Le président François Hollande a assuré mardi, lors d’une conférence
commune avec son homologue tunisien Moncef Marzouki, que la France
allait "aider" la Tunisie à récupérer ses avoirs "captés" par le clan de
l’ancien président Ben Ali et qui ne se trouvent "pas en France".
M. Hollande s’est également dit favorable à ce que "tous les
dictateurs" qui ont commis des actes "sanguinaires" soient jugés par le
Tribunal pénal international (TPI).
Son homologue tunisien s’est pour sa part dit "très surpris par la
proposition de M. Ben Ali de nous rétrocéder une partie" de ses avoirs
en Suisse, affirmant : "Nous ne voulons pas une partie, nous voulons le
tout".
"Nous estimons que ce que cet homme et sa famille ont volé à la
Tunisie se chiffre en milliards de dollars et que c’est la totalité de
cette somme qui doit revenir en Tunisie", a insisté Moncef Marzouki.
"Si M. Ben Ali n’a rien à se reprocher, qu’il se présente en Tunisie,
je peux lui garantir sa sécurité physique et je peux lui garantir qu’il
aura un procès équitable", a-t-il assuré.
François Hollande a par ailleurs affirmé que la France serait aux
côtés de la Tunisie pour la période de "transition" démocratique.
"Après le temps de la révolution, il faut assurer le temps de la
transition. C’est ce que vous êtes en train de traverser, et la France
doit être à vos côtés", a déclaré le président français.
"La Tunisie est en train de s’émanciper", a plaidé M. Marzouki. "Elle
a des chances de vrai développement économique, mais par delà tous ses
acquis, la Tunisie a retrouvé sa fierté et sa dignité", a-t-il ajouté,
soulignant que pendant les années Ben Ali son pays avait "vécu sous une
dictature abjecte".
Plus largement, François Hollande a dit sa volonté de "rouvrir d’une
autre manière que par le passé le dialogue entre l’Europe et la
Méditerranée".
"Des formules ont été utilisées, elles n’ont pas toujours donné le
résultat escompté", a affirmé le chef de l’Etat, dans une allusion
apparente à l’Union pour la Méditerranée (UpM), initiée par son
prédécesseur Nicolas Sarkozy.
"Donc faisons simple, pratique, et essayons d’accélerer la marche",
a-t-il expliqué, ajoutant : "nous pensons que c’est la bonne manière de
faire".
Selon lui, il s’agit de "commencer modestement mais commencer, sans
qu’il y ait des problèmes qui viennent interférer", a-t-il glissé, alors
que le conflit israélo-palestinien est parfois source de blocage dans
la coopération.
François Hollande a insisté sur la nécessité d’avoir "des projets
concrets", et évoqué le "processus 5+5", en référence au groupe
réunissant depuis le début des années 1990 cinq pays des deux rives.
"Une réunion va se tenir début octobre à La Valette (Malte), et nous
pensons que c’est la bonne manière de faire", a avancé M. Hollande, pour
qui "il nous faut des actes (...) des ambitions communes que nous
pouvons porter".
Il s’est notamment référé à "un certain nombre de projets
industriels, culturels, (...) des échanges universitaires". "C’est de
cette manière là que nous pouvons faire et le Maghreb sera bien sûr
partie prenante", a-t-il noté.
M. Hollande a par ailleurs jugé "insupportables, intolérables" les
massacres quotidiens en Syrie, estimant que cela crée "une forme
d’instabilité dans la région nuisible pour tous".
"Les Russes doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas être regardés
comme les seuls ou presque à empêcher la recherche d’une solution" dans
ce pays, a ajouté le chef de l’Etat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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