Le président tunisien Moncef Marzouki effectue à partir de mardi une
visite en France à haute portée symbolique destinée à lever une bonne
fois pour toutes le malentendu créé par le soutien de Paris à l’ancien
régime du président Ben Ali jusqu’au lendemain de la révolution.
M. Marzouki est attendu dans l’après-midi à Paris où il rencontrera
le président François Hollande. Le moment fort de sa visite de trois
jours aura lieu mercredi lorsqu’il s’exprimera devant l’Assemblée
nationale, un honneur que n’ont reçu que 16 dirigeants étrangers avant
lui, le dernier en 2006.
Cette visite du premier président de la Tunisie démocratique, un
ancien opposant réfugié en France où il a passé un tiers de sa vie,
"revêt une haute valeur emblématique", a expliqué le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères Bernard Valéro.
"Elle sera l’occasion de réaffirmer le soutien que la France apporte à
la transition politique engagée en Tunisie (...) Elle manifestera ainsi
la forte volonté de la France d’accompagner les autorités et le peuple
tunisiens dans ce processus, sur la base d’un partenariat d’égal à égal,
dans le cadre des liens d’amitié très étroits qui unissent les deux
pays et les deux peuples", a ajouté M. Valéro.
De fait cette visite a pour but "d’effacer" les tensions entre Paris
et Tunis et de mettre sur les rails une relation équilibrée entre la
France et son ancien protectorat mise à mal aux premiers jours du
printemps arabe, a expliqué dans une interview à l’AFP M. Marzouki avant
son déplacement.
Alors que les dirigeants français successifs ont toujours eu des
relations privilégiées avec le père de l’indépendance tunisienne Habib
Bourguiba puis avec son successeur Zine El Abidine Ben Ali, la France
alors dirigée Nicolas Sarkozy est dans un premier temps totalement
passée à côté de la révolution en Tunisie en janvier 2011.
Ses dirigeants avaient d’abord tardé à condamner l’utilisation de la
violence contre les manifestants et ce n’est qu’après la chute de Ben
Ali que Nicolas Sarkozy avait exprimé son soutien à la nouvelle Tunisie.
La ministre des Affaires étrangères d’alors Michèle Alliot-Marie
avait en particulier choqué les Tunisiens par ses liens d’amitié avec un
riche patron tunisien lié en affaires au clan Ben Ali et quand elle
avait proposé le "savoir-faire" policier français alors que la
répression battait son plein.
Nicolas Sarkozy avait fini par faire son mea culpa et Michèle
Alliot-Marie par être renvoyée du gouvernement. Mais maladresses et
malentendus se sont poursuivis.
Avec l’arrivée à la présidence du socialiste François Hollande
"l’atmosphère psychologique est nettement meilleure", a affirmé dans son
interview M. Marzouki, lui-même nationaliste de gauche.
Cette visite sera aussi l’occasion pour le président tunisien de
désamorcer les craintes d’une dérive islamiste dans son pays où le parti
Ennahda est au pouvoir et d’asseoir sa stature d’homme d’Etat.
Cet homme tranchant, fondateur du parti Congrès pour la République
(CPR) qui s’est rapidement rapproché des islamistes, est chez lui salué
par les uns comme un opposant historique au parcours irréprochable mais
critiqué par d’autres qui lui reprochent d’être "le pion d’Ennahda".
En France, M. Marzouki s’entretiendra également mercredi avec le chef
du gouvernement Jean-Marc Ayrault et son ministre de l’Intérieur Manuel
Valls ainsi qu’avec la présidente de la Fédération internationale des
Ligues des droits de l’Homme (FIDH) Souhayr Belhassen et la communauté
tunisienne. Jeudi, il se rendra à Marseille, où il visitera le site
industriel d’Eurocopter, le fabricant d’hélicoptères.
Quelque 600.000 Tunisiens, y compris binationaux, vivent en France et
plus de 20.000 Français en Tunisie. Plus de 1.200 entreprises
françaises sont installées dans ce pays, et, selon le ministère de
l’Economie, les échanges commerciaux ont en 2011 atteint 7,6 milliards.
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