Des milliers d’Egyptiens ont manifesté vendredi au Caire pour exiger la mise à l’écart des responsables de l’ère Moubarak candidats à l’élection présidentielle, dans une nouvelle épreuve de force avec le pouvoir militaire.
"Non aux restes de l’ancien régime", ont crié les manifestants dans une ambiance festive, sur l’emblématique place Tahrir, symbole de la "révolution" qui a provoqué la chute de Moubarak en février 2011.
"Ni Chafiq, ni Souleimane, nous allons revenir place Tahrir" ou "Nous ne voulons pas d’Omar Souleimane !", scandaient-ils en référence à l’ancien chef du Renseignement, qui a fait un retour fracassant sur la scène politique en se portant candidat à la présidentielle dont le premier tour est fixé aux 23 et 24 mai.
Le dernier chef de gouvernement de Moubarak, Ahmad Chafiq, ainsi que l’ancien patron de la Ligue arabe Amr Moussa, longtemps ministre des Affaires étrangères de l’ex-président, sont aussi candidats à la magistrature suprême.
"Le peuple veut faire tomber les militaires !" ont aussi crié les manifestants.
L’armée, au pouvoir depuis le départ de Moubarak, est accusée d’appuyer la candidature de Souleimane. Le Conseil militaire s’est défendu en assurant "ne soutenir aucun des candidats".
Les manifestants, hommes, femmes et enfants venus dans des bus affrétés pour l’occasion depuis plusieurs provinces du pays, portaient des posters de responsables politiques islamistes.
"Les forces politiques peuvent être en désaccord sur des idéologies mais nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est inacceptable de voir des membres de l’ancien régime se présenter à un poste officiel, de surcroît à la présidentielle", a déclaré Ahmed Abdel Mohsen, 36 ans.
"Nous continuerons à manifester jusqu’à ce que ces gens soient mis à l’écart", a dit ce partisan du salafiste Hazem Abu Ismaïl, venu de la province de Sharqiya dans le Delta du Nil.
Le candidat des Frères musulmans, première force politique du pays, Khairat al-Chater, a dénoncé le retour d’Omar Souleimane, le qualifiant de tentative de "voler la révolution".
Bien qu’opposés au retour sur la scène politique des figures de l’ère Moubarak, les groupes libéraux et laïques n’ont pas participé à la manifestation. Ils ont appelé à un rassemblement le 20 avril pour dénoncer une monopolisation de la vie politique par les islamistes depuis la révolte.
"Tous ces groupes (laïques) disent qu’ils veulent la démocratie mais maintenant que les islamistes sont arrivés au pouvoir par la voie démocratique, ils sont en colère", a estimé Abdel Mohsen.
Mais un autre manifestant, Hisham al-Ghatrawi, l’a interrompu : "La révolution appartient à tout le monde, il ne faut pas la tourner en une affaire d’islamistes et de non-islamistes. Nous voulons remercier Omar Souleimane pour son retour (sur la scène politique) car il a rallumé la révolution".
Jeudi soir, le Parlement dominé par les islamistes a approuvé un amendement visant à interdire aux piliers de l’ère Moubarak d’être candidats à des élections à des postes à haute responsabilité. Mais ce texte doit encore être approuvé par l’armée.
"Si l’armée bloque cette loi, nous resterons sur la place et nous ne la quitterons pas jusqu’à ce que les anciens membres du régime s’en aillent", a lancé Nawal Ahmed, une manifestante du Caire venue avec ses deux enfants.
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