Pour la première fois depuis 2009, le gouvernement israélien vient de
dresser la carte des zones prioritaires nationales bénéficiant d’aides
publiques importantes. Adoptée début août, la liste fait scandale, car
quatre-vingt-dix colonies juives de Cisjordanie - certaines comptant
moins de cent habitants - figurent parmi les six cents localités
choisies. Elles recevront, outre des subventions renforcées pour le
logement, l’éducation et la culture, des avantages fiscaux. Pourtant, en
matière de revenu brut par foyer, les colonies, selon le supplément
économique du Yediot Aharonot, dépassent certaines localités situées
dans des secteurs d’Israël théoriquement plus aisés.
Aux critères traditionnels retenus pour accorder le statut de zones
préférentielles - réduction des inégalités socio-économiques,
répartition planifiée des populations sur l’ensemble du territoire,
intégration des nouveaux immigrants - le cabinet Netanyahou a ajouté la
sécurité. D’où l’inscription sur la liste d’avant-postes autorisés par
les autorités israéliennes il y a seulement un an, ou des implantations
isolées, comme Yitzar, dans le nord de la Cisjordanie, le bastion des
colons religieux annexionnistes.
Les responsables du mouvement de colonisation sont extrêmement
satisfaits, notamment leur représentant au gouvernement, Naftali
Bennett, ministre de l’Économie et chef de La maison juive, le parti des
colons. Mais quatre ministres se sont abstenus lors du vote - aucun
membre du gouvernement n’a voté contre. Parmi eux, Tzipi Livni, la
ministre de la Justice, en charge des négociations de paix avec les
Palestiniens. Elle a dénoncé la mise en place d’un nouveau critère
destiné à encourager la colonisation. "Certes, a-t-elle dit, il est de
la responsabilité du gouvernement d’assurer la sécurité des
implantations. Mais prendre des fonds destinés à réduire les fossés
socio-économiques pour soutenir des implantations est tout à fait
inapproprié."
Du côté de l’opposition, Meretz, le parti de gauche, a demandé au
conseiller juridique du gouvernement d’examiner la légalité du procédé.
Quant aux dirigeants des partis ultraorthodoxes, ils sont tout
simplement furieux. Deux de leurs fiefs, dont la colonie de Betar Illit
qui compte 40 000 habitants, se sont vu retirer toutes subventions. "Une
décision immorale", selon Aryeh Deri, membre du Shass, la formation
ultra-religieuse séfarade. Il accuse le ministre des Finances, Yaïr
Lapid, et son collègue à l’Économie, Naftali Bennett, "d’avoir choisi
les colons au détriment de la population ultraorthodoxe" et il fait
appel de la décision du gouvernement auprès de la Cour suprême.
Même indignation chez les dirigeants des villes défavorisées qui ont été
disqualifiées. Comme Kiryat Gat ou Kiryat Malachi. Dans ces deux
localités acquises au Likoud, le parti de Benyamin Netanyahou, c’est
l’incompréhension. D’autant plus que, lors du récent conflit entre
Israël et Gaza, les deux villes ont été la cible de nombreuses
roquettes. Pour leurs maires, c’est simple : "Le gouvernement nous a
abandonnés."
Surtout, ces décisions interviennent avant la reprise des pourparlers
israélo-palestiniens. Le président de l’Autorité autonome, Mahmud
Abbas, a condamné "la politique israélienne qui érige des obstacles face
aux efforts en faveur de la paix déployés par l’administration
américaine". Saeb Erekat, le négociateur palestinien, a envoyé une
lettre en ce sens au secrétaire d’État John Kerry. À Washington, la
porte-parole du département d’État a donc rappelé que "les États-Unis
n’acceptent pas la légitimité de la poursuite de la colonisation et
s’opposent à tout effort visant à légaliser des avant-postes". Benyamin
Netanyahou, lui, a riposté à la missive palestinienne en expédiant une
lettre de son cru au chef de la diplomatie américaine pour se plaindre
du ton anti-israélien de la télévision palestinienne et d’une
déclaration de Mahmud Abbas. Ce dernier avait dit qu’aucun Israélien ne
resterait dans l’État palestinien.
Martin Indyk, le nouveau médiateur américain qui vient d’arriver en
Israël, a décidément du pain sur la planche. Les négociations doivent
commencer cette semaine.
Un Palestinien tué en bordure de la bande de Gaza
Des soldats israéliens ont tué un Palestinien de 20 ans au comportement
suspicieux en bordure de la bande de Gaza dans la nuit de samedi à
dimanche, a-t-on appris de source israélienne et palestinienne.
Le jeune homme a été tué à l’est du camp de réfugiés de Bureij, selon un responsable des services de santé palestiniens.
L’armée israélienne a expliqué que le jeune homme s’était fait repérer
par un comportement suspicieux près de la frontière, à un endroit où des
explosifs avaient déjà été retrouvés.
"Puis il a commencé à franchir les barrières, un objet suspect à la
main", a affirmé un porte-parole militaire à l’AFP. Après des tirs de
sommation, les militaires ont fait feu.
Le jeune homme, dont le corps a été rapatrié dans la bande de Gaza, n’était pas armé, a affirmé une source militaire.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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