Ahmed Ben Bella, mort mercredi à l’âge de 95 ans, premier président de l’Algérie indépendante en 1963, s’est voulu l’incarnation du Tiers-Monde émergent, après avoir passé plus de 24 ans en détention pour des raisons politiques en France et en Algérie.
Il est né le 25 décembre 1916 à Maghnia, à la frontière marocaine, où s’étaient installés ses parents, paysans pauvres du sud marocain. Après des études secondaires à Tlemcen (ouest), Ben Bella fait son service militaire dans l’armée française puis adhère en 1937 au Parti du peuple algérien (PPA) du "père" du nationalisme algérien Messali Hadj.
En 1944, il est cité quatre fois à la bataille de Monte Cassino (Italie) et décoré de la Médaille militaire par le général de Gaulle, chef de la France Libre.
Dirigeant de l’Organisation spéciale (OS), créée pour préparer le soulèvement armé du 1er novembre 1954 contre la France, il se distingue en organisant le hold-up de la poste d’Oran pour lui procurer des fonds.
Arrêté et condamné à 8 ans de prison, il s’évade de la prison de Blida en 1950 et rejoint un premier noyau de dirigeants nationalistes algériens installés au Caire.
Dans la capitale égyptienne, il se lie d’amitié avec le président Gamal Abdel Nasser, patron des "officiers libres", qui deviendra son mentor politique et apportera un soutien multiforme à sa demande au soulèvement algérien.
En octobre 1956, son avion est intercepté par l’armée française au dessus d’Alger. Il est emprisonné en France jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie, en 1962.
Il s’allie alors avec le chef d’Etat major de l’Armée de libération nationale (ALN), le colonel Houari Boumediene, et se fait élire, en 1963, premier président de la République algérienne indépendante. Mais deux ans après, le 19 juin 1965, il est renversé par un coup d’Etat militaire, arrêté et mis au secret sous haute surveillance de l’armée.
En 1981, gracié et libéré par le successeur de Boumediene, Chadli Bendjedid, Ben Bella s’exile pour un temps à l’étranger et fonde le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA) sans parvenir à mobiliser.
Rentré à Alger en septembre 1990, il se retire de la vie politique nationale et se consacre à des dossiers internationaux (Palestine, Irak) et rejoint les "altermondialistes" dans leur lutte contre "la mondialisation capitaliste".
Ahmed Ben Bella va prôner la "réconciliation nationale" avec les islamistes algériens, en se réconciliant avec le président Abdelaziz Bouteflika, ancien bras droit de Boumediene.
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