Voilà déjà quatre ans qu’Amer Dahabreh a commencé à dresser un enclos
traditionnel de pierres autour de sa terre, la "solution idéale" selon
lui pour préserver les propriétés palestiniennes des colons et de
l’armée israélienne.
A l’abri de cette clôture de pierres agglomérées, ramassées sur les
collines avoisinantes, il fait pousser abricots, vignes, pêches et
courgettes, dans son village d’Aïn Yabroud, surplombé par la colonie
d’Ofra, près de Ramallah, en zone C, c’est-à-dire sous contrôle total
israélien, soit 60% de la Cisjordanie.
"Ces enclos nous ont été légués par nos ancêtres, ils étaient dressés
pour protéger la terre", explique Amer Dahabreh, 60 ans, qui possède un
lopin de 8 dounams (0,8 hectare) "je pense que le moment est venu pour
tous les Palestiniens de s’y intéresser parce que c’est la solution
idéale".
"Si tous les Palestiniens clôturaient leur terre ainsi, nous
pourrions peut-être la protéger de la colonisation", insiste
l’agriculteur, qui a vécu dix ans aux Etats-Unis.
"Israël nous interdit même d’utiliser du ciment c’est pourquoi nous employons de vieilles pierres", ajoute-t-il.
Selon Abdallah Abdallah, fonctionnaire de l’administration
palestinienne des Affaires du Mur et de la colonisation
"l’administration civile (dépendant de l’armée, NDLR) israélienne a
récemment édicté des réglementations pour limiter la mise en valeur" des
terres palestiniennes en zone C.
"A la suite de la récente prise de position européenne pour le
développement palestinien en zone C, Israël a décrété des restrictions,
comme l’interdiction d’utiliser le ciment, sauf autorisation expresse,
et l’imposition de nouvelles taxes", indique-t-il.
En mai, le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne a
déclaré "continuer à apporter une assistance financière au développement
palestinien en zone C et s’attendre à ce que de tels investissements
soient protégés", une allusion aux démolitions israéliennes de
constructions palestiniennes sans permis.
Interrogée par l’AFP, l’administration militaire israélienne n’a pas commenté ces affirmations.
De l’autre côté de la terre d’Amer Dahabreh, Nader al-Taher a lui
aussi entouré d’un enclos traditionnel 9 dounams (0,9 hectare) de terre
appartenant à un Palestinien émigré aux Etats-Unis, dont il vient chaque
jour irriguer les cultures à partir d’un puits qu’il y a creusé.
"Le propriétaire ne veut pas s’embringuer dans des problèmes
juridiques, il a dépensé beaucoup pour préserver cette terre", dit-il,
pour expliquer la construction de l’enclos, qui a demandé aux ouvriers
70 jours de dur labeur, au moyen d’un bulldozer, pour agglomérer les
rochers.
D’après les statistiques publiées en 2011 par le Bureau de
coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), la construction
palestinienne est interdite dans 70 % de la zone C, très limitée dans
29 %, ne laissant qu’1% attribué au développement palestinien.
Environ 150.000 Palestiniens vivent en zone C, où se concentrent plus
de 300.000 des quelque 340.000 colons de Cisjordanie, selon la même
source.
Amer Dahabreh raconte que les colons d’Ofra ne l’entendaient pas de
cette oreille et ont cherché à le dissuader de son entreprise en tirant
en l’air près de lui pendant qu’il bâtissait son enclos.
"Je n’ai pas tremblé, ni eu peur", assure-t-il, "au contraire, j’ai
continué à travailler sur ma terre, car je sens que c’est le seul moyen
de la protéger".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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