lundi 16 juillet 2012

Algérie : Fabius à Alger pour sa première visite dans un pays arabe

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius est arrivé dimanche à Alger pour sa première visite officielle dans un pays arabe, centrée sur un renforcement des liens franco-algériens mais d’abord sur l’urgence de la crise au Mali.
Pour ce qui est des relations franco-algériennes "trois mots résument cela : d’abord il faut développer l’objectivité (en référence à la mémoire), il faut la proximité et nous allons mettre en application un mot qui est très important pour l’Algérie et la France, c’est l’amitié", a déclaré M. Fabius à son arrivée à Alger.
"Si vous ajoutez objectivité, proximité et amitié, vous avez le sens du nouvel élan que nous voulons donner à notre relation et nous avons toutes les raisons d’être proches", a-t-il souligné.
M. Fabius a été accueilli à l’aéroport par son homologue algérien Mourad Medelci.
Les deux ministres devraient aborder longuement la situation du Mali voisin, aujourd’hui divisé entre une capitale sans réel gouvernement et un Nord occupé par deux groupes islamistes armés, Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), alliés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
M. Fabius devait également être reçu lundi par le président Abdelaziz Bouteflika pour un entretien suivi d’un déjeuner, avant de repartir en fin d’après-midi.
Les positions d’Alger et Paris sur la résolution du conflit dans ce pays sahélien ne sont pas très éloignées.
Tous deux insistent sur la constitution d’"un véritable gouvernement au Mali qui puisse prendre ses responsabilités", selon les mots samedi du président François Hollande. Tous deux considèrent aussi que c’est aux "Africains eux-mêmes d’organiser le soutien au Mali".
Mais Paris voit en l’Algérie, puissance régionale, une capacité d’intervention militaire, le cas échéant, pour aider au rétablissement de l’autorité de Bamako dans le nord et neutraliser les islamistes.
Sans rejeter une option militaire, Alger, consulté depuis des semaines par les Africains et les Occidentaux sur le Mali, oeuvre dans un cadre strictement diplomatique.
"Cette première visite d’un ministre des Affaires étrangères dans un pays arabe intervient à un double moment : 50 ans après l’indépendance de l’Algérie et après l’élection de François Hollande", a indiqué le chef de la diplomatie française.
Laurent Fabius vient préparer une visite à l’automne du président Hollande applaudi lors de son élection en mai par les Algériens, après une dégradation des liens politiques avec Nicolas Sarkozy, accusé d’avoir épousé les positions de l’extrême droite française en vue d’une réélection.
Dans un échange de messages pour les 50 ans d’indépendance de l’Algérie le 5 juillet et le 14 juillet, les deux présidents ont insisté sur un regard objectif de leur histoire commune "loin des guerres de mémoire".
"Dans le passé, il y a eu des hauts et des bas, je suis pour les hauts", a expliqué M. Fabius, en allusion aux relations proches mais difficiles et complexes qu’entretiennent l’Algérie et la France, ancienne puissance coloniale.
Interrogé sur la signature d’un traité d’amitié, il a répondu qu’il allait en discuter avec ses interlocuteurs. Mais de source diplomatique, le qualificatif retenu pour les relations franco- algériennes est celui de "partenariat d’exception".
Le nouvel ambassadeur de France à Alger André Parant a qualifié dans son discours du 14 juillet la relation des deux pays de "bonne", marquée par une coopération "étroite" et souligné qu’elle "peut encore être substantiellement renforcée".
Environ un million d’Algériens vivent en France, tandis qu’environ 24 000 Français vivent en Algérie.
La France reste le premier fournisseur de l’Algérie et son troisième partenaire commercial.

(15 juillet 2012)

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