Les militants de "Bienvenue en Palestine" arrivaient dimanche au compte-gouttes à l’aéroport de Tel-Aviv, malgré l’interdiction d’Israël, opposé à cette opération destinée à dénoncer son contrôle de l’accès aux territoires palestiniens occupés. Quelque 1 500 participants étaient attendus, dont 500 à 600 Français, mais la plupart ont été bloqués à l’embarquement et très peu sont arrivés à l’aéroport Ben Gourion. Neuf passagers ont été "retenus pour interrogatoire", a annoncé une porte-parole de la police israélienne, Louba Samri.
Six d’entre eux - quatre Françaises arrivées de Suisse, un Portugais venu de Jordanie et un Canadien en provenance des États-Unis - sont en instance d’expulsion, mais trois Français ont été autorisés à poursuivre leur voyage, a-t-elle précisé. Les organisateurs palestiniens de l’opération ont dénoncé dans un communiqué une "nouvelle procédure illégale" des autorités israéliennes qui demandent aux passagers de signer "une déclaration par laquelle ils s’engagent à ne pas avoir de contact et à ne pas coopérer avec des "membres d’organisations pro-palestiniennes"".
Le ministère de l’Intérieur a indiqué vérifier ces informations. La police israélienne a affirmé avoir mobilisé "plusieurs centaines de policiers" à l’aéroport. Selon la radio publique, ils sont 650, la plupart en civil. En amont, les compagnies française Air France, britannique Jet2.com et allemande Lufthansa ont annulé les billets de voyageurs dont les noms figuraient sur une liste de "personnes indésirables" communiquée par Israël. À l’aéroport parisien de Roissy, des dizaines de militants ont manifesté en scandant "Aujourd’hui, le checkpoint est à Paris !".
À l’aéroport de Bruxelles, au moins 120 militants pro-palestiniens ont protesté après le refus de plusieurs compagnies, en particulier Brussels Airlines, d’embarquer une centaine d’entre eux pour Tel-Aviv. À Istanbul, la compagnie Turkish Airlines a bloqué l’embarquement d’une cinquantaine de militants, selon l’agence semi-officielle Anatolia. À Genève, une vingtaine de militants ont embarqué pour Tel-Aviv, mais plusieurs autres - des dizaines selon un organisateur, deux selon la police - ont été bloqués. Et à Rome, la compagnie Alitalia a refusé l’embarquement à sept militants italiens, ont annoncé les médias.
L’opération "Bienvenue en Palestine", organisée du 15 au 22 avril, pour la troisième année consécutive, vise d’abord à dénoncer le fait que les visiteurs souhaitant se rendre en Cisjordanie sont obligés de passer par le territoire israélien. Cette année, l’objectif des participants est l’inauguration d’une école internationale à Bethléem, en Cisjordanie occupée. Lors d’une opération similaire en juillet 2011, Israël avait obtenu que des centaines de militants soient empêchés d’embarquer pour Tel-Aviv, et avait bloqué puis expulsé quelques dizaines d’autres à leur arrivée.
Le ministre israélien des Transports, Israël Katz, a répété que l’État hébreu ne pouvait "pas se permettre de laisser entrer des provocateurs sur son territoire", accusant certains d’appartenir à des "organisations pro-iraniennes". En revanche, la dirigeante du parti d’opposition de gauche Meretz, Zehava Galon, a estimé que "fermer les frontières en créant un nouveau rideau de fer ne (changerait) pas la réalité de l’occupation israélienne qui dure depuis 45 ans".
(15 avril 2012 - Avec les agences de presse)
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