La Syrie a annoncé jeudi avoir "limogé" le premier ambassadeur en
poste à avoir fait défection alors que la violence continue son oeuvre
meurtrière avec le décès de huit personnes.
De son côté, l’organisation de défense des droits de l’Homme Human
Rights Watch (HRW) a fait part de ses soupçons quant à l’utilisation par
les forces loyales au président Bashar al-Assad de bombes à
sous-munitions de fabrication soviétique dans la région montagneuse de
Hama, en rébellion contre le régime.
A Damas, un communiqué du ministère syrien des Affaires Etrangères a
annoncé que "Nawaf Farès est démis de ses fonctions et n’a plus aucune
relation avec notre ambassade à Bagdad, ni avec le ministère".
En outre, les autorités syriennes ont menacé de le traduire en justice pour ses propos.
"Nawaf Farès a fait hier (mercredi) des déclarations aux médias en
contradiction avec son devoir qui consiste à défendre les positions et
la cause de son pays. Il doit pour cela être poursuivi par la justice et
être traduit devant le conseil disciplinaire", ajoute le communiqué.
Nawaf Farès avait appelé mercredi l’armée à "rejoindre immédiatement les
rangs de la révolution", après avoir fait défection, dans un communiqué
diffusé par la chaîne de télévision du Qatar Al Jazeera.
Selon Bagdad, il se trouve actuellement dans cet émirat
particulièrement en pointe dans son hostilité au régime de Bashar
al-Assad.
"Je déclare ma défection de ma mission en tant que représentant de la
République Arabe Syrienne en Irak et mon retrait des rangs du parti
Baas (au pouvoir en Syrie)", disait l’ambassadeur dans un message vidéo
diffusé par la télévision.
Sa défection porte un nouveau coup au régime syrien, quelques jours
après celle de Manaf Tlass, un général proche du président Assad, dont
le régime réprime dans le sang un mouvement de contestation né il y a
près de 16 mois.
Nawaf Farès avait été nommé à son poste le 16 septembre 2008, après une
rupture des relations diplomatiques de près de trente ans lorsque Damas
avait soutenu l’Iran dans sa guerre avec l’Irak.
Appartenant à la grande tribu sunnite des Uqaydat, implantée dans
l’est du pays, Nawaf Farès a commencé comme policier avant de travailler
avec les redoutables services de renseignements puis de devenir l’un
des chefs du parti Baas, gouverneur et enfin diplomate.
Ce parcours suscite la méfiance des militants, qui se sacrifient
depuis 16 mois pour la révolution, et certains d’entre eux estiment
qu’il peut s’agir d’une tentative des Occidentaux de sélectionner des
personnalités acceptables pour diriger la transition.
"Je sais que cet homme est un criminel", a ainsi affirmé Rami Abdel
Rahman, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
"C’est assez similaire à l’histoire de Manaf Tlass (...) les services de
renseignements occidentaux cherchent à sélectionner des personnalités
qui pourront être utilisées pour la période transitoire".
Une opinion partagée par un militant de Hama se présentant sous le
nom d’Abou Ghazi. "Les gens sont très méfiants sur les motivations qui
l’ont poussé à déserter. Peut-être qu’au moment où la Russie est en
train de changer doucement, la communauté internationale et le régime
cherchent à mettre sur pied un gouvernement consensuel et cette
défection s’incrit dans ce scénario".
"Mais, ajoute-t-il, nous voulons vivre dans un démocratie et dans un
Etat de droit et vous ne pouvez pas les construire avec des gens qui ont
tant de sang sur les mains et ont été si longtemps complices du
régime".
Par ailleurs, les troupes syriennes ont violemment bombardé le
village de Treimsa, dans la province centrale de Hama, et la violence a
causé la mort de huit personnes à travers le pays.
"Les forces du régime bombardent Treimsa avec des chars et des
hélicoptères", affirme l’OSDH, tuant au moins une personne et en
blessant plusieurs autres.
Au total, cinq civils et trois rebelles ont été tués à la mi-journée,
selon cette organisation basée à Londres, qui fait état de la mort la
veille de 37 civils, 34 soldats et 14 rebelles armés.
Les troupes syriennes ont également tiré des dizaines d’obus sur des
régions frontalières libanaises situées dans le nord et l’est à la suite
d’accrochages, a indiqué à l’AFP un responsable des services de
sécurité.
"Il y a eu des échanges de tirs entre des hommes armés se trouvant à
Debabiyeh, une localité du Liban-nord, et les forces du régime présentes
dans le village méridional syrien de Halat", a-t-il précisé.
Cette fusillade, au cours de laquelle un homme a été blessé au Liban,
a été suivie d’un "violent bombardement" de Debabiyeh par les troupes
syriennes, a ajouté ce responsable, affirmant qu’environ 50 obus étaient
tombés sur et autour du village.
HRW a exprimé jeudi ses soupçons quant à l’utilisation par les forces
du régime de bombes à sous-munitions de fabrication soviétique dans la
région de Hama.
Selon l’organisation basée à New York, deux vidéos mises en ligne le
10 juillet montrent "les restes de bombes à sous-munitions et l’étui
d’une bombe de fabrication soviétique trouvés apparemment à Jabal
Shahshabu, un région montagneuse au nord-ouest de Hama".
Un militant local a affirmé à HWR que cette région avait été soumise à
un bombardement nourri des forces et de l’aviation syriennes durant
deux semaines. Selon lui, cette région montagneuse est un fief des
rebelles qui ont trouvé refuge dans deux nombreuses grottes.
Enfin, l’armée turque a annoncé ne pas avoir trouvé de traces
d’explosifs sur son avion de chasse que la Syrie a déclaré avoir abattu,
provoquant une confusion et engendrant des questions jeudi dans la
presse turque sur la façon dont s’est produit l’incident.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire