dénoncé
Anwar Bounni, directeur du Centre syrien pour les recherches et études
judiciaires. Il a demandé "la libération immédiate des milliers de
militants pacifiques détenus, la cessation de la campagne de répression,
d’assassinats et d’arrestations et le retrait des villes de tous les
engins militaires".
(22 avril 2012)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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