La transition vers la démocratie en Egypte paraissait en péril
vendredi après l’invalidation des législatives remportées par les
islamistes, dont le candidat affronte au second tour de la
présidentielle samedi et dimanche une figure de l’ancien régime.
La décision de la Cour constitutionnelle d’invalider jeudi les
résultats du scrutin législatif pour un vice dans la loi électorale a
été qualifiée par les islamistes et les forces politiques issues de la
mouvance "révolutionnaire" de véritable "coup d’Etat" orchestré par
l’armée au pouvoir.
La mise hors-jeu de l’Assemblée pourrait en effet permettre au
Conseil suprême des forces armées (CSFA) de reprendre à son compte le
pouvoir législatif, comme cela fut le cas dans la période entre la chute
de Moubarak en janvier 2011 et la première cession du nouveau Parlement
un an plus tard.
"Le scénario de la contre-révolution est bien clair à travers une
série d’épisodes passant par les acquittements dans le procès de
Moubarak (le 2 juin), la décision de donner à la police militaire et aux
renseignements militaires le pouvoir d’arrêter des civils et finalement
l’invalidation du Parlement", a déclaré un collectif de partis de
gauche, laïques et libéraux.
"Toutes ces mesures démontrent que le CSFA est déterminé à reproduire
l’ancien régime et que la présidentielle n’est qu’une mauvaise comédie
visant à permettre au CSFA de renforcer son emprise sur les rouages de
l’Etat et de les mettre au service du candidat de l’ancien régime, Ahmad
Chafiq", ont dénoncé ces partis dans un communiqué.
Le journal indépendant Al-Tahrir a qualifié en Une la décision de la
Cour de "coup d’Etat juridique", tandis que le quotidien Al-Chourouq a
estimé que la justice avait "remis tous les pouvoirs au CSFA".
"Ce qui s’est produit nous ramène au 24 janvier 2011, la veille de
la révolution contre Moubarak", écrit l’éditorialiste du journal.
Le candidat des Frères musulmans pour la présidence, Mohammed Morsi ,
a cependant annoncé qu’il respectait la décision de la Cour, qui a
aussi invalidé une loi privant les piliers de l’ancien régime de leurs
droits civiques, permettant ainsi à Ahmad Chafiq, le dernier Premier
ministre de Moubarak, de rester dans la course.
"Le peuple égyptien qui a élu dans la liberté et la transparence ses
députés est en mesure de réélire d’autres personnes qui protègeront les
acquis de la révolution que des personnes veulent confisquer", a déclaré
le président de l’Assemblée du peuple, l’islamiste Saad Ketatni.
"Le peuple est bien déterminé à protéger sa révolution contre les
corrompus de l’ancien régime", a renchéri Morsi lors d’une conférence
de presse vendredi soir.
Chafiq, arrivé en deuxième position au 1er tour fin mai après une
campagne axée sur le thème du rétablissement de la sécurité, a
multiplié ces derniers jours les promesses de "reconstruire un Etat et
une économie modernes", de "lancer des grands projets pour résorber le
chômage" et de "garantir les libertés individuelles et de la presse".
Les détracteurs de Chafiq, un général à la retraite, le considèrent comme le candidat de l’armée, qui s’en défend.
Conformément à la loi électorale, les deux candidats du second tour
de samedi et dimanche sont astreints au silence à partir de vendredi
midi.
Pour inciter les quelque 50 millions électeurs potentiels à se rendre
aux urnes, les autorités ont décrété samedi et dimanche jours fériées.
Et le ministère de l’Intérieur a annoncé un plan de sécurité draconien
pour prévenir d’éventuels troubles.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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