La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton est arrivée samedi en
Egypte pour rencontrer le président islamiste Mohamed Morsi, en pleine
épreuve de force avec les militaires à qui Hosni Moubarak avait remis le
pouvoir lors de sa démission en 2011.
"Nous sommes vraiment ravis de vous rencontrer et heureux que vous soyez là", a déclaré M. Morsi à Mme Clinton.
Outre le président, issu des Frères musulmans, la secrétaire d’Etat
doit s’entretenir, lors de sa visite de deux jours, avec le maréchal
Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), et
des représentants de la société civile, notamment des Coptes et des
militantes des droits des femmes.
Ce déplacement vise notamment à apporter le soutien des Etats-Unis à
la difficile transition démocratique égyptienne, 17 mois après la chute
de Hosni Moubarak sous la pression de la rue, en plein Printemps arabe.
Mme Clinton évoquera avec les dirigeants du pays "les mesures que les
Egyptiens prévoient de prendre (...) concernant la Constitution, le
Parlement et d’autres aspects des institutions, qui au final conduiront à
une transition pleine et entière vers un Etat civil et démocratique", a
déclaré un responsable du département d’Etat.
"Ce sont des questions auxquelles seuls les Egyptiens peuvent
répondre. Elle ne vient pas avec des recommandations ou avec un ensemble
spécifique de propositions, mais plutôt pour chercher à mieux
comprendre comment ils entendent procéder", a-t-il précisé.
Cette visite intervient en pleine épreuve de force entre M. Morsi, les militaires et la justice.
Le 14 juin, la Haute cour constitutionnelle (HCC) a invalidé le
Parlement, dominé par les islamistes, en raison d’un vice dans la loi
électorale. Le CSFA s’est alors attribué le pouvoir législatif,
provoquant la colère de ceux qui veulent le départ du pouvoir des
militaires.
Dimanche dernier, M. Morsi a ordonné par décret le rétablissement du
Parlement qui s’est réuni mardi en présence des députés des Frères
musulmans et des fondamentalistes salafistes.
Mais dans un nouveau rebondissement, mardi soir, la HCC a suspendu le
décret présidentiel, conduisant finalement M. Morsi à dire qu’il
respectait la dernière décision de la justice.
Mme Clinton va chercher à mettre en avant l’idée "selon laquelle un
dialogue entre les parties pour développer un consensus (...) est
crucial pour éviter tout type d’instabilité ou de confrontation qui
pourrait faire dérailler la transition", a ajouté le responsable
américain.
Elle va aussi "souligner sa conviction profonde que la démocratie en
Egypte peut seulement être un succès (...) si les droits de tous les
Egyptiens sont protégés, y compris ceux des minorités religieuses et des
femmes".
La victoire des islamistes aux législatives et à la présidentielle
suscite des craintes parmi les chrétiens coptes, qui représentent 6 à
10% de population, et chez une partie des femmes qui s’inquiètent d’une
possible restriction de leurs libertés individuelles.
Mme Clinton "veut s’assurer que les droits des femmes (...) seront
respectés et protégés dans la future Constitution et le nouvel ordre
démocratique", ont précisé des officiels.
M. Morsi s’est engagé à plusieurs reprises à être le "président de
tous les Egyptiens", indiquant qu’il nommerait une femme et un Copte
comme vice-présidents.
La secrétaire d’Etat va également chercher à obtenir des assurances
que l’Egypte, un de ses alliés dans la région et premier pays arabe à
avoir signé un traité de paix avec Israël en 1979, respectera ce texte.
Mme Clinton "a entendu des déclarations très positives du président
Morsi concernant son engagement à respecter le traité de paix et son
désir que l’Egypte reste (...) une pierre angulaire de la sécurité et de
la paix dans la région", a déclaré le responsable du département
d’Etat.
"Elle mettra en avant l’idée selon laquelle le rôle moteur de
l’Egypte est crucial pour le futur de la région, la paix, la sécurité et
pour l’avenir de l’Egypte elle-même", a-t-il souligné.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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