Les violences ont à nouveau fait samedi 109 morts en Syrie, où les
observateurs de l’ONU ont affirmé que l’attaque à Treimsa (centre), qui a
coûté jeudi la vie à plus de 150 personnes selon une ONG syrienne,
visait les maisons de déserteurs et de militants.
Après s’être rendue sur place, la mission de l’ONU a indiqué que
l’attaque à Treimsa, que l’opposition et une partie de la communauté
internationale ont qualifiée de "massacre", "semblait viser des groupes
et des maisons spécifiques, en majorité de déserteurs et de militants".
"Il y avait des mares de sang et des taches de sang dans les pièces
de plusieurs maisons, de même que des douilles", a expliqué dans un
communiqué Sausan Ghosheh, porte-parole de la mission.
"L’équipe de l’ONU a pu voir une école brûlée et des maisons
endommagées, avec des traces d’incendie dans cinq d’entre elles",
a-t-elle ajouté, soulignant que "de nombreux types d’armes avaient été
utilisés, notamment de l’artillerie, des mortiers et des armes légères".
Selon l’OSDH, plus de 150 personnes, dont des dizaines de rebelles,
ont été tuées jeudi dans des bombardements et des combats à Treimsa.
Mais pour la mission de l’ONU, le bilan est "toujours incertain".
Le régime, qui a expliqué vendredi avoir mené à Treimsa une opération
réussie contre des "terroristes", semblait samedi plus que jamais
déterminé à écraser les fiefs rebelles, en particulier dans la province
de Deraa (sud), berceau de la contestation lancée il y a près de 16
mois.
Dans cette région, des hélicoptères militaires ont bombardé Khirbet
Ghazalé, puis des chars et des centaines de soldats ont pris la localité
d’assaut avant que des milices pro-régime ne perquisitionnent et
incendient les maisons abandonnées par leurs habitants, selon l’OSDH et
un militant sur place.
"L’armée est entrée sans résistance", les rebelles de l’Armée
syrienne libre (ASL, composée essentiellement de déserteurs) ayant
quitté la ville avant l’assaut, a assuré le militant qui se fait appeler
Bayan Ahmad, évoquant "des dizaines de blessés" et un manque total
d’aide médicale.
Samedi, les violences ont à nouveau fait 109 morts, dont 46 civils,
selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui s’appuie
sur un réseau de militants et de témoins, portant à près de 250 le bilan
pour ces deux derniers jours.
Réagissant au "massacre" de Treimsa, le secrétaire général de l’ONU
Ban Ki-moon a dénoncé "une escalade scandaleuse" et estimé que
l’incapacité du Conseil de sécurité à faire pression sur le président
Bashar al-Assad équivalait à lui octroyer "un permis de massacrer".
Le blocage reste en effet total entre les pays occidentaux et la
Russie, principal soutien du régime, les deux parties s’opposant sur
deux projets de résolution au Conseil de sécurité, l’un menaçant Damas
de sanction et l’autre non.
Le président français François Hollande a dénoncé un blocage de la
Chine et de la Russie, tout en déclarant respecter les motivations
"commerciales, historiques" de Moscou et en assurant qu’il était "encore
temps, plus que temps" d’éviter "une guerre civile" en Syrie.
L’émissaire international pour la Syrie Kofi Annan a estimé de son
côté que Damas avait "bafoué" les résolutions de l’ONU en faisant usage
d’armes lourdes à Treimsa.
Dans le cadre de sa mission, M. Annan doit se rendre lundi à Moscou, après une récente visite à Damas et à Téhéran.
Mais le médiateur, dont le plan de paix en vigueur depuis trois mois
n’a eu aucun effet sur le terrain, est de plus en plus critiqué au sein
de l’opposition. Vendredi, les manifestants en Syrie l’ont qualifié de
"valet d’Assad et de l’Iran".
Les Etats-Unis ont évoqué une vision "de cauchemar" et appelé le
Conseil de sécurité à faire pression "en faveur d’un cessez-le-feu
immédiat et d’une transition politique".
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé un "massacre
inhumain" à Treimsa, soulignant que "tôt ou tard" le régime devait
s’écrouler, tandis que son homologue irakien Nouri al-Maliki a
"vivement" condamné l’"effroyable massacre", renouvelant son appel à une
solution pacifique.
Nawaf Farès, l’ambassadeur syrien en Irak qui a récemment fait
défection, a critiqué la position "contradictoire" de Maliki, qui
soutient Damas alors qu'Assad a "tué des milliers de personnes" en
Irak en ouvrant les frontières de son pays à Al-Qaïda.
Téhéran, le plus important allié régional de Damas, a d’ailleurs
renouvelé samedi son offre de médiation entre le gouvernement et
l’opposition en Syrie, craignant que la crise syrienne ne fasse
"rapidement tâche d’huile dans toute la région".
Selon l’OSDH, plus de 17 000 personnes ont péri depuis le début
mi-mars 2011 d’une révolte populaire, qui s’est militarisée au fil des
mois face à la répression brutale menée par le régime.
(14 juillet 2012)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire