mercredi 11 juillet 2012

Israël : Des touristes juifs en quête de sensations apprennent à tirer dans une colonie en Cisjordanie

"On est venus montrer aux enfants comment les Israéliens se protégent et en même temps passer un bon moment", explique Norman Salomon, 65 ans, un juif américain, lunettes de protection sur les yeux, entre deux tirs lors d’un entraînement dans un champ de tir de Cisjordanie.

Agent immobilier de Los Angeles, Norman Salomon profite de ses vacances pour passer deux heures à Caliber 3. Ce camp d’entraînement pour professionnels, situé près de la colonie d’Efrat, dans le bloc de colonies de Gush Etzion, au sud de Jérusalem, accueille toute l’année soldats, policiers et gardes de sécurité.
Mais depuis trois ans, plusieurs centaines de touristes, en particulier Juifs américains, y suivent chaque été une rapide initiation théorique au maniement des armes à feu, suivie d’une séance de tirs encadrée par des instructeurs.

"Notre programme allie les valeurs du sionisme avec l’excitation et le plaisir de tirer (...) le contact avec de vrais soldats qui ont expérimenté la lutte antiterroriste donne une authenticité à tout ce qui est montré et enseigné", peut-on lire dans le descriptif du programme sur l’internet.

Le calme relatif qui prévaut en Cisjordanie ces dernières années a permis à ces stages de devenir une des principales attractions touristiques de la région. Des familles entières, femmes et enfants compris, y participent d’ailleurs.

"C’est une expérience amusante pour toute la famille", explique Rachel Frogel, une jeune mère de famille, tenant un bébé dans les bras.

Ses trois autres enfants âgés de moins de dix ans ont suivi les explications des instructeurs mais ne sont autorisés à tirer qu’avec des fusils paintball.

Le Conseil régional du Gush Etzion, un bloc de colonies qui s’étend au sud de Jérusalem jusqu’aux faubourgs nord de Hébron, soutient Caliber 3 en diffusant ses coordonnées dans ses brochures pour les touristes.

"C’est une entreprise privée mais c’est aussi une des attractions touristiques de la région", explique David Perel, le président du Conseil régional.

Pour le directeur de Caliber 3, Sharon Gat, son centre est un "lieu de "tourisme extrême comme il y en a d’autres dans le monde" mais aussi "une attraction sioniste".

"Ce qui est essentiel ici n’est pas de tirer sur des cibles mais d’entendre comment nous luttons au quotidien pour protéger l’Etat juif", explique cet ancien soldat, pistolet à la ceinture.

Une vision des choses loin d’être partagée par tous les responsables du Gush Etzion qui ont multiplié leurs efforts ces dernières pour améliorer l’image des colons. Les habitants du Gush Etzion, mélange de laïques et de religieux, sont considérés comme faisant partie de la frange la plus modérée des colons.

Le bloc de colonies faisait d’ailleurs partie, avec Maale Adoumim, des échanges territoriaux évoqués dans les plans de paix des négociateurs palestiniens et israéliens, jusqu’à l’impassse actuelle dans les négociations.
"Nous cherchons depuis des années à changer la perception qu’ont les Israéliens des habitants de Judée-Samarie et plus spécifiquement du Gush Etzion. L’image donnée par Caliber 3 est contraire à ce but", estime Yoram Bitane, ancien responsable du développement touristique de la région.

Yoram Bitane a mis sur pieds un festival annuel de la cerise qui attire chaque année en juin des milliers de visiteurs, en majorité des Israéliens habitant du côté israélien de la Ligne verte.

Pour lui, cette kermesse festive et populaire centrée sur la cueillette des cerises est un moyen d’"attirer le maximum de personnes dans la région en leur montrant que nous ne sommes pas différents des habitants du reste du pays".

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