La Russie et la Chine , alliés du régime syrien, se sont déclarées
mercredi résolument hostiles à toute "intervention" et tout changement
de régime en Syrie malgré la répression dans le sang d’une révolte
populaire lancée il y a 15 mois.
Ces déclarations surviennent à quelques heures d’une réunion à
Istanbul de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avec les
alliés turc, français et britannique des Etats-Unis ainsi qu’avec
certains ministres arabes pour parler du dossier syrien, selon des
sources diplomatiques turques.
La communauté internationale ne parvient pas à surmonter ses
divisions sur le dossier syrien, Moscou et Pékin rejetant tout ingérence
dans les affaires syriennes et les Occidentaux et certains pays arabes
voulant une transition politique devant aboutir au départ du président
Bachar al-Assad.
"La Russie et la Chine sont résolument opposées à des tentatives en
vue de régler la crise en Syrie par le moyen d’une intervention
militaire étrangère, de même qu’en vue d’imposer un changement de
régime", ont affirmé ces deux pays dans un communiqué commun à l’issue
de la visite du président Vladimir Poutine.
Accompagnant M. Poutine à Pékin, son chef de la diplomatie Sergueï
Lavrov a averti qu’un changement par la force du régime pourrait
conduire la région à une "catastrophe", jugeant "très risqué" que
l’opposition "appelle de plus en plus la communauté internationale à
bombarder le régime d’Assad, à renverser le régime".
La Chine et la Russie ont en outre demandé une nouvelle conférence
internationale sur la Syrie pour "se mettre d’accord pour suivre,
honnêtement et sans ambiguïtés, le plan" de l’émissaire international
Kofi Annan, prévoyant un cessez-le-feu et un dialogue politique, mais
resté lettre morte.
M. Annan doit s’adresser jeudi au Conseil de sécurité et à
l’Assemblée générale de l’ONU, mais selon des diplomates il commence à
entrevoir l’échec de son plan et souhaite que la communauté
internationale pèse de tout son poids pour le faire respecter ou trouver
un "plan B".
Pékin et Moscou sont les principaux soutiens du pouvoir, opposant
leur veto à deux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant
le régime Assad.
Ce dernier est confronté depuis mars 2011 à une contestation marquée
pendant des mois par des manifestations pacifiques avant de se
militariser face à la répression. Le régime ne reconnaît pas cette
contestation assimilée à du "terrorisme" et s’est dit déterminé à
l’étouffer à "n’importe quel prix".
Sur le terrain, la spirale de violences a continué avec la mort de 16
personnes, dont 11 civils, surtout dans la région de Damas où de
violents combats ont opposé rebelles aux troupes régulières dans
plusieurs quartiers de la capitale, selon l’Observatoire syrien des
droits de l’Homme (OSDH).
Les affrontements se sont intensifiés depuis l’expiration d’un
ultimatum de l’Armée syrienne libre (ASL), force d’opposition armée
composée essentiellement de déserteurs, qui avait donné au régime
jusqu’au 1er juin pour cesser les hostilités, une mesure préconisée par
le plan Annan.
Depuis une semaine, les forces gouvernementales ont perdu 168 hommes,
selon un bilan compilé à partir de communiqués de l’OSDH, mais non
confirmé de source indépendante.
Pour leur part, les forces gouvernementales continuent leurs
opérations de perquisitions, les bombardements et les arrestations dans
les bastions rebelles.
Dans la province de Lattaquié (nord-ouest), des rebelles ont pris le
contrôle des sièges de la Sécurité politique et de la police après de
violents combats dans la localité de Salma où un rebelle a été tué, a
précisé l’ONG.
Plus de 13.400 personnes, la plupart des civils tués par les forces
régulières, ont péri en Syrie depuis près de 15 mois, selon l’OSDH.
L’escalade des violences a en outre entraîné la fuite de dizaines de
milliers de Syriens dans les pays voisins et provoqué une situation
humanitaire critique.
Enfin sur le plan de politique intérieure, M. Assad a désigné le
ministre de l’Agriculture, Riad Hijab, pour former un gouvernement après
les législatives du 7 mai remportées par le parti Baas au pouvoir
depuis près de 50 ans et raillées par la communauté internationale. Mais
cette nomination ne devrait pas avoir d’incidence sur la gestion de la
crise, qui est du ressort du clan rapproché de M. Assad.
(06 juin 2012 - AssawraInfo)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire