Le ministre tunisien des Finances, Houcine Dimassi, a présenté sa
démission en raison de divergences politiques avec le gouvernement
dirigé par l’islamiste Hamadi Jebali, a-t-on appris vendredi de sources
officielles.
"Je confirme cette démission qui a été acceptée", a indiqué à l’AFP Ridha Kazdaghli, membre du cabinet du chef du gouvernement.
Il s’agit du deuxième ministre à claquer la porte du gouvernement
depuis l’entrée en fonction fin 2011 de l’équipe au pouvoir composée par
le parti islamiste Ennahda et deux partis de centre gauche, Ettakatol
et le Congrès pour la république (CPR).
Dans une déclaration écrite dont l’AFP a obtenu copie, Houcine Dimassi,
qui était l’un des rares indépendants à siéger au gouvernement, a
expliqué sa démission par des "désaccords grandissants" avec le
gouvernement en matière de politiques économique, monétaire et sociale.
Dimassi a dénoncé la "politique électoraliste de la plupart des
membres du gouvernement" qui a pour conséquence, selon lui, de faire
"exploser les dépenses de l’Etat".
Ces "dérapages" ont, d’après lui, pour "objectif de gagner la
sympathie de certaines catégories sociales dans la perspective des
prochaines élections".
Dimassi explique également sa décision par son opposition à un
projet de loi soumis à l’Assemblée nationale constituante en vue de la
réhabilitation et de l’indemnistation de Tunisiens ayant été notamment
injustement incarcérés sous l’ancien régime.
Le parti islamiste Ennahda, auquel appartient Jebali, a soulevé la
controverse en réclamant une indemnisation pour ses partisans et
dirigeants opprimés sous l’ancien président Ben Ali, au même titre que
les "martyrs de la révolution" qui a chassé ce dernier du pouvoir en
janvier 2011.
"Ce projet nécessite des dépenses supplémentaires considérables,
compte tenu du nombre important de bénéficiaires potentiels", et ce "au
détriment de la situation économique et financière difficile", écrit le
ministre démissionnaire.
Dans sa déclaration, cet économiste a aussi dénoncé la manière
"arbitraire" et "injuste" avec laquelle le gouverneur de la Banque
centrale Mustapha Kamel Nabli avait été limogé et remplacé cette semaine
par Chedly Ayari.
En juin dernier, le ministre de la Réforme administrative (Congrès
pour la République), Mohamed Abbou, avait démissionné pour protester
contre des entraves présumées dans la lutte contre la corruption dans
l’administration.
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