dimanche 22 juillet 2012

Syrie : les esprits s’échauffent dans les camps de réfugiés syriens en Turquie

Les esprits s’échauffaient dimanche dans les camps de réfugiés syriens en Turquie, théâtres de manifestations et de heurts, alors que les rebelles syriens viennent de s’emparer des principaux points de passage entre la Syrie et la Turquie.
Dans le camp d’Öncüpinar (province de Kilis, sud), face au poste-frontière syrien d’Al-Salama, tombé dimanche aux mains des rebelles, la police turque a riposté avec des grenades lacrymogènes et des coups de matraques aux jets de pierre des manifestants syriens, protestant contre leurs conditions de vie.
"Nous n’avons pas eu de nourriture depuis trois jours", se plaint un jeune Syrien devant le camp, véritable petite ville de préfabriqués accueillant 15.000 réfugiés, sans un seul arbre sous un soleil de plomb.
"Tuez-nous !", s’exclame une femme syrienne, son bébé dans les bras, alors que passe aux abords du camp une cohorte de plusieurs dizaines de policiers et gendarmes turcs. "Débarassez-vous de nous !", les invective-t-elle encore.
Des réfugiés assurent que deux manifestants ont été tués durant les heurts, mais un responsable turc a indiqué qu’aucun mort ou blessé n’avait été confirmé, tout en admettant que "ces heurts étaient parmi les plus violents de ces derniers mois".
"Nous n’avons pas d’argent pour vivre ici. Ils nous vendent un pain pour une livre turque" (0,45 euro, 0,55 dollar), se lamente Sabri Hallac. "Tout le monde va mourir de faim", affirme le réfugié, accusant les autorités turques : "Nous avons échappé à Assad, mais nous sommes traités de la même façon ici".
Interrogés par l’AFP, des responsables turcs ont refusé de commenter ces accusations, se contentant de souligner que la Turquie avait déjà dépensé 200 millions de dollars (165 millions d’euros) pour subvenir aux besoins des réfugiés.
Une manifestation similaire a eu lieu au camp d’Islahiye (province de Gaziantep), environ 90 kilomètres à l’ouest d’Öncüpinar, au cours de laquelle sept personnes ont été légèrement blessées, a rapporté l’agence de presse Anatolie.
La Turquie accueille plus de 40.000 réfugiés syriens dans 10 camps le long de la frontière syrienne. Les manifestations n’y sont pas rares, pour se plaindre de la nourriture, des installations parfois vétustes ou de l’attitude des responsables locaux turcs.
Début juillet, un couple de réfugiés a péri dans un incendie occasionné par un court-circuit dans le camp de Yayladagi (province de Hatay), au sud-ouest d’Öncüpinar.
En décembre, c’est le renvoi de deux réfugiés en Syrie qui a occasionné des tensions, les Syriens bloquant momentanément l’accès à un poste-frontière à Cilvegözü, dans la province de Hatay.
Cette fois, il est difficile de ne pas voir un lien entre ces manifestations d’exaspération et la présence des forces rebelles aux postes-frontières.
"Nous n’avons pas d’eau. Ils nous donnent des cartes pour faire des achats mais nous avons besoin d’argent, nous avons besoin d’armes à donner à nos combattants", lâche Ahmet Abbas du camp d’Öncüpinar, scrutant du regard la ligne de démarcation.
Depuis mardi, les rebelles se sont emparés de trois des sept postes-frontières syriens avec la Turquie, dont les deux principaux points de passage entre les deux pays, Bab al-Hawa et Al-Salama.
Après la manifestation à Öncüpinar, plusieurs réfugiés ont pris leurs voitures pour quitter la Turquie et retourner en Syrie, a constaté l’AFP.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire