Les esprits s’échauffaient dimanche dans les camps de réfugiés
syriens en Turquie, théâtres de manifestations et de heurts, alors que
les rebelles syriens viennent de s’emparer des principaux points de
passage entre la Syrie et la Turquie.
Dans le camp d’Öncüpinar (province de Kilis, sud), face au
poste-frontière syrien d’Al-Salama, tombé dimanche aux mains des
rebelles, la police turque a riposté avec des grenades lacrymogènes et
des coups de matraques aux jets de pierre des manifestants syriens,
protestant contre leurs conditions de vie.
"Nous n’avons pas eu de nourriture depuis trois jours", se plaint un
jeune Syrien devant le camp, véritable petite ville de préfabriqués
accueillant 15.000 réfugiés, sans un seul arbre sous un soleil de plomb.
"Tuez-nous !", s’exclame une femme syrienne, son bébé dans les bras,
alors que passe aux abords du camp une cohorte de plusieurs dizaines de
policiers et gendarmes turcs. "Débarassez-vous de nous !", les
invective-t-elle encore.
Des réfugiés assurent que deux manifestants ont été tués durant les
heurts, mais un responsable turc a indiqué qu’aucun mort ou blessé
n’avait été confirmé, tout en admettant que "ces heurts étaient parmi
les plus violents de ces derniers mois".
"Nous n’avons pas d’argent pour vivre ici. Ils nous vendent un pain
pour une livre turque" (0,45 euro, 0,55 dollar), se lamente Sabri
Hallac. "Tout le monde va mourir de faim", affirme le réfugié, accusant
les autorités turques : "Nous avons échappé à Assad, mais nous sommes
traités de la même façon ici".
Interrogés par l’AFP, des responsables turcs ont refusé de commenter
ces accusations, se contentant de souligner que la Turquie avait déjà
dépensé 200 millions de dollars (165 millions d’euros) pour subvenir aux
besoins des réfugiés.
Une manifestation similaire a eu lieu au camp d’Islahiye (province de
Gaziantep), environ 90 kilomètres à l’ouest d’Öncüpinar, au cours de
laquelle sept personnes ont été légèrement blessées, a rapporté l’agence
de presse Anatolie.
La Turquie accueille plus de 40.000 réfugiés syriens dans 10 camps le
long de la frontière syrienne. Les manifestations n’y sont pas rares,
pour se plaindre de la nourriture, des installations parfois vétustes ou
de l’attitude des responsables locaux turcs.
Début juillet, un couple de réfugiés a péri dans un incendie
occasionné par un court-circuit dans le camp de Yayladagi (province de
Hatay), au sud-ouest d’Öncüpinar.
En décembre, c’est le renvoi de deux réfugiés en Syrie qui a
occasionné des tensions, les Syriens bloquant momentanément l’accès à un
poste-frontière à Cilvegözü, dans la province de Hatay.
Cette fois, il est difficile de ne pas voir un lien entre ces
manifestations d’exaspération et la présence des forces rebelles aux
postes-frontières.
"Nous n’avons pas d’eau. Ils nous donnent des cartes pour faire des
achats mais nous avons besoin d’argent, nous avons besoin d’armes à
donner à nos combattants", lâche Ahmet Abbas du camp d’Öncüpinar,
scrutant du regard la ligne de démarcation.
Depuis mardi, les rebelles se sont emparés de trois des sept
postes-frontières syriens avec la Turquie, dont les deux principaux
points de passage entre les deux pays, Bab al-Hawa et Al-Salama.
Après la manifestation à Öncüpinar, plusieurs réfugiés ont pris leurs
voitures pour quitter la Turquie et retourner en Syrie, a constaté
l’AFP.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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